Le Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides a établi un lien entre les malformations congénitales d'un adolescent originaire de l'Isère et l'exposition de sa mère enceinte au glyphosate, a fait savoir cette dernière ce lundi 9 octobre. Selon elle, il s'agit d'une première mondiale.
Le Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides a retenu le lien entre les malformations congénitales d'un adolescent et l'exposition de sa mère enceinte au glyphosate, a indiqué, ce lundi 9 octobre, cette dernière. Il s'agit d'une "première", selon la mère de famille.
Théo Grataloup, 16 ans, est né avec de graves malformations du larynx et de l'œsophage. Après avoir subi 54 interventions chirurgicales, il "parvient à manger par la bouche, à respirer par trachéotomie et à parler par voie oesophagienne", explique sa mère Sabine Grataloup.
Depuis mars 2022, il perçoit 1 000 euros par mois du Fonds d'indemnisation des victimes des pesticides qui a retenu le lien possible entre son handicap et l'exposition de sa mère pendant sa grossesse. L'indemnité sera revue en mars 2025 au regard de l'évolution de sa santé.
Du glyphosate pour désherber sa carrière
"Au niveau mondial, il y a eu des procès gagnés aux États-Unis dans des dossiers de cancers, mais pour les malformations, à ma connaissance, on est les premiers" à obtenir une telle reconnaissance officielle, a souligné Sabine Grataloup.
Comme dans un autre dossier accepté en 2022, "il y a une reconnaissance du lien entre la pathologie de l'enfant et l'exposition de la mère à des pesticides, mais la nature du pesticide n'est pas notifiée", a précisé à l'AFP Christine Dechesne-Ceard, qui pilote le fonds d'indemnisation créé par une loi de 2020 et géré par la MSA (Mutualité sociale agricole).
Pour Sabine Grataloup, il n'y a toutefois aucun doute : elle travaillait dans un centre équestre et n'utilisait que rarement des pesticides, et uniquement du glyphosate, pour désherber sa carrière pendant l'été.
Un prochain vote de l'UE
La famille, qui vit en Isère, n'avait initialement pas souhaité communiquer cette information par peur d'essuyer une nouvelle campagne hostile sur les réseaux sociaux, comme ce fut le cas après le dépôt d'une plainte contre des fabricants de glyphosate en 2017 - une procédure toujours en cours.
Elle s'est ravisée et a multiplié les interventions dans les médias face à la possibilité de voir l'autorisation du glyphosate reconduite pour dix ans dans l'Union européenne, qui sera soumise à un vote ce vendredi.
"On devait partager cette victoire avec les autres victimes (...) et avec les États-membres pour qu'ils prennent leur décision en connaissance de cause, selon Sabine Grataloup. C'est un dossier qui a fait l'objet de beaucoup de batailles, de lobbying et de manipulations, là, on a un point d'appui scientifique."
"Une commission d'experts sélectionnés pour leur compétence et leur indépendance (...) a estimé qu'il y avait un niveau de certitude suffisante pour déclencher une indemnisation", a-t-elle poursuivi.
Le glyphosate, la substance active de plusieurs herbicides dont le Roundup de Monsanto, a été classé en 2015 comme un "cancérogène probable" pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé.