Ce lundi 25 novembre, journée de lutte contre les violences faites aux femmes, le département de Haute-Vienne a décidé de mettre l'accent sur les victimes en milieu rural. Le préfet a lancé une campagne de sensibilisation dans une centaine de boulangeries qui distribueront des sacs à pain affichant un "violentomètre".
A priori, rien n'a changé dans la boulangerie de Saint-Maurice-les-Brousses, commune d'un millier d'habitants située au sud de la Haute-Vienne. Pourtant, depuis ce lundi matin, les baguettes sont glissées dans des sacs un peu particuliers, sur lesquels est imprimé un "violentomètre". Le principe s'avère simple : une sorte de thermomètre y est affichée, allant du vert au rouge, pour mesurer si une relation amoureuse est basée sur le consentement et ne comporte pas de violences. Les comportements décrits, plus ou moins graves, vont du "chantage" à la "menace avec arme".
"La boulangerie, c'est un lieu où l'on peut aller tous les jours, approuve une cliente. C'est peut-être plus facile pour alerter ou se réfugier s'il y a quelque chose." Le sac à pain arbore également des numéros de téléphone utiles à contacter en cas d'urgence. Sensibilisé par le meurtre d'une femme qui s'est déroulé dans une commune voisine, le patron a tout de suite accepté de participer à cette campagne : "On entend trop souvent parler de ces histoires et il faut sensibiliser pour ne plus que cela arrive."
Venu pour promouvoir l'initiative, le préfet de Haute-Vienne, François Pesnau, salue la mobilisation des quatre-vingt-dix boulangeries de Haute-Vienne concernées. "Sur ce sac à pain, vous avez un QR Code qui renvoie vers la totalité des services, précise-t-il. Cela permet, de façon très discrète, de sauver des vies, ou en tout cas d'aider des femmes qui sont dans la difficulté."
Une proposition de loi déposée le 8 mars prochain
Bien que moins densément peuplé, le milieu rural représente 47% des meurtres de femmes commis en France, d'après un rapport de 2021 de la délégation au droit des femmes au Sénat. Dans une réunion publique organisée ce lundi 25 novembre à Bellac, Manon Meunier, députée La France Insoumise de Haute-Vienne, a souligné plusieurs facteurs expliquant ce constat, de l'isolement géographique à la précarité économique. Loin des villes, les femmes victimes de violences conjugales peinent à trouver des relais d'information ou des refuges. "Ici, à Bellac, par exemple, c'est l'association "Ieles" qui met en place un hébergement d'urgence, un appartement pour accueillir les femmes en détresse, explique-t-elle. Il faudrait que l'État mette davantage de moyens et prenne aussi en charge ces choses essentielles."
À travers plusieurs ateliers de réflexion, la députée va collaborer avec ces associations présentes sur le terrain. Leur travail commun débouchera sur l'écriture d'une proposition de loi. Celle-ci visera à établir un meilleur maillage du territoire, en multipliant notamment les lieux d'accueil. Elle sera présentée au Parlement le 8 mars prochain, date de la journée internationale des droits des femmes.