Discipline encore très largement masculine, le parapente séduit de plus en plus de femmes. Dans le massif de la Chartreuse en Isère, la Piment paragliding Open, épreuve organisée par une équipe 100% féminine, met en avant les compétitrices de haut niveau. Elles représentent 20% des participants : c'est deux fois plus que d'habitude.
Sur la ligne de départ, 130 participants s'élancent. Voile, sellette, radio, parachute de secours... Jusqu'au 10 mai, à Saint-Hilaire-du-Touvet (Isère), dans le massif de la Chartreuse en Isère, une compétition de parapente rassemble des sportifs venus du monde entier : la Piment paragliding Open. Particularité de ce concours : il est organisé exclusivement par des femmes, compétitrices, qui souhaitent promouvoir le haut niveau chez les parapentistes féminines.
Chaque matin, bus et navettes partent du camp de base pour rejoindre les sommets. "On monte au décollage pour qu’ils puissent préparer leur matériel avant l’annonce de la manche du jour”, explique Anne-Laure Broise, membre de l'association Piment d'Elles. C’est elle qui organise l’évènement, avec trois autres pilotes féminines.
"Tous mes congés passent dans les compétitions"
"C’est assez exceptionnel. Dans le milieu du parapente, il y a peu de femmes en compétition, peu de femmes à diriger une association et à s’investir sur des semaines qui sont très lourdes, niveau logistique, à cumuler comme n'importe qui avec sa vie personnelle" , poursuit la responsable.
Parmi les membres de l'équipe organisatrice, Sandra Antony, championne de France 2021 de parapente. Un titre pour lequel l’investissement personnel est indispensable. "Je bosse à temps plein, tous mes congés passent dans les compétitions, témoigne l'athlète. C’est difficile parce que plus l'on fait de compétitions, plus l'on arrive à avoir des points. Quand on n'en fait pas énormément, comme moi, on sait que l'on ne peut pas se louper pour rester à haut niveau."
Pour encourager les femmes à prendre part aux compétitions, la Fédération française de vol libre (FFLV) a créé le collectif national féminin, qui encadre des sessions d’entraînement technique et mental, même pour les nouvelles pilotes.
"Ça permet de les rencontrer, de juger leur motivation, leur intérêt et leur niveau technique, avance Maxime Bellemin, entraîneur référent du collectif national féminin à la FFLV. On va également leur proposer des bilans de fin saison, une définition d'objectifs sur la saison à venir... Tout un tas d’actions qui leur permettent d’être dans une dynamique de progrès."
"Je veux en faire toute ma vie"
En 2022, les femmes représentaient ainsi 15% des licenciés en parapente de la FFLV, et 9% des compétiteurs. "On compte à peu près 50% d'hommes et de femmes dans les stages d'initiation. L'attractivité du sport et les capacités physiques sont les mêmes. Mais quand on monte les niveaux, la proportion de femmes diminue, poursuit le responsable. Et quand on regarde le nombre de monitrices, on tombe à 6%. 94% des enseignants sont des hommes."
À 19 ans, Daphnée Ieropoli est championne de France 2023 dans la catégorie "jeunes" et vice-championne de France 2023. Sa dernière victoire : elle vient d’intégrer le Pôle France. "Le parapente, c'est la liberté d'aller où l'on veut. C'est une passion, je veux en faire toute ma vie. J'aimerais bien passer le DE (diplôme d'État, NDLR) pour en faire mon métier, continuer à faire de la compétition, progresser. Mon objectif, c'est un peu être champion du monde."
Le parapente reste un sport individuel et majoritairement masculin, mais des évènements comme la Piment paragliding Open créent une sororité et une solidarité qui poussent les femmes toujours plus haut.
Un reportage de Nathalie Rapuc-Mulac, Azedine Kebabti et Magali Baza.