Des ligériens lancent au Burkina Faso la première usine de lampes solaires

Au Burkina Faso a été inauguré cette semaine la toute première usine de lampes solaires. Ses fondateurs sont ligériens, ils ont l'ambition
de transformer une ressource naturelle dont ce pays jouit en abondance, les rayons du soleil, en électricité, une énergie qui lui fait cruellement défaut.

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Installée sur une dizaine d'hectares, la start-up baptisée Lagazel et lancée par deux jeunes français venus de la Loire Arnaud et Maxence

Chabanne, est adossée à une entreprise familiale spécialisée dans la transformation de métaux, l'entreprise Chabanne,  basée à Saint-Galmier, près de Saint-Etienne (Loire). L'entreprise fournit les matières premières (carte électronique, pièces métalliques, caoutchouc) à Lagazel pour la fabrication à Dédougou des lampes solaires certifiées dans le cadre du programme "Lighting Africa" (Eclairer l'Afrique) de la Banque mondiale. 
Présentées par ses créateurs comme "la toute première entreprise de fabrication de lampes solaires à l'échelle industrielle à s'installer sur le continent africain", l'usine a ouvert jeudi 13 octobre à Dédougou, à quelques 265 kilomètres à l'ouest de la capitale Ouagadougou.
"Aujourd'hui c'est le début d'une grande aventure qui est celle de mettre à la disposition des millions d'habitants du Burkina Faso qui n'ont que le soleil comme éclairage des lampes solaires efficaces, abordables et durables", s'est réjoui un des initiateurs du projet, le Français Arnaud Chabanne, lors de la cérémonie d'ouverture.

Une énergie inutilisée 
Pays pauvre enclavé d'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso a le coût de kilowatt/heure le plus cher d'Afrique. L'électricité est une denrée rare, accessible à seulement 19% des 19 millions d'habitants. En zone rurale, seule 3% de la population a le courant contre 59% en milieu urbain où les coupures sont toutefois fréquentes. Le pays produit 60% d'énergie thermique et 8% d'hydroélectricité, le reste étant importé de la Côte d'Ivoire et du Ghana voisins.
Les autorités burkinabè ont fait le pari du développement des énergies renouvelables et surtout du solaire pour sortir de cette carence énergétique. Le pays a lancé mi-juin la construction d'une centrale solaire de 33 mégawatts, "la plus grande du Sahel", selon Ouagadougou.
Le marché des lampes solaires est donc porteur dans un pays où le soleil brille, voire brûle, 365 jours par an. L'usine Lagazel, qui emploie une vingtaine de cadres et d'ouvriers burkinabè, va produire chaque semaine 1.500 lampes solaires et compte en sortir d'ici à 2020 un million.

Remplacer les lampes à pétrole
Les lampes solaires sont appelées à remplacer les lampes à pétrole, utilisées par des millions de Burkinabè privés de courant. "Outre la pollution, les lampes à pétrole ont souvent des conséquences sur les capacités visuelles de certains enfants et j'avais à coeur de développer un moyen d'éclairage écologique et surtout accessible à tous", estime Arnaud Chabanne, principal gérant de l'entreprise.
"Ce genre de projet constitue pour la France le meilleur moyen d'être aux côtés des pays africains pour construire le développement", s'est félicité le nouvel ambassadeur de France au Burkina Faso, Xavier Lapayre de Cabannes, qui effectuait là sa première sortie à l'intérieur du pays. "Ces lampes solaires permettent de faire en sorte que la lune ne soit plus seulement le seul moyen d'éclairage", a-t-il ajouté.
"Pour le moment, nous fabriquons des lampes solaires de petite taille. Mais on est en train de développer au sein de notre bureau d'études d'autres modèles plus gros qui permettront d'éclairer deux ou trois pièces d'une maison en même temps, de recharger plusieurs mobiles ou des ordinateurs", explique Maxence Chabanne.
Les six milliers de lampes solaires sortant de Lagazel chaque mois sont vendues entre 13 et 22.000  francs CFA (20 et 33 euros). L'Onu a déjà passé commande de 7.500 lampes pour les réfugiés maliens installés dans le Nord du Burkina Faso. Lagazel assure ne pas avoir peur de la concurrence des produits solaires venant d'Asie notamment de Chine qu'on trouve par milliers sur les marchés africains. "On n'est pas concurrent direct. Les petites chinoiseries ne sont pas suffisamment performantes et ne sont pas durables et de moindre qualité. On a un produit qui est compétitif en terme de prix", promet Maxence Chabanne. "Nos lampes sont certifiées par la Banque mondiale, donc ce sont des lampes de haute qualité qui répondent à des standards de fabrication très élevés", assure-t-il.

Le projet intéresse déjà d'autres pays africains confrontés aux mêmes problèmes d'électrification. Le Bénin, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Sénégal ou le Mali sont des pays partenaires où Lagazel envisage ouvrir de nouvelles usines dans les prochaines années.

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