Une résidence "Ages et vie" a ouvert ses portes à Chirens, en Isère, début mai. C'est la première colocation pour personnes âgées dépendantes du département. Une petite structure familiale qui séduit résidents et aidants. Un concept en plein développement.
Au coeur du village de Chirens en Isère, deux petites maisons ont poussé récemment. A l'intérieur, une quinzaine de studios indépendants occupés par des locataires en perte d'autonomie. Nous sommes à la résidence "Ages et vie", une petite structure familiale qui protège sans isoler et qui semble correspondre aux attentes des résidents mais aussi des aidants.
Un studio indépendant
Michèle Boury a été l'une des premières à s'installer dans cette colocation. Après une 4ème chute à domicile, cette dame de 83 ans a compris qu'elle ne pouvait plus rester seule. Dans son studio, seuls quelques bibelots lui rappellent sa vie d'avant. Elle s'est débarrassé de tous ses meubles avant de venir pour commencer une nouvelle vie. "J'ai fait un vide-maison et j'ai vu toutes mes affaires partir, ça fait mal" avoue-t-elle mais elle est heureuse désormais et plus sereine "c'est là que je résiderai jusqu'à la fin de ma vie. Moi je vous dis franchement, je suis très bien. Là on peut sonner, dans les dix minutes qui suivent il y a quelqu’un. Ça me sécurise".
Des espaces partagés
Comme les autres colocataires, Michèle dispose d'une entrée indépendante pour son studio qui donne aussi sur les parties communes de la maison. Un vaste espace avec un coin salon, un coin salle à manger et un coin cuisine. Dans la résidence, tous les repas se prennent en commun et ils sont préparés par les auxiliaires de vie aidés des résidents qui le peuvent.
Une structure à taille humaine qui a séduit Philippe Martorana. A 84 ans, il a quitté l'EHPAD où il vivait sans hésiter, "c’est plus convivial ici, on est moins de personnes, la cuisine se fait sur place alors que là-bas au niveau de la nourriture c’était industriel et la nourriture industrielle moi je n’aime pas. Et puis là on sort de la chambre, le jardin, le soleil, la cuisine juste à côté, on se croirait un petit peu à la maison ça donne cette impression."
Marguerite Gardet, 91 ans, renchérit avec le sourire : "la place est bien, l’environnement est bien, le personnel est super, toujours le sourire quand on les appelle qu’est-ce-que vous voulez de mieux ?"
Une "maison d'hôtes"
6 auxiliaires de vie sont employées à temps plein pour accompagner les résidents dans tous les actes de la vie quotidienne. Deux d'entre elles vivent même sur place. Elles ont un appartement de fonction à l’étage et se partagent les astreintes pour être disponibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 en cas de besoin.
"Ici, c'est comme une maison d'hôtes" explique Isabelle Joly, responsable de maison. Auxiliaire de vie depuis 25 ans en foyer et à domicile, elle apprécie ses nouvelles conditions de travail. "On est en équipe, on est plusieurs, on se relaye, il y a toujours quelqu’un la nuit, nous ça nous sécurise. A plusieurs, on peut dialoguer, partager nos doutes, nos bonheurs aussi avec nos collègues et les personnes sont heureuses."
"On sait qu'on peut accorder beaucoup plus de temps à ces personnes qui en ont besoin" ajoute Marine Forget, responsable de maison adjointe. Cette jeune auxiliaire de vie a souffert de "n'avoir pas eu le temps de prendre le temps avec les résidents" lorsqu'elle travaillait en EHPAD.
Revoir le reportage diffusé le 7 juin 2021 sur France 3 Alpes
Un concept d'avenir
Dans cette structure à taille humaine, résidents et soignants semblent trouver leur compte. La colocation pour séniors est une alternative intéressante à l'EHPAD. Elle serait même plus économique pour les résidents grâce à la mutualisation des frais pour l'emploi des auxiliaires de vie. "On est sur un reste à charge entre 1500 et 1700 euros après les aides déduites" affirme Maëlys Lefebvre, manager régional Ages et Vie.
Résultat, le développement de ces lieux de vie s'accélère. Il existe à ce jour une soixantaine de résidences comme celle de Chirens en France. 300 autres seront implantées sur le territoire d'ici 2024.