Les agriculteurs relancent la mobilisation partout en France. Déçus par des promesses non tenues, inquiets face à un traité commercial avec l'Amérique du Sud, certains se demandent à quoi ressembleraient les campagnes sans agriculteurs.
Les agriculteurs en colère ont lancé "l'acte deux" de leur mobilisation. Un peu partout en France, des actions sont menées. Fragilisés par la pire moisson de blé en 40 ans et des maladies animales émergentes, les agriculteurs estiment n'avoir pas récolté les fruits de la colère de l'hiver dernier.
À Sauvain, dans la Loire, deux jeunes éleveurs laitiers retourneront sur les routes pour se faire entendre.
"Il n'y aura plus d'agriculteurs"
À la tête d'un troupeau d'une cinquantaine de vaches laitières, ils craignent notamment les conséquences des accords (Mercosur) avec les pays d'Amérique latine.
Étienne s'interroge : "on arrive à un stade où il n'y aura plus de produits à acheter, plus d'agriculteurs, plus d'entretien des campagnes".
En France, on a axé l'agriculture sur l'environnement. On nous demande de conserver nos prairies, de protéger les haies, d'entretenir les arbres. Là-bas, ils enlèvent les forêts pour produire plus, ils ne respectent aucune norme environnementale.
Etienne, éleveur laitier
"Des villages abandonnés"
Il explique que "l'on ne peut pas mettre les deux agricultures sur un pied d'égalité". Sensible à l'environnement et passionné par son métier, il s'inquiète pour l'avenir de la profession en général.
Ici, nous sommes dans un village de 500 habitants. Si on enlève les agriculteurs, il n'y aura plus de forêt, plus d'activité économique. Tous les villages de montagne vont être abandonnés, un jour ou l'autre.
Etienne, éleveur laitier
Stabilité des prix
Seul un tiers du lait produit par le GAEC est vendu pour fabriquer la fourme de Montbrison. Le restant est collecté par le leader mondial, Lactalis. Les accords commerciaux entre l'Europe et les pays d'Amérique latine pourraient remettre en question l'actuelle stabilité des prix.
"Rassurer les agriculteurs"
Entre la traite des vaches, les soins aux animaux, la paperasse ou les aléas sanitaires, il ira, avec son associé, à nouveau manifester. Leur objectif : interpeller l'État afin qu'il ne signe pas cet accord.
"Nous allons continuer de nous y opposer", a assuré dimanche Emmanuel Macron, en déplacement en Argentine avant le G20, cherchant à "rassurer les agriculteurs".