En Isère, des passionnés ont restauré des mobylettes des années 1970-80 pour proposer des randonnées vintages à deux-roues sur les routes du plateau Matheysin. Un tour de mob' pour découvrir la région et se replonger dans son adolescence.
Ils ont les yeux qui pétillent, le nez qui frétille et les oreilles aux aguets. Le coup de pédale, l'odeur du carburant, le moteur qui pétarade les ont déjà ramenés un demi-siècle en arrière. Tous leurs sens sont en émoi. Dans le garage de Mob'attitude à La Motte-Saint-Martin, en Isère, les amateurs de mobylettes s'apprêtent à partir pour une balade à deux-roues sur les petites routes du plateau Matheysin.
Chacun choisit sa monture : Peugeot 103 SP, Motobécane 51V et bien sûr la mythique mobylette bleue, la Motobécane AV 88.
"Ça me fait des frissons rien que l'odeur. Je ferme les yeux et j'ai 14 ans. Ça me rappelle l'époque où, sur les boulevards, quand vous étiez arrêtés au feu rouge, vous en aviez dix qui arrivaient devant vous", raconte Pascal Froidevaux, mécanicien, qui bichonne les engins.
Le temps d'admirer des paysages "grandioses"
"J'ai commencé à l'âge de 8 ans et j'ai 57 ans. C'est un pur bonheur de rouler avec ce genre de machines. Si vous me mettez un bandeau sur les yeux, rien qu'avec l'odeur, je pourrais presque vous dire la marque", poursuit-il.
Un coup de décompresseur, un petit coup de pédale pour lancer la machine et c'est parti pour un tour de mob' sur les routes iséroises. La balade se déroule, au choix, autour des lacs de Laffrey, Petichet, Pierre-Châtel, ou dans les petits hameaux du Valbonnais. Selon l'itinéraire, la route serpente également en corniche avec vue sur le Drac.
Jocelyne prend petit à petit ses marques. "Au départ, je n'étais pas très rassurée mais après, c'est super. On est complètement ailleurs et il n'y a pas d'âge pour faire de la mobylette. Dans ma jeunesse, c'était plus le solex, moins la mobylette, mais c'est la liberté", nous confie-t-elle.
On entend le groupe arriver de loin. La mobylette, c'est avant tout une aventure sonore, rythmée par la cadence du moteur à deux temps.
Didier, lui, est un inconditionnel du deux-roues. "Moi je suis dans la mobylette depuis mes 14 ans, donc revenir à cette façon de se balader, c'est génial", dit-il.
"En région parisienne, on est un petit groupe, on fait des sorties mais ce n'est pas le même paysage, ça n'a rien à voir, là c'est vraiment grandiose", continue-t-il, admiratif de la vue sur le mont Aiguille. "On n'est pas stressés, c'est super. On ne va pas très vite, donc on a le temps de regarder le paysage, plus qu'en voiture et on peut s'arrêter quand on veut, où on veut", raconte Didier.
"Faut prendre un peu d'élan dans les montées"
Les randonneurs du jour n'ont pas tous activé la machine à remonter le temps. Solenne est née bien après l'époque de l'apogée de la bicyclette à moteur. La jeune femme, motarde, est séduite.
"C'est plutôt marrant, ce n'est pas la même chose qu'une moto, mais c'est fun. Cela avance un peu moins vite c'est sûr, faut prendre un peu d'élan dans les montées", ajoute-t-elle.
Le petit coup de pédale n'a, cette fois, pas suffi à relancer la machine. Solenne va donc changer de monture. "C'est ça d'avoir de vieilles bécanes, elles sont toutes plus vieilles que moi mais c'est cool de pouvoir maintenir ces vieilles machines", estime la jeune femme.
Avec leur moteur 50 centimètres cubes, ces vieilles bécanes, sont réparables quasiment à l'infini.
Deux litres aux cent
L'idée de les remettre en service est venue à Blandine Esgueba, quand son conjoint "a ramené une, puis deux, puis trois, puis quatre mobylettes", indique-t-elle. "Elles dormaient dans le garage et je me suis dit, qu'il fallait en faire quelque chose. Cela change du vélo électrique, c'est plus facile et moins contraignant", explique la gérante de Mob'attitude.
"On croise plein de gens qui nous saluent avec les pouces levés et qui nous disent que c'est super. Le côté vintage revient bien à la mode, donc ça plaît de plus en plus", poursuit-elle.
Cela plaît d'autant plus que l'engin ne consomme que deux litres aux cent kilomètres.
"Avec le plein, on peut faire presque 300 km et ce sont des machines très fiables, on peut faire un demi-tour de planète avec le nécessaire d'entretien dans une sacoche", conclut Pascal Froidevaux, mécanicien de Méca-bike. Largement de quoi sillonner la Matheysine de long en large.