Ses années collège dans la Loire furent les plus difficiles de sa scolarité. Aujourd'hui, même si elle a encore du mal à en parler, Emma revient sur ces années de souffrance dues au harcèlement scolaire.
En France, un jeune sur dix est victime de harcèlement scolaire. La parole se libère de plus en plus, même s'il est parfois encore difficile pour les victimes d'en parler.
Emma, une jeune fille originaire de la Loire, aujourd'hui âgée de 21 ans, a accepté de revenir sur cette période douloureuse, dans l'espoir de faire changer les mentalités.
Pendant quatre ans et au quotidien, elle a essuyé des insultes, moqueries et autres humiliations en raison de son obésité génétique.
Mais cinq ans après les faits, la plaie est encore vive.
Ses amies ont basculé dans le camp des harceleurs
''J’ai perdu des amies. Elles se sont aussi mises à dire que j’étais grosse, elles avaient honte de trainer avec moi parce qu’étais grosse. Je pense qu’elles avaient peur que ça leur retombe dessus. J’étais quand même proche d’elles. On était ensemble en maternelle, en primaire. Et ce sont deux filles que je connaissais à peine qui ont pris leur courage à deux mains et sont parties parler à la proviseure, à la prof principale pour demander que ça s’arrête. Mais ça ne s’est pas arrêté. C’est quand je suis entrée au lycée où il y avait plein de personnes que je ne connaissais pas, que je suis repartie à zéro. Il n’y avait plus d’insultes, les gens ne jugeait pas mon physique. Une année de plus au collège et j’aurais sans doute fait une grosse connerie. J’avais pensé à prendre des cachets, à mettre fin à mes jours mais je n’ai pas eu le courage de le faire car je me disais que ça allait s’arrêter, mais quand ? Je ne le savais pas. Je suis partie voir un psychologue qui m’a dit que c’était un traumatisme, que ça allait passer avec le temps, qu’il fallait en parler. C’est pour ça aussi que j’ai accepté de témoigner avec l’association 'Persécuté à la récré', en me disant que ça allait aussi m’aider'' .
L'association ''Persécuté à la récré'' m'a proposée de témoigner
Emma
''L’association ''Persécuté à la récré'' m’a proposée de témoigner, et j’ai témoigné à plusieurs reprises pour expliquer ce qu’était le harcèlement ce que j’avais vécu. Je raconte comment j’ai réagi, comment les personnes autour de moi ont réagi. Il faut que toutes les victimes aient le courage de parler, que je ne sois pas la seule, qu’elles se disent que ce n’est pas normal. Pour certaines personnes, ce n’est pas grand-chose que de dire à quelqu’un qu’il est gros, moche ou petit.
Avec plus d’intervenants dans les établissements scolaires, ça changerait peut-être la donne. Peut-être que si on leur dit que ce n’est pas normal, peut-être qu’ils ne le feraient pas. Mais il ne faut pas en parler qu’aux élèves, les parents ont aussi un rôle à jouer, ils doivent eux aussi mettre des limites à leurs enfants. En leur disant, ça, ça ne se dit pas, ça ça ne se fait pas. Qu’ils fassent attention aussi à ce qu'ils disent devant les enfants, car les enfants répètent.
Mes parents m’en ont voulu de ne pas m'être confiée à eux, mais ils ont compris que c’était dur pour moi et c’était aussi pour les protéger. Je ne voulais pas qu’ils vivent ce que j’étais en train de vivre''.
Pour signaler des faits de harcèlement : le 0800 200 000 ou le numéro vert "Non au harcèlement" au 30 20 (Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h (sauf les jours fériés) sont à la disposition du public.
Concernant le cyberharcèlement, il y a un autre numéro Vert "Net Ecoute" , le 30 18.