A 1000 jours du coup d'envoi des Jeux olympiques de Pékin (4-20 février), les incertitudes persistantes liées au Covid-19 pèsent sur la logistique de l'événement planétaire. La FFS tente malgré tout de "préserver la sérénité des athlètes"
"Ce sont mes dixièmes Jeux olympiques, les troisièmes en tant que logisticien, et je n'ai jamais vu ça", se désolait Rémi Sella, chargé de mission auprès du DTN de la Fédération française de ski (FFS), au début du mois.
"Pour l'instant on ne sait absolument rien, que ce soit pour le transport des personnes, le fret, les dates, les tarifs, on n'arrive pas à avoir d'informations", déplore le M. logistique de la FFS, chargé d'envoyer environ 210 personnes (sportifs, encadrement) et 25 tonnes de matériel en Chine au mois de février.
La FFS (ski alpin, nordique, freestyle, snowboard et biathlon) prend ses informations du Comité olympique français (CNOSF), qui les tire lui-même du Comité international olympique (CIO) qui a publié lundi un "playbook" détaillant les conditions de séjour en Chine.
"On a un gros dossier avec plein de choses qui sont incertaines, liées au contexte et à la Chine, alors que d'habitude à cette époque-là, on est serein et on sait exactement où on va et comment on y va", résume son DTN Fabien Saguez.
"C'est hyper flou", abonde Nathalie Péchalat, la présidente de la Fédération française des sports de glace (FFSG) et cheffe de mission de la délégation tricolore à Pékin. "On attend les directives du CIO et de Pékin-2022 pour savoir dans quelles conditions on va pouvoir accompagner tous nos athlètes", ajoute-t-elle, s'attendant à un cadre "plus strict qu'à Tokyo".
"On essaiera de s'adapter au mieux tout en diffusant un message de sérénité à nos athlètes. Si on perd de l'énergie avec ça, on part déjà très mal. On est sûrement les disciplines avec le plus de capacités d'adaptation du sport français, faisons de cela une force", reprend Saguez, en référence aux fréquents aléas météo auxquels est soumis le ski.
Et les sportifs dans tout ça ? "Ils sont très concentrés sur leurs performances, pas là-dessus", résume Péchalat.
"Bien sûr que ce ne sera pas des JO ordinaires, mais de toute façon, les JO, ce n'est pas un événement auquel on est habitué!", positive la vice-championne olympique 2018 et quadruple championne du monde de danse sur glace Gabriella Papadakis. Déjà, on est super heureux de pouvoir faire les Jeux. Je pense aux athlètes d'été qui ont vu les leurs s'annuler (en 2020), et qui encore deux mois avant ne savaient pas vraiment... Ça devait être intenable. Je me sens tellement chanceuse de ne pas avoir à vivre ça.(...) J'ai plus envie de me concentrer sur la performance qu'il y a à faire, le travail en amont, ce qu'il y a à faire sur la glace, plutôt que sur le reste. Et pour le reste, on s'adaptera", poursuit-elle.
L'exemple de Tokyo
"On va être bien briefé par notre équipe, notre fédération, le CNOSF", estime son partenaire Guillaume Cizeron. Si eux, absents de la glace entre janvier 2020 et octobre 2021, ne sont pas familiers des compétitions au temps du Covid, dix-huit mois de pandémie font que la plupart des sportifs y sont désormais habitués.
"On a fait une saison complète avec contraintes sanitaires, le vaccin est arrivé entre-temps, ça aide à être un petit peu plus serein. Je ne peux pas contrôler grand-chose à part faire attention au quotidien et appliquer les gestes liés au Covid-19, mais ça ne m'inquiète pas plus que ça", explique le double champion du monde 2020 de ski alpin Mathieu Faivre.
"Aux JO que j'ai connus (en 2014 et 2018), ma famille n'est jamais venue sur place, donc ça ne changera pas grand-chose. Et il n'y a jamais eu énormément de monde à l'arrivée, c'était loin, difficile de s'y rendre pour les spectateurs", philosophe-t-il à propos de l'absence déjà annoncée des fans venus de l'étranger.
"Tokyo nous a montré un exemple de ce à quoi on pouvait s'attendre, mais nous, on a la chance d'avoir du public" apprécie Cizeron "pour un sport spectacle comme le patinage, c'est très important de sentir cette présence."