Le Montreux Jazz Festival fête ses 50 ans

Nina Simone, Miles Davis, Marvin Gaye, David Bowie, Prince... les plus grands y ont joué. Cette année, le Montreux Jazz Festival fête son demi-siècle. 50 ans de live au bord du Léman, une scène exceptionnelle avec pour décor la très belle riviera suisse. 

Ne vous fiez pas au patronyme, ce festival ne se limite plus depuis bien longtemps au jazz. Et l'événement dépasse largement la petite ville de Montreux, nichée au bord du lac Léman. 

Les trois scènes payantes (Auditorium Stravinski, Montreux Jazz Club, Montreux Jazz Lab) sont la vitrine du Festival. Toutefois, depuis les débuts, en 1967, des scènes gratuites complètent l'offre. 

La manifestation musicale est l'une des plus importantes du vieux continent. La quinzaine "montreusienne" mise sur l'intimité, propice aux improvisations et aux boeufs musicaux. 

Reportage Damien Borrelly, Gilles Ragris et José Manzanarès

Des légendes dès l'ouverture

Deux des meilleurs musiciens de jazz au monde ont ouvert, fin juin, le Festival. La légende du jazz américain Charles Lloyd, qui était la vedette de la toute première édition du festival de Montreux en 1967, a donné le coup d'envoi au côté du célèbre pianiste de jazz Monty Alexander, qui joua pour la première fois à Montreux en 1976.

"C'était très émouvant car ces deux gars font partie de l'histoire de la musique et avoir ces deux amoureux de Montreux pour célébrer la 50e, c'est certainement l'un des plus beaux cadeaux dont je pouvais rêver", s'est ému le directeur général du festival, Mathieu Jatton. 

La principale attraction de cette édition sera sans aucun doute le Canadien Neil Young. Cette légende du folk, venu une seule fois à Montreux en 2001, jouera le 12 juillet.

Le rock sera à l'honneur avec les Anglais de Deep Purple, pour la dernière soirée, qui seront précédés de Dweezil Zappa, le fils de Frank Zappa. L'histoire de Deep Purple est fortement liée à Montreux car leur tube planétaire "Smoke on the Water" raconte l'incendie qui en 1971, avait ravagé le casino de Montreux, lors d'un concert de Zappa, faisant quelques blessés. Le fondateur du festival Claude Nobs, décédé en 2013, avait secouru plusieurs personnes des flammes et a été immortalisé dans la chanson sous le surnom de "Funky Claude" (génial Claude).

D'autres grands noms ont ponctué ou vont ponctuer la quinzaine: PJ Harvey, la légende américaine Patti Smith, Jean-Michel Jarre et le guitariste légendaire Carlos Santana. Quincy Jones avec Al Jarreau et Patti Austin, Simply Red.

Patti Smith appelle le peuple à utiliser son "pouvoir"

A 69 ans, l'icône du rock américain Patti Smith a enflammé, dans la nuit de mercredi à jeudi, le Festival de Montreux, avec un mot d'ordre lancé au public, le poing levé: "Utilisez votre pouvoir!"

"Le peuple a le pouvoir, le pouvoir de rêver, de décider, d'arracher le pouvoir des mains des imbéciles", s'exclame la chanteuse pendant le concert, devant quelque 4.000 personnes. "People have the power", chantait déjà l'icône punk en 1988. Près de 30 ans après, sa rage reste la même.

"Je suis préoccupée pour mes enfants, pour l'eau, l'air, par la grande corruption qui règne au sein des gouvernements et des entreprises, par la façon dont les médias sont devenus si corrompus", a-t-elle confié avant de monter sur scène.

"Regardez ce qui vient de se passer avec ce que l'on appelle le Brexit", a-t-elle dit, évoquant la décision historique prise le 23 juin, par référendum, par les Britanniques de quitter l'Union européenne.

"Ils n'ont pas l'air de savoir ce qu'ils font, pourquoi ils en sont là, que faire. Cette instabilité a été provoquée en grande partie par la désinformation", assure-t-elle.

Patti Smith a bouleversé un paysage musical en plein sommeil au milieu des années 70 lorsqu'elle est apparue, crinière noire, silhouette émaciée, regard fiévreux, avec des chansons qui incarnaient l'esprit rock.

Son premier album, "Horses", sorti en 1974 et inspiré par la poésie "beat" (mouvement des années 1950-60), reste classé parmi les plus grands de l'histoire de la musique.

Après une carrière fulgurante, la chanteuse abandonna la scène, au faîte de sa carrière, au lendemain d'un concert en 1979, pour élever ses enfants et parce qu'elle voulait "ouvrir le rock n'roll à d'autres". Un disque paraît néanmoins en 1988, mais ce n'est qu'en 1996 qu'elle refait son grand retour sur scène.