Dans un petit village, Périgneux dans la Loire, à une trentaine de kilomètres de à l'ouest de Saint-Etienne, Michel Robin, le maire, entame son septième mandat. Elu pour la première fois en 1983, il dirige la commune depuis bientôt 40 ans. Il a été réélu au premier tour en mars dernier.
Voilà un homme qui pourrait en inspirer bien des politiques. Non pas qu'il soit élu avec des majorités à la Poutine, mais tout simplement réélu mandat après mandat depuis qu'il a 31 ans. Encore très vert pour ses 68 ans, vigoureux, curieux de tout, Michel Robin caresse encore bien des projets : un espace dédié au logement qui comportera des commerces de proximité, dont le déménagement de l'épicerie qui a vu le jour grâce à la ténacité d la mairie.
Car dans ce village qui a vu le nombre de ses habitants doubler en trente ans, les besoins sont réels. Le nombre d'enfants ne cesse de croître dans cette campagne où il fait bon vivre, où les collines verdoyantes sont un appel à une vie paisible et bien remplie. Des trois classes qui existaient quand il a ceint son écharpe tricolore la première fois en 1983 et aujourd'hui, une toute nouvelle école a vu le jour. Elle comporte sept classes et 174 élèves ! Preuve que le bourg se porte bien, qu'il est devenu attractif et que le télétravail pourrait bien attirer une nouvelle population avide de grands espaces à moins de 15 km de la plaine du Forez, de Veauche ou Andrézieux-Bouthéon.
Au départ, une histoire de copains
Si l'on ne peut pas dire que son engagement premier s'est fait sur un coup de tête, ce qui est certain, c'est qu'il a fallu une bonne bande de copains pour se lancer à la conquête d'une mairie dont plus personne ne voulait. Une volonté chevillée au corps, une détermination a donner un grand coup de balai, aménager et rénover tout ce qui pouvait l'être, ont conduit Michel et ses acolytes à prendre le volant de Périgneux. Dès les premières années du mandat, ce spécialiste du BTP qui deviendra quelques années plus tard enseignant dans un CFA, a des dons de pédagogie. Il sait ce qu'il entend faire et surtout, il sait l'expliquer. Une force ? Non, sire, une signature !
Le sport, du moins les équipements sportifs vont constituer la priorité des projets. Puisqu'il faut endiguer l'exode des jeunes, un stade de foot s'impose. Dès 1985, un double terrain voit le jour. Les jeunes sont ravis. Avec les années, il sera complété par un espace multisports alliant basket, hand et hockey. Pour continuer dans la voie que la municipalité s'est fixée, une salle des fêtes sort de terre en 1988.
La commune change de visage. Et Michel est réélu haut la main en 1989.
Un maire à l'écoute, proche de ses administrés
Depuis cette date, il va effectuer quatre autres mandats toujours directement élu à la place du premier édile. "Les équipes qui m'ont accompagné ont un peu changé au fil du temps, le seul qui n'ait pas bougé, c'est moi", dit-il en riant. Immuable, il poursuit sa route. La route commune. Les années passent et notre homme se transforme peu à peu. Les photos des conseils municipaux en attestent : toujours autant de cheveux, mais des petits signes qui affirment la maturité tendant vers la sagesse...
Parce que quand on est maire dans une commune de 1 500 âmes, on est au courant de tout : des problèmes de voirie (60 km tout de même !), des bâtiments municipaux, l'école et tous les tracas rencontrés par les familles, les décès, les problèmes de logement, les heureux événements aussi, les unions et les naissances. Bref, être maire, c'est H24 7/7 !
La solidarité encore vivace
En trente-sept ans; il y a bien-sûr des souvenirs à la pelle. On lui pose la question, mais le regard se fige : "par où commencer ? Des anecdotes, j'en ai plein, je ne sais pas quoi vous dire", répond Michel, dans un demi-sourire qui en dit long. Une chose qui lui revient tant elle a marqué durablement la vie des habitants : la tempête de décembre 1999. Dans ce coin du Forez, les rafales avaient dévalé à plus de 200 km/h. Les forêts n'avaient pas résisté tout comme les toitures de certaines maisons. Le toit de la mairie avait carrément été soufflé et s'était retourné comme une crêpe au beau milieu de la place. "Je n'ai jamais vu autant de solidarité. Et depuis, cette solidarité persiste à sa manière. Les gens ne sont pas indifférents les uns aux autres."
Il faut des agglo rurales à taille humaine
Embarqué, non sans un certain plaisir, sans son septième round, Michel Robin n'a jamais cherché à briguer d'autres mandats que celui de maire. Et s'il avait un regret, il n'y en aurait qu'un seul véritable. Celui de voir les maires des communes comme la sienne qui perdent des capacités de décision diluées dans la communauté d'agglomération Loire-Forez, qui regroupe 87 communes et 112 000 habitants, dans un rayon de 80 km. "Trop !" S'exclame-t-il. "On ne se connaît pas tous, loin de là. Or, un grand nombre de décisions sont prises alors que certains conseillers ne se trouvent pas dans le même bassin de vie que nous, avec notre quotidien, nos contraintes ou habitudes de déplacement. Nous aurions faire des communautés d'agglo à taille humaine, en regroupant trois ou quatre cantons, pas plus."