Energies renouvelables : créer un géant français du photovoltaïque, c'est l'ambition d'une start-up de la Loire

Pascal Richard voit les choses en grand, en très grand même. Patron de la start-up Carbon, il fait le pari de l'explosion de la demande en panneaux solaires dans les années qui viennent. Pour y répondre avec du made in France, il veut créer une usine géante dans la Loire qui emploierait 3000 salariés en 2025, 10 000 en 2030.

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Pascal Richard, le PDG de Carbon a bien conscience qu'on peut trouver un peu fou son pari industriel. D'ici fin 2025 il doit rassembler plus d'un milliard 300 millions d'euros s'il veut inaugurer à cette échéance sa "gigafactory" de panneaux solaires. Un pari osé pour le patron de cette très jeune entreprise créée en mars dernier à la Roche-Molière, près de Saint-Etienne.

Pour lui, le solaire c'est l'avenir de la production d'énergie en France comme dans le monde. " La demande va exploser dans les années qui viennent " affirme-t-il. " Il faut pouvoir y répondre avec une production française. Mon objectif c'est de produire l'équivalent annuel de 5 gigawatts en panneaux solaires en 2025 et 20 gigawatts en 2030."

Je cherche à créer un écosystème de l'industrie du solaire

Pascal Richard PDG de Carbon

L'objectif semble malgré tout assez rationnel parce qu'en France, il y a déjà beaucoup d'acteurs de cette industrie. Les fonderies et les fabricants de fours pour le silicium, notamment. Mais, souligne Pascal Richard, " ce qui nous manque c'est une vision globale de la filière. Avec ce projet de "gigafactory" je cherche à créer un écosystème de l'industrie du solaire qui avait d'ailleurs déjà existé avec Photowatt ".

Il n'est pas le premier 

Il n'évoque pas Photowatt par hasard, fabricant historique de panneaux solaires en France. Racheté par une filiale d'EDF, cette entreprise est passée par une liquidation judiciaire et a connu de nombreuses restructurations. Aujourd'hui sa production est devenue très marginale. Mais le PDG de Carbon reconnait à Photowatt son rôle de pionnier, et il veut s'appuyer sur l'expérience de tous ceux qui y ont travaillé ou qui y travaillent encore pour aller beaucoup plus loin.

Pour Pascal Richard, " le mérite du maintien de l'activité de Photowatt c'est d'avoir su préserver des compétences essentielles dans notre pays. Je veux amplifier tous ces savoir-faire existants, avec une filière complétement intégrée. Des fonderies de silicium à celles d'aluminium, des usines de verre photovoltaïque à la fabrication des capteurs, on peut faire tout cela en France, ou en Europe dans un premier temps."

Il imagine tout un réseau d'entreprises qui travailleraient ensemble, autour de Carbon, via des partenariats que ce soit pour la recherche ou pour la formation des salariés. Et même si son projet de production sera en concurrence avec Photowatt, il compte sur un esprit de coopération pour permettre à des fournisseurs communs d'émerger en France.

Si on ne crée pas une filière française on risque de subir un véritable "tsunami" de panneaux solaires chinois

Xavier Daval Vice-président du Syndicat des énergies renouvelables

Une filière industrielle dans l'air du temps

Cet objectif de création de filière industrielle colle parfaitement avec l'air du temps. C'est ce que souligne Xavier Daval, vice-président du SER, le syndicat des énergies renouvelables en France. "Le projet de Carbon arrive au bon moment. Avec les objectifs fixés par le Président de la République c'est l'équivalent production d'un gigawatt en panneaux solaires qu'il va falloir installer chaque année jusqu'en 2030. Après ce sera encore plus ! Au niveau européen on va multiplier par quatre la production solaire dans les 10 ans qui viennent. Et aux USA l'objectif est de passer de 4 à 40% d'électricité solaire en 2035."

Et Xavier Daval de prévenir: " Si on ne crée pas une filière française on risque de subir un véritable "tsunami" de panneaux solaires en provenance de Chine. Rien que les objectifs français très timides, ça représente deux porte-containers chaque mois ! Alors il faut savoir ce que l'on veut : créer de l'indépendance énergétique avec un vrai projet industriel ou subir tous les aléas des crises sanitaires ou des guerres ? "

Il faut préciser que l'industrie chinoise dans ce secteur est très forte. Elle détient entre 75 et 97 % de parts de marché des composants de panneaux photovoltaïques. Une position dominante qui a de quoi inquiéter vu les dernières interventions des dirigeants chinois, souvent très menaçants en termes de politique industrielle ou de politique étrangère.

Il nous faut trouver un milliard 300 millions d'euros en trois ans

Pascal Richard PDG de Carbon

L'initiative de Carbon avec son projet de "Gigafactory" pourrait donc trouver en France un écho favorable. Surtout à l'heure où l'on cherche à retrouver un peu d'indépendance et de souveraineté industrielle. Pascal Richard est très optimiste sur sa recherche de fonds, tout en restant volontairement très discret : " On est dans un processus de levée de fonds qui doit rester confidentiel. Et pour rassurer les investisseurs, on attend de l'Etat les garanties prévues dans le plan France 2030."

Pour autant, Carbon vient de rendre publique l'entrée à son capital d'ECM, un champion du solaire français. ECM, entreprise basée à Grenoble, est un leader mondial dans la fabrication des fours industriels notamment pour le photovoltaïque.

Le montant exact de l'investissement reste secret mais en prenant 20% du capital de cette start-up ECM donne un signal très positif. Est-ce que cela sera suffisant pour réussir l'aventure industrielle lancée par Pascal Richard ? Réponse dans un peu plus de 6 mois. Le PDG de Carbon s'est donné jusqu'au mois de mars pour réunir plusieurs dizaines de millions d'euros et pouvoir enclencher le financement son projet. Mais il lui faudra beaucoup plus pour réaliser ses objectifs de production : un milliard 300 millions d'euros d'ici fin 2025 et environ 6 milliards à l'horizon 2030.

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