Voilà plus d'un an que ce centre d'hébergement et de prise en charge des auteurs de violences conjugales est en préparation en nord-Isère. Un compromis de vente d'une bâtisse avait même été signé, mais la mairie de Pont-Evêque a décidé de préempter les lieux...
C'est la députée LREM de la 8e circonscription, Caroline Abadie qui est à l'origine de ce dossier, qu'elle a défendu au Grenelle des violences conjugales.
L'appel à projet avait été lancé cet été par le gouvernement à l'échelle nationale. Le centre d'hébergement et de prise en charge pour les auteurs de violences conjugales était en passe de voir le jour en Nord-Isère.
La mairie fait volte-face et préempte le bâtiment
Le centre, qui devait comporter huit places d'accueil, devait s'installer dans un bâtiment à Pont-Evêque. La mairie a décidé de le préempter -pour 300 000 euros- alors même qu'un compromis de vente avait été signé. Raison officielle invoquée : "y installer les ateliers de services municipaux" se justifie la maire Martine Faïta qui propose en échange "des logements diffus au sein de sa commune, pour héberger ces conjoints violents qu'il faut éloigner de leur domicile".
Inacceptable pour l'association Rivhaj, qui doit en partie gérer le lieu et son président Gilbert Conte, " c'est une structure qui repose sur un travail collectif, je regrette qu'on ait perdu autant de temps, il va falloir trouver d'autres locaux, et cela repousse encore notre projet".
On repart à zéro pour chercher un autre lieu
Le dossier est pourtant soutenu ardemment par les parquets de Vienne et de Bourgoin-Jallieu. Audrey Quey, la procureure de Vienne l'a confirmé "de fait ça ne se fera pas à Pont-Evêque mais notre projet n'est pas mort, on repart à zéro pour chercher un autre lieu, c'est vrai qu'on a pris du retard mais on y croit encore".
Ce contretemps intervient alors même que les procureurs, dont celui de Grenoble, sont récemment montés au créneau pour mettre en lumière le manque criant de moyens dans ce domaine.
A l'issue du Grenelle des violences, un objectif avait été ciblé : créer deux centres par région, à titre expérimental dans un premier temps, pour faire baisser la récidive. "Pour permettre l'éviction immédiate du conjoint violent, pour laisser la famille et les enfants dans le domicile familial. C'est aussi une mesure de justice".
En 2019, il n’existait qu’un centre en France, à Arras, dans le Pas-de-Calais. Les hommes violents y sont pris en charge par des psychologues et des éducateurs.
A ce jour, d'autres structures ont vu le jour, dans la Creuse notamment. Lee dispositif est opérationnel depuis mars 2021, soutenu par le procureur de la République Bruno Sauvage et le président du tribunal de Guéret.
Son objectif est de permettre à la justice d’écarter le conjoint violent du domicile, en lui imposant, si besoin un hébergement puis de bénéficier d’un suivi et "prévenir la récidive".
Agnès Zeppa, déléguée aux droits des femmes en Creuse est à l’initiative du projet : "C’est une double peine pour la victime de quitter son domicile surtout quand elle a des enfants. Quand c’est possible, évincer (du domicile) l’auteur, ça lui permet effectivement d’être, au moins, stable."
En Creuse toujours, un Centre de suivi et de Prise en Charge des Auteurs de violences conjugales (CPCA) coordonne, avec d’autres associations dans six départements (Charente, Corrèze, Creuse, Deux-Sèvres, Vienne et Haute-Vienne), la prise en charge des auteurs de violences conjugales. De janvier à avril 2021, 234 agresseurs, sur les six départements ont été pris en charge.
Les Alpes du Nord sont incontestablement à la traîne.