C'est la fin d'une époque à Rive-de-Gier, la verrerie Duralex longtemps restée en friche, disparaît peu à peu du paysage de cette ancienne ville industrielle de la Loire. L'emblématique cheminée de la verrerie qui trônait à l'entrée de la commune ligérienne est en cours de démolition.
L'emblématique cheminée de la verrerie Duralex se dresse encore fièrement vers le ciel mais ses jours sont comptés. Pendant des décennies, la cheminée a dominé le paysage urbain de Rive-de-Gier et recraché des quantités impressionnantes de fumées et particules. Depuis la fermeture de la dernière verrerie de la commune, le site était à l'abandon. Il était même devenu le terrain de jeux de squatteurs et autres amateurs d'Urbex.
La friche Duralex disparaît
Le site de la dernière verrerie de Rive-de-Gier est aujourd'hui en cours de démolition. Les équipes s'affairent sur le chantier. La destruction de cette cheminée haute de plusieurs dizaines de mètres est progressive en raison des contraintes de la voie ferrée toute proche : "On va avoir environ un mois de démolition et puis on va poursuivre la démolition du site en entier qui sera terminée en septembre normalement," a expliqué Florence Hilaire, directrice générale d'Epora (établissement public foncier de l'ouest Rhône-Alpes).
La fin de 200 ans d'histoire ripagérienne ...
Cette déconstruction, c'est l'épilogue d'une saga débutée il y a plus de 200 ans dans la cité ripagérienne. L'industrie du verre était alors fleurissante. C'est dans les années 1970 qu'elle a commencé à décliner : la désindustrialisation et la concurrence étrangère ont mis un coup de frein à l'activité verrière. L'usine a changé de propriétaires plusieurs fois jusqu'à l'arrêt des fours en 2006 qui marque la fin de cette activité. Duralex, marque emblématique, était pourtant réputée incassable. C'est d'ailleurs cette entreprise qui fabriquait depuis 1946 les fameux petits verres de cantine, numérotés de 1 à 59 ...
"C'est un site que j'ai beaucoup connu. Je suis resté ici pas mal de temps. Au moment de la liquidation avec les verriers, on y a organisé pas mal de réunions," explique Jean-Claude Charvin, qui a été maire de Rive-de-Gier, entre 1995 et 2020. Ce dernier ne cache pas avoir "un petit pincement au coeur" à la vue de cette déconstruction.
Entre renouveau et nostalgie
"Mais en même temps, c'est la possibilité de résorption d'une friche qui conditionne l'entrée de ville de Rive-de-Gier, l'entrée de la Métropole et l'entrée du département de la Loire", constate Jean-Claude Charvin. La friche de près de 7 hectares avait finalement été rachetée par Saint Etienne Métropole pour 1 euro symbolique après un âpre combat juridique de près de 14 ans.
Un projet de réaménagement urbain est effectivement prévu pour l'ancienne verrerie. Pour le premier magistrat de la commune, à la tête de la ville depuis mars 2020, c'est aussi la fin d'une époque pour cette ville industrielle à mi-chemin entre Lyon et Saint-Etienne. Lui aussi est ému par cette destruction. "Le travail du verre a été important pendant 200 ans à Rive-de-Gier, des générations d'ouvriers, d'ouvrières et de jeunes s'y sont succédés. Etudiant, j'y ai travaillé pour des missions de remplacement l'été", a confié Vincent Bony.
"Mais cette histoire était déjà terminée depuis 2006, date à laquelle on a arrêté les fours. Maintenant il faut tourner la page," poursuit l'élu. Il s'agit aujourd'hui de "rendre ce site de 6,5 hectares en centre-ville disponible pour de nouvelles activités économiques, pour des activités urbaines, du logement, des services et puis un parc naturel pour retrouver la nature en centre-ville," détaille l'actuel maire Vincent Bony. Pour l'élu, redonner un avenir au site, c'est aussi "un hommage aux générations de verriers" qui ont travaillé sur le site.