Si la vache Aubrac ou la Salers sont bien connues en Auvergne, la Ferrandaise passe plus souvent inaperçue. Pourtant, cette race de vache rustique fait partie du patrimoine de la région. Dans le Puy-de-Dôme, les Parcs naturels régionaux contribuent à sa promotion.
La vache ferrandaise est une race assez méconnue dans le Puy-de-Dôme, mais pourtant bien typique du territoire. Depuis plusieurs années, un partenariat est passé entre l'Association de sauvegarde de la race et les deux Parcs naturels régionaux d’Auvergne pour promouvoir la race et l’implanter dans la région.
Une partie du patrimoine auvergnat
Jusqu’à son nom, la race ferrandaise porte le territoire dans son identité. C’est non loin de Clermont-Ferrand que la race est née : « Elle a deux berceaux d’origine : la chaîne des Puys et le Sancy d’une part, le Livradois et les monts du Forez d’autre part », détaille Morgan Morandeau, animatrice dans l’Association de sauvegarde de la vache ferrandaise. Sur les 3 500 femelles ferrandaises en France, les trois quarts se trouvent d’ailleurs dans le Puy-de-Dôme : « Les éleveurs sont surtout présents dans le Cantal, la Loire, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme. Environ 300 exploitations en ont. »
De par son implantation locale, cette vache fait partie du paysage auvergnat : « Il y a un véritable attachement à la race, notamment dans les familles plutôt rurales, qui ont vu ces vaches l’été, en estives par exemple. La race a un vrai bagage historique et patrimonial. Elle fait partie de notre culture et de notre passé », plaide Elodie Perret, en charge du partenariat au Parc du Livradois-Forez. Selon elle, « C’est beau de ne pas la voir disparaître. L’attachement dont elle fait l’objet mérite que l’on se batte pour la préserver. »
Une vache robuste comme atout environnemental
La vache ferrandaise est particulièrement adaptée aux conditions topographiques et climatiques de la région. « C’est une très bonne marcheuse, qui mesure 1,35 mètre au garrot environ. Elle est plutôt trapue, détaille Morgan Morandeau. Cette race n’a jamais été sélectionnée, c’est une race mixte naturelle, ce qui explique sa rusticité. » Etant mixte, la Ferrandaise permet de produire du lait ou bien de la viande.
Un de ses atouts principaux est son alimentation. « La vache Ferrandaise est peu exigeante. Même moins nourrie, elle produit du lait en quantité correcte, explique Elodie Perret. Or, dans un contexte de changement climatique, avoir assez de fourrage l’été par exemple est un enjeu. » Elle ajoute : « On pense souvent à la biodiversité sauvage, mais la biodiversité domestique est riche et importante également. Il y a une question de logique aussi, on ne planterait pas un pommier à 1 000 mètres d’altitude. La Ferrandaise s’adapte au terroir et s’adaptera toujours mieux qu’une race qui ne vient pas d’ici, qu’une hollandaise par exemple. » D’après la coordinatrice du projet dans le Livradois, cet argument pourrait être « un levier » pour le développement de la race dans la région. « On parle ici d’élevages résilients, qui prennent soin de leur environnement, respectueux de la faune locale. Ce type d’agriculture durable est une évidence pour nous. »
Moins de rendement mais moins de coûts
La race ferrandaise n’a jamais été sélectionnée, ce qui signifie également que la production tirée de ces vaches n’a jamais été spécialisée ni optimisée. La Ferrandaise produit moins de lait qu’une vache purement laitière, environ 3 500 litres de lait par an, contre 4 000 par exemple pour une Salers. « Mais nous arrivons à nous en sortir grâce à ce que l’on ne dépense pas pour elle, rassure Jean-Francois Ondet, éleveur au Mont-Dore. C’est une race naturelle donc plus résistante, il y a moins de frais vétérinaires par exemple. » L’éleveur assure compter une vache âgée de 23 ans dans son troupeau : « Je ne sais pas s’il y a beaucoup de vaches d’autres races qui vont jusqu’à 23 ans. »
« Trouver des débouchés aux produits de la Ferrandaise »
Pour assurer la rentabilité de l’élevage de Ferrandaises dans la région, l’association de sauvegarde de la race et les parcs naturels régionaux ont renouvelé leur partenariat. « Notre projet phare est de trouver des débouchés aux produits de la Ferrandaise, explique Elodie Perret. Nous nous occupons de recenser des acteurs économiques locaux. La restauration pourrait être intéressante pour faire découvrir la race tout en fournissant des produits. L’objectif est de cibler les professionnels qui puissent mettre en valeur la production. »
Les AOP d’Auvergne, un débouché possible ?
Une des solutions envisagées par l’association pour promouvoir la race passe par les AOP d’Auvergne. « En Savoie, le fromage Abondance est fabriqué à partir de certaines races de vache en particulier. Nous pourrions faire pareil en Auvergne avec la Ferrandaise, entre autres », propose Morgan Morandeau. Aujourd’hui, le cahier des charges des fromages AOP en Auvergne précise la zone de production du lait, mais pas la race des vaches laitières. « Nous faisons de la recherche avec l’INRAE et les AOP sur la race Ferrandaise, ses spécificités. Le Saint-Nectaire au lait de Ferrandaise serait-il différent que lorsqu’il est fait avec du lait de Salers ? », interroge Elodie Perret. Pour l’heure, la production des Ferrandaises est insuffisante pour espérer suffire. « Nous sommes attentifs sur la communication, nous ne pouvons pas promettre des produits si la filière n’est pas capable de les fournir. La Ferrandaise a au moins 10 ans de retard sur la Salers, dans son développement », relativise Elodie Perret.