Conseil municipal tendu ce jeudi 28 novembre à Toulouse (Haute-Garonne). L'opposition dénonce le gel annoncé par la ville d'une grande partie des subventions attribuées aux associations et aux clubs sportifs, pour faire face aux restrictions imposées par la Loi de Finances 2025.
"C'est une décision scandaleuse", "on nous coupe l'herbe sous le pied", "c'est notre survie qui se joue". Depuis l'annonce le 22 novembre dernier par la mairie de Toulouse de la baisse drastique de crédits au sport et surtout à la culture, les clubs et les associations expriment leur colère et leur incompréhension dans la presse et sur les réseaux.
Jusqu'à 40% de subventions en moins
Ce 28 novembre à l'occasion du quatrième et dernier conseil municipal de l'année, le maire de Toulouse a confirmé le "gel" d'une partie des subventions attribuées par la municipalité dans le budget 2025 de la ville, soit moins 40% pour toutes les structures culturelles, et moins 20% pour tous les clubs sportifs. Le coup de rabot concerne près de 200 associations au total.
"Pas un gel, mais un choix politique"
La décision est largement contestée par l'opposition municipale qui a tenu à relayer l'inquiétude du monde associatif. "En mettant en péril l'équilibre de nombreuses structures, Jean-Luc Moudenc fait aujourd'hui le choix de sacrifier la culture et le sport " dénonce Antoine Maurice, conseiller et président du Groupe Toulouse écologiste et solidaire. Au-delà d'une obligation budgétaire, l'élu y voit "un choix politique non assumé de la majorité, puisque les baisses de subventions ne sont pas intégrées dans le budget 2025".
Nous qualifions ce budget d'insincère.
Antoine Maurice, conseiller d'opposition - Président Groupe Toulouse écologiste et solidaire
"Nous devons partager le fardeau"
Au nom de la majorité, Sacha Briand, adjoint aux Finances justifie un gel "prudent" en attendant la version définitive de la Loi de Finances 2025 qui sera validée par le Parlement. Avec "25 millions d’euros en moins dans les caisses de la ville" selon les projections du maire (divers droite) Jean-Luc Moudenc, la responsabilité "doit être partagée par tous les secteurs". "Nous allons faire nous-même des efforts en bloquant les recrutements, en ne remplaçant pas les départs à la retraite" annonce l'élu, qui appelle à une "répartition équitable des efforts".
Si toutes les activités du territoire ne contribuaient pas à l'effort, ce serait la destruction des politiques publiques.
Sacha Briand, adjoint aux finances - Groupe majorité municipale "Aimer Toulouse"
"D'autres solutions existent"
Pour François Briançon, socialiste et conseiller d'opposition, la situation commandait de "reporter l'examen du budget municipal" afin d'éviter la "précipitation" et prendre le temps de la discussion avec les associations concernées". Les élus d'opposition à l'unisson affirment que l'étude au cas par cas aurait pu permettre de dégager des scénarios alternatifs.
Certaines associations ont été prévenues par SMS. On est dans un processus amateur.
François Briançon, conseiller municipal d'opposition - PS
Que ce soit pour terminer leur saison sportive, ou pour entamer leur programme culturel 2025, les associations, et même les musées toulousains, sont désormais confrontés à un véritable casse-tête pour s'adapter à la réduction de leur budget.
Théâtre du Grand Rond : les tarifs réduits en danger
Au théâtre du Grand Rond les subventions des collectivités couvrent 30% du budget annuel. Les salariés de la coopérative se désolent d'une décision qui aura des conséquences négatives sur l'offre culturelle de l'établissement. Sophie Sciabica explique que les séances sont actuellement accessibles au plus grand nombre, grâce à des entrées ne dépassant jamais 14 euros. Selon la salariée, la baisse des subventions conduira à devoir supprimer les tarifs réduits, à commencer par ceux réservés aux 18 000 enfants accueillis chaque année.
Les enfants paient aujourd'hui 6 euros. Nous devrons multiplier par 3, on risque de les perdre.
Sophie Sciabica, salariée associée Coopérative Théâtre du Grand Rond
Toulouse Olympique : rogner sur la formation
Depuis son récent rachat, les propriétaires du Toulouse Olympique XIII ont fait le choix de moins s'appuyer sur les subventions publiques, qui ne représentent plus que 5% de leurs ressources. Malgré tout, c'est 50 000 euros qui vont manquer au début 2025. Le président Olivier Dubois estime que l'école de formation devra réduire la voilure.
On devra mettre moins d'argent dans la formation et l'accompagnement des jeunes.
Olivier Dubois, président Toulouse Olympique XIII
Encore un espoir ?
À la mairie, la majorité explique que les "gels" annoncés (20% et 40%) sont "un maximum" qui pourrait être revu en fonction de la version définitive de la Loi de Finances 2025. "On verra combien on peut verser en plus quand la loi sera votée" déclare Sachat Briand.