VIDÉO. Une "baleine" en Chartreuse : découvrez l'incroyable maison-bulle restaurée par deux passionnés d'architecture

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Le balcon de Belledonne fut construit en 1966 par les architectes Claude Costy et Pascal Haüsermann en Isère
Surnommée "la baleine", cette maison-bulle a été construite en 1966 en Chartreuse par le couple d'architectes Pascal Häusermann et Claude Costy. Depuis deux ans, un couple a entrepris de la restaurer dans son esprit d'origine et de lui redonner son nom de "Balcon de Belledonne". ©France 3 Alpes / C. Antiga - F. Ceroni - E. Achard

Le Balcon de Belledonne, une maison-bulle construite dans les années 1960 aux allures de cétacé géant, est en cours de restauration en Isère. Les nouveaux propriétaires ont tenu à redonner son éclat à ce bâtiment incroyable, imaginé par Pascal Haüsermann et Claude Costy et classé depuis 2003 "architecture contemporaine remarquable".

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Vu de derrière, on dirait un vaisseau spatial tombé du ciel en Chartreuse. Une grosse soucoupe blanche flanquée de deux excroissances aux allures de réacteurs. Le tout posé à flanc de montagne, à 1200 mètres d'altitude.

En s'approchant, une autre image se dessine. Avec ses courbes, ses cellules organiques, sa ligne effilée d'ouvertures et sa mâchoire ouverte sur Belledonne, le mastodonte ovoïde prend des allures de cétacé géant, échoué à quelques kilomètres de Chambéry.

"Ce lieu a été construit en 1966 et dès le début, les locaux vont le surnommer la baleine, probablement en raison de sa forme qui rappelle le cétacé avec sa bouche à l'avant et cette forme qui peut faire penser à une nageoire à l'arrière, qui a été dessinée par les architectes Paul Costy et Pascal Häusermann", explique notre hôte Alice Christophe.

Une maison trouvée sur Leboncoin

C'est un peu par hasard que cette historienne de l'art et son compagnon, Scott – qui est lui conservateur d'art contemporain - ont découvert la maison-bulle sur... Leboncoin.

La bâtisse avait subi les assauts des intempéries et du temps. Elle ressemblait à un immense sarcophage couvert de bandelettes.

L'ancien propriétaire l'avait enveloppée dans du liner blanc (utilisé pour construire les piscines) pour la protéger des morsures du climat montagnard. Il souhaitait la vendre à qui tomberait amoureux de cette architecture fantasque.

Retrouver l'esprit "organique" du lieu

La visite, à l'hiver 2020, en pleine tempête de neige, n'aura pas douché l'enthousiasme du couple. À l'été 2021, il investit les lieux et se lance immédiatement dans la restauration de l'édifice.

"C'est un bâtiment qui a une histoire absolument extraordinaire et qui nécessite cette attention-là que l'on porte au patrimoine que l'on veut partager. Donc on fait un retour vers l'état d'origine avec un travail qui s'est fait par le biais des archives", détaille Alice.

Le couple se plonge dans les plans, archivés par le Fonds régional d'art contemporain de Centre-Val-de-Loire. Ils veulent saisir l'intention derrière la réalisation, l'esprit du lieu d'abord pensé pour être un restaurant.

Une maison suspendue dans le vide

Pascal Häusermann et Claude Costy se sont rencontrés à l’école d’architecture de Genève. Ensemble, ils réaliseront une douzaine de projets de maisons-bulles dans les années 1960 et le tout début des années 1970. Ils inventent, à l'époque, ces formes ovoïdales, une architecture "organique" visant à épouser l'environnement. Ne cherchez pas les angles droits, ici, il n'y en a pas. 

À l'avant, le bâtiment semble suspendu dans la pente, attaché à la roche par des lianes de béton.

"Au début, on se demandait un peu comment cela tenait et on apprend au fur et à mesure que cette maison est très solide, qu'elle est très ancrée dans la roche. Et, même si la maison a vieilli, elle n'a absolument pas bougé, tout est à niveau et la piscine est exactement où elle était en 1966", indique Alice.

