À la prison de Saint-Quentin Fallavier (Isère), la ministre de la Justice a reconnu ce vendredi que la prise en charge des conjoints violents n'allait pas assez loin.
C'était une visite express. Pendant deux heures, la ministre de la Justice Nicole Belloubet s'est rendue au centre pénitentiaire de Saint-Quentin Fallavier (Isère) pour évoquer les violences faites aux femmes. "C'est une vraie question sur laquelle, je crois, nous n'apportons pas de réponse suffisamment affinée ou déployée", a expliqué la ministre, qui a notamment rencontré des auteurs de violences conjugales venus témoigner des effets positifs de la prise en charge dont ils avaient pu bénéficier. "Il faut plus d'appartements pour qu'ils quittent le domicile conjugal dans certaines hypothèses, mais ça ne doit pas être une règle générale."
Cette visite ministérielle, c'était aussi l'occasion d'assister à la restitution des travaux menés par des parlementaires de la région dans le cadre du Grenelle des violences conjugales. "Il faut qu'on déconstruise certains préjugés, un auteur de violences conjugales a un grave problème, et ce problème il faut travailler dessus. Si on travaille sur les auteurs, on va aider de futures victimes à ne pas être victime", a expliqué Caroline Abadie, députée (LREM) de l'Isère. Face à la disparité des pratiques, "il faut créer ce maillage pour amener ces auteurs à ne pas récidiver", a insisté de son côté sa collègue de l'Ain, Olga Givernet.
Devant la ministre, des associations comme Passible à Grenoble (centre de psychothérapie pour les auteurs(es) de violences conjugales) ont aussi alerté sur le manque de moyens pour assurer ces prises en charge. Et trois hommes, condamnés pour violences sur leurs conjointes, ont eu le courage de venir témoigner devant Nicole Belloubet et l'importante délégation qui la suivait.
Selon l'association Passible, le taux de récidive chez les conjoints violents n'est que de 20% quand ils sont bien suivis.Grâce à ce dispositif, j'ai fait une coupure, j'ai pu me remettre en question. J'ai été violent avec ma femme devant ma fille. J'avais un problème par rapport à mon enfance. Je le savais mais j'avais trop honte pour aller voir quelqu'un.
Un homme condamné pou violences conjugales