La série Extra, produite par une société annécienne pour la plateforme OCS, aborde la thématique de l'accompagnement sexuel des personnes en situation de handicap. En mettant en lumière cette pratique illégale en France, les réalisateurs espèrent faire bouger les lignes.
Traiter le handicap par le prisme de la comédie, c'est le leitmotiv de la série Extra, prochainement diffusée sur la plateforme OCS. Ses deux réalisateurs, Jonathan Hazan et Matthieu Bernard, ont choisi un sujet tabou : l’assistance sexuelle pour les personnes handicapées.
"On n'a pas toutes les réponses sur cette question, ce n'est pas ce qu'on revendique. En revanche, on veut au moins intéresser le public à ce sujet et montrer qu’il y a autant de besoins que d’individus", explique Jonathan Hazan.
"On est loin de la prostitution, complète Matthieu Bernard. Mais en France, il y a un vide juridique qui fait que personne n'ose vraiment y aller, sauf de manière clandestine. Ce qui nous arrangeait pour la comédie parce que notre héroïne fait un peu n’importe quoi, jusqu'à se mettre en danger vis-à-vis de la gendarmerie."
"Faire bouger les lignes"
L'héroïne de cette série, Catherine, est une mère de famille iséroise et cheffe de chœur d’une chorale inclusive catholique qui se retrouve à la tête d’un réseau d’assistants sexuels pour personnes en situation de handicap. "Son mari ne s'intéresse plus à elle, son frère est paraplégique. C'est pour cela qu'elle est investie autour du handicap", résume le co-producteur.
"Elle part d'abord dans l'idée d'obtenir le plaisir qu'elle ne connaît pas", ajoute Jonathan Hazan. La série se veut "divertissante et joyeuse" avec, en creux, l'espoir de "faire bouger les lignes, arrêter l'hypocrisie". Sur le tournage, plusieurs acteurs sont valides et découvrent, dans la peau de leur personnage, les difficultés de la vie en fauteuil roulant.
"Quand on est dans le fauteuil et qu'on doit se débrouiller avec, on prend vraiment conscience de la pénibilité au quotidien pour les personnes handicapées. On dépend des autres pour tout", constate le comédien Nicolas Lumbreras.
La question suisse
Avec la société de production annécienne Les Films du Cygne, le choix de la région s'est rapidement imposé avec des tournages en Isère, dans l'Ain et en Haute-Savoie. Mais la série évoque également la législation autour de l'assistance sexuelle dans certains pays frontaliers.
"En termes de narration, les auteurs se sont posé la question de savoir dans quels pays limitrophes de la France l'assistance sexuelle était autorisée ou légale. Il y a la Suisse, la Belgique et, avec le désir de tourner à Vienne et en Auvergne-Rhône-Alpes, la Suisse devenait une évidence. On va y emmener nos bénéficiaires", ajoute le producteur, Alexandre Charlet.
Il reste encore cinq semaines de tournage en région parisienne, du 23 octobre au 23 novembre, avant la diffusion des dix épisodes de la série, l'année prochaine sur la plateforme américaine OCS.