Des lianes de béton pour s'insérer dans la végétation

"Là, on voit qu'il y a des rochers et c'est à partir de ces rochers que ces racines vont jaillir pour soutenir l'édifice", décrit-elle.

"Ce sont des points de fondation qui sont très réduits pour éviter l'impact sur le terrain et respecter la nature environnante. On a l'impression que la maison vient naître de la végétation et des plantes qui l'entourent".

Comme le couple d'architectes Häusermann-Costy qui avait réalisé ce projet en auto-construction, Alice et Scott se lancent dans l'auto-restauration, à coups de tutos sur internet et de coups de fils à des amis.

Claude Costy, conseillère de (premier) choix

Pour être sûrs de bien faire, autant obtenir des renseignements de première main, ils contactent alors Claude Costy. L'architecte vit dans une autre maison-bulle, à Minzier, en Haute-Savoie

"C'est quelqu'un qui, depuis le début, nous a accompagnés. En juillet 2021, on lui a passé un coup de fil et c'est elle qui nous a conseillés dans des points techniques par rapport à cette restauration, notamment sur le traitement des coques externes. On se posait beaucoup de questions sur les matériaux qu'il fallait employer et elle nous a beaucoup aidés à simplifier le travail. C'est ce qui est fascinant avec Claude, c'est qu'elle revient aux matériaux d'origine de cet édifice, c'est-à-dire le fer, le verre et le béton", détaille Alice.

Voile de béton, métal et fibre de verre

La structure est, en effet, réalisée en voile de béton, à l'aide de "grillage type 'cage à poule' en métal attaché directement sur le ferraillage. Il retient le béton projeté et reste pris dans la paroi", explique Alice.

Les portes, elles, ont été recréées grâce à une ossature en métal, recouverte de fibre de verre. Transparentes, elles dévoilent leurs trésors cachés dès lors que la maison s'illumine de l'intérieur.

"Dans cette porte-là, il y a des outils qui rappellent la porte d'origine et des outils de famille qu'on a réussi à rassembler ici", poursuit Alice.

"C'est un travail qui nous a pris du temps et qu'on a dû réapprendre. Il est difficile dans cette architecture d'insérer des éléments qui sont préfabriqués. On est vraiment dans le sur-mesure", dit-elle.

Ramener un peu de chaleur à l'intérieur

À l’intérieur, la pièce principale de 50 mètres carrés a dû être elle aussi refaite dans l'esprit des années 1960, à quelques petites modifications près.

"Une grosse question qui se posait c'était de ramener du confort ici. Les maisons organiques des Häusermann-Costy sont connues pour ne pas être très bien isolées, donc nous on s'est posés la question de l'isolation et de la chaleur. On a installé un chauffage au sol nous-mêmes, c'était pas de la tarte !", raconte Alice dans un sourire.

"Il a été recouvert d'une dalle qu'on a laissée à nu et qu'on a poncée pour garder cet aspect minéral". 

"On adapte notre mode de vie à la forme"

L'assise du canapé a elle aussi été dessinée pour se fondre dans les lignes courbes de la pièce.

"C'est une maison qui est tellement particulière qu'il faut s'adapter au lieu et c'est bien l'idée de ce canapé, ici, qui est de créer une forme qui vient suivre les courbes de la maison d'origine", dit encore Alice.

"On adapte notre mode de vie à la forme, c'est quelque chose qui nous pousse à vivre autrement et à penser les espaces, les liens avec la nature un peu différemment". 

Pour respecter l'esprit du lieu, Alice et Scott souhaitent désormais que la maison-bulle retrouve son nom d'origine, à savoir "le Balcon de Belledonne". 

Le Balcon de Belledonne reprend ses droits

"Ce nom vient de la position du bâtiment dans ce paysage absolument incroyable, avec une maison qui est perchée sur la Chartreuse à l'ombre des montagnes qu'on appelle Les Belles Ombres et qui regarde vers Belledonne avec une vue imprenable sur toute la chaîne des Alpes du Nord". 

Claude Costy est revenue, 56 ans plus tard, visiter la bâtisse. Une émotion pour l'architecte, autant que pour les nouveaux propriétaires.

"C'est un lieu que l'on va pouvoir partager, qui va être habité. Son travail continue à vivre", conclut Alice.

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