La perte d'un enfant est "un choc extrêmement violent", et pourtant le deuil périnatal reste tabou en France

Chaque année, près de 7 000 familles font face à la perte prématurée de leur enfant, que ce soit pendant la grossesse ou juste après la naissance. A Lyon, Clémence Delorme a traversé plusieurs fois ce deuil périnatal. Aujourd'hui, elle accompagne les parents endeuillés. Elle témoigne.

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"Je ne sais pas si on cicatrise complètement", confie Clémence Delorme. Cette Lyonnaise, aujourd’hui conseillère conjugale et familiale, a traversé le deuil périnatal à deux reprises : "Ma première fille, Louise, est décédée en 2012 pendant l’accouchement. Ma deuxième fille s’appelle Madeleine, elle a 7 ans. Joséphine est décédée en 2016, juste après l’accouchement. La dernière, Adélaïde a 3 ans et elle va bien."

Ses deux filles Louise et Joséphine ont été touchées par la même maladie génétique. "C’était le même schéma. Nous avons appris la nouvelle au cinquième mois de grossesse lors de l’échographie."

Nous avons pris la décision d’accompagner nos filles jusqu’au bout.

Clémence Delorme

 

Une "souffrance très forte"

"Nous étions entourés par nos proches et notre famille", assure Clémence Delorme. Mais cela reste un "choc terrible".

Cela nous rend beaucoup plus empathiques face aux drames de la vie.

Clémence Delorme

"Le retour au travail a été compliqué ; pour certains, le deuil périnatal est un non-événement", raconte Clémence Delorme qui a fait face à la douleur et au tabou du deuil périnatal en France.

Les parents ont besoin de parler de leurs enfants, de ces vies. C’est l’oubli de notre enfant que l’on redoute.

Clémence Delorme

Depuis plusieurs années, Clémence Delorme a rejoint l’association Spama (Soins palliatifs et accompagnement en maternité) pour venir en aide aux parents endeuillés. Elle les accompagne individuellement ou par groupes d’entraide. "Nous les accompagnons également s'ils sont confrontés, dès la période prénatale, à un diagnostic de maladie potentiellement létale pour leur bébé à naître et qu'ils souhaitent laisser la grossesse se poursuivre pour accompagner leur enfant".

Aude Dubus fait également partie de l'association Spama. Sage-femme à Grenoble, elle fait face à sa manière au deuil périnatal. "C’est plus fréquent qu’on ne le pense", affirme la soignante avant d’ajouter : "C’est un deuil trop peu connu et pourtant extrêmement violent."

 

Le rôle de l’entourage

Aude Dubus conseille aux proches "de ne pas faire comme si cela n’existait pas". 

"Ce n’est pas grave, vous en aurez d’autres", "Vous êtes encore jeunes". Ces réflexions peuvent parfois provenir de l’entourage proche. "Ce sont des choses qu’il faut éviter", conseille la sage-femme.

Il ne faut pas attendre de ces parents qu’ils passent à autre chose. Il faut qu’ils passent par le deuil.

Aude Dubus

Un avis partagé par Clémence Delorme : "Chacun doit faire son deuil à son rythme".

Pour traverser ce deuil, la Spama met en place une ligne d’écoute (07 87 85 37 81). D’autres associations existent en Auvergne-Rhône-Alpes, telles que l’Agapa qui propose des cafés-rencontres, parfois dédiés aux hommes.

 

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