Surnommé "le photographe silencieux" ou encore " l'alchimiste" , l'isérois Jean-Luc Agne décompose le temps en le fixant sur sa pellicule. Le prestigieux Grand prix photographique, lui a été remis cette année.
Dans les nuages du col de l'Arzelier, Jean-Luc Agne surveille les cimes des arbres, appareil photo à la main, jusqu'à ce que l'une d'entre elles le séduise. C'est elle qui finira couchée sur le papier, dans un format bien particulier. Un format rectangulaire, tout en longueur et un cadrage vertical qui rappelle certains cadrages de peinture japonaise.
C'est d'ailleurs la peinture qui a donné le goût de l'image à Jean-Luc Agne, lorsqu'il était plus jeune. Mais c'est finalement vers la photographie que le montagnard s'est tourné grâce au Photoclub d'Annecy. "J'arrive beaucoup mieux à m'exprimer via la photographie que via des mots, c'est mon moyen d'expression de ce que je ressens", confie le photographe, avant de rajouter: "Ce qu'on transmet aux gens finalement, c'est ce qu'ils voient. Comment on en arrive là, finalement ça a peu d'importance."
Reportage Denis Vigneau-Dugué, Jean-Pierre Rivet et Philippe Caillat
Silencieux, cet autodidacte passe des heures à observer le monde qui l'entoure pour mieux saisir l'instant. "C'est très important de bien connaître le paysage. De se fondre dedans, pour savoir exactement où les choses se passent", explique l'artiste.
Pendant un an, Jean-Luc Agne l'a d'ailleurs fait. D'un solstice d'été à l'autre, il a pris chaque jour un cliché, au même endroit, à la même heure, pour observer les variations d'un même paysage durant une année. "On voit de jour en jour, les variations du temps. C'est quelque chose que l'on contemple, pas quelque chose que l'on regarde tout simplement. Je propose d'assister à la vie de la forêt pendant un an", explique le photographe.
Avec son appareil photo, Jean Luc Agne devient une sorte de témoin l'absence de pérennité des choses en donnant à l'instant toute son éternité.