VIDEO. "On est les couteaux suisses de la montagne" : gardien de refuge, un métier qui ne s'improvise pas

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12 stagiaires suivent une formation de quatre mois en Isère pour obtenir le diplôme de gardien de refuge délivré par l'université de Toulouse ©France 3 Alpes / V. Habran - D. Semet - M. Baza

Le diplôme de gardien de refuge est devenu un sésame quasi obligatoire face aux évolutions du métier. Il s'obtient après quatre mois de formation théorique et pratique, dont une partie se déroule à Autrans, dans le Vercors. Rencontre avec les stagiaires de la promotion 2023.

C'est un métier de tradition, d'échange et de transmission, un métier rude et solitaire, associé, dans notre imaginaire collectif, à une figure masculine, le plus souvent. Et pourtant, il suffit de regarder la promotion 2023 des stagiaires en formation à Autrans dans le Vercors, pour se rendre compte que cette image d'Epinal du gardien de refuge est pour le moins dépassée.

Sur les douze étudiants, huit sont des femmes. Elles ont déjà toutes eu une expérience en refuge et sont venues ici se former pour parfaire leurs connaissances et leurs aptitudes, notamment auprès de Caroline Termier, gardienne du refuge des Feneys. 

"Avant c'était un métier d'hommes et une femme qui faisait ce métier-là était une exception", indique celle qui garde ce refuge dans le Vercors depuis 2003. "Maintenant, c'est chouette. Il y a plus de femmes, elles sont fortes les femmes et elles n'ont pas peur".

Echange d'expériences

Les femmes ont en fait toujours été présentes dans les refuges, dans l'ombre du gardien. Elles aidaient en coulisses, désormais elles prennent les rênes et la lumière.

Alice Bodin a découvert le métier en 2021 et a eu rapidement "un coup de coeur". "Le refuge, c'est un endroit où tout est naturel. Ce que j'apprécie, c'est l'accueil et le contact avec les randonneurs qui viennent d'un peu partout, cet échange et le fait de leur faire passer un bon moment comme chez soi, comme lorsque l'on reçoit des amis", dit-elle.

En ce mois d'avril, elle est en stage au refuge du plan du lac dans la Vanoise avant de retourner dans les Pyrénées pour l'été. 

Alice a déjà beaucoup appris sur le terrain mais apprécie ces 400 heures de formation "très riches". "Les premières semaines, on a eu des cours de nivologie, de météorologie, ce qui est très intéressant. Ca permet aussi de prendre des idées, car chacun dans le groupe a des expériences différentes. Les formateurs sont quasiment tous des professionnels du terrain, c'est intéressant de confronter les expériences et de s'enrichir de cela pour construire notre futur refuge", raconte-t-elle.

Un diplôme de plus en plus demandé

Dans la promotion 2023, il y a des jeunes et des moins jeunes, des "locaux", issus des vallées alpines et de nouveaux arrivants dans le milieu montagnard. Il y a parmi eux, beaucoup de personnes en reconversion : d'anciens sommeliers, d'anciennes infirmières ou responsables RH.

Au terme de la formation, les stagiaires obtiendront un diplôme de niveau bac +2 de gardien de refuge. Délivré par l'université de Toulouse, il existe depuis plus de 20 ans mais s'impose désormais comme un sésame quasi obligatoire.

Pour Sabine De Dinechin, c'est une plus-value. "Le diplôme est recommandé. Je pense que cela nous apporte des compétences supplémentaires par rapport à ce que l'on voit sur le terrain et cela donne une valeur à notre parcours, vu qu'on est jeunes, lorsque l'on postule en refuge", indique la jeune femme qui a fait des études dans l'agriculture avant de se rapprocher des métiers de la montagne.

Car aujourd'hui le métier de gardien de refuge, "c'est un métier polyvalent, pluri-compétent. C'est un couteau suisse de la montagne", explique Sébastien Favier, le coordinateur de la formation montagne AFRAT.

Les clients n'attendent plus "juste un lit"

"A la fois, il faut être hébergeur en montagne, gestionnaire d'une entreprise en montagne, il faut pouvoir assurer le rôle premier du refuge, c'est-à-dire le rôle d'un abri et un rôle de sécurité et d'information de la clientèle, et un rôle de médiation notamment avec les enjeux du changement climatique et tous les aléas de la montagne, à la fois en termes de risques mais aussi de pratiques", détaille-t-il. 

L'attrait pour la montagne a connu un coup d'accélérateur suite à la période du Covid. Les refuges reçoivent donc des clients néophytes en montagne, qu'il faut accompagner.

"Certains viennent pour la première fois en refuge, et c'est quasiment une expérience de vie. Il y a également le développement du bivouac qui change aussi la façon dont le refuge est utilisé, avec des personnes qui viennent se restaurer ou utiliser les services", continue Sébastien Favier.

"Les clients sont attentifs à la restauration avec la valorisation des produits locaux et des circuits courts, à la qualité du service et de l'accueil. On n'attend pas juste un lit, on attend un espace confortable et un lieu de vie, un espace d'expérience en montagne", ajoute le formateur "sans oublier les sportifs pratiquants de la montagne, les alpinistes qui ont besoin de services particuliers avant de faire une étape en haute montagne".

La tradition se perpétue donc, tout en se professionnalisant. En France, les deux tiers des gardiens des 400 refuges sont aujourd'hui titulaires de ce diplôme.

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