Jeudi 28 novembre, la ville de Toulouse tient son dernier conseil municipal de l'année. À l'ordre du jour, la question du budget pour l'année 2025, alors que le Projet de loi de finances est toujours en débat à l'Assemblée. Un autre sujet devrait aussi s'inviter dans les échanges : l'affaire Samir Hajije, cet élu de la majorité ayant porté plainte pour violences, finalement classée sans suite.
L'ambiance s'annonce tendue. Pour le quatrième et dernier conseil municipal de l'année à la mairie de Toulouse, les 69 élus autour de la table auront la lourde tâche de voter le budget 2025 de la Ville rose.
Un ordre du jour que certains ont du mal à concevoir, dans le contexte politique national actuel, alors que le Projet de loi de finances 2025 est encore loin d'être adopté à l'Assemblée. Pour François Briançon, socialiste et conseiller municipal d'opposition, "la question de décaler l'examen du budget se pose. Mais M. Moudenc a pris la mauvaise habitude de n'organiser que quatre conseils municipaux par an. De mon point de vue c'est un examen précipité, il aurait été préférable de le reporter."
Pour Sacha Briand, adjoint au maire en charge des finances, voter le budget de la ville avant la fin de l'année permet de "commencer le versement des subventions aux associations. Comme toutes les grandes collectivités de France on vote le budget avant le 31 décembre."
Faire des économies, une priorité
Pour celui qui est également vice-président de Toulouse Métropole, "on sait qu'il va y avoir des impacts négatifs liés au Projet de loi de finances. Il y a un risque de coupes budgétaires de 25 millions d'euros pour la ville, 45 millions pour la métropole, poursuit-il. C'est pour cela qu'à la mairie, pour faire des économies, on suspend tous les recrutements, on ne remplace pas les départs à la retraite, et on va travailler pour faire des économies sur la masse salariale. Mais ces économies, nos partenaires doivent aussi en faire, de même que les associations."
C'est bien là un des principaux points de tensions. En cette fin d'année, les associations sportives, comme le Toulouse Football Club ou le Stade Toulousain devraient percevoir 20% de subventions en moins, et le chiffre monte à 40% pour les associations culturelles.
"Pourquoi ce choix politique ?", dénonce Antoine Maurice, conseiller municipal d'opposition et président du groupe Toulouse écologiste & solidaire. "Ce budget de la majorité nous est présenté avec toutes ses conséquences et contradictions. Nous le jugeons inscincère. D'un côté on nous dit que les recettes ne baissent pas, mais derrière, on nous fait voter des baisses de subventions."
François Briançon de poursuivre : "Ce choix aurait mérité un dialogue avec les associations concernées. Mais il n'a pas eu lieu. Certaines ont été prévenues d'un simple SMS. On est dans un processus précipité, trop automatique, pour ne pas dire amateur."
Ce choix de geler une partie des subventions versées aux associations, Sacha Briand le défend. "On nous accuse de baisser les subventions, mais c'est bien un gel, c'est différent. De la même façon que les crédits votés dans le budget sont aussi gelés, en attendant le Projet de loi de finances" (PLF).
Un gel, qui permet à la municipalité de faire des économies, avant le vote du budget de l'Etat, attendu pour décembre ou janvier. "On votera ensuite un budget supplémentaire, d'ici à juin, qui permettra d'absorber les conséquences négatives du PLF, poursuit l'élu. En 2025, on dégèlera le reste des subventions pour les associations, mais cela se fera au cas par cas. Certaines ne toucheront que 10, 15, ou 20% supplémentaires."
Une "agression" polémique
Un point en particulier n'est pas inscrit à l'ordre du jour, mais sera bien abordé lors de ce conseil municipal très attendu. Il s'agit de la polémique autour de Samir Hajije, conseiller municipal de la majorité. Le 22 novembre dernier, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc s'indignait de l'agression de cet élu, "violemment passé à tabac" à la Bourse du Travail de Toulouse, alors qu'il souhaitait assister à une réunion sur la lutte pour la libération du Sahara occidental, dans les locaux de la CGT 31.
Finalement, sa plainte est classée sans suite après l'examen des vidéos récoltées par les enquêteurs, qui ne révèlent aucun coup porté.
Parmi les membres de l'opposition, qui sont nombreux à avoir apporté leur soutien à l'élu, plusieurs questions se posent désormais. Antoine Maurice assure qu'il abordera le sujet en liminaire : "On voit qu'il y a eu une exagération. Le plus grave, c'est l'instrumentalisation du maire, qui semble faire partie d'une stratégie globale, car ce n'est pas la première fois que ce type de situation se produit."
Le président de Toulouse Ecologiste & Solidaire fait référence à une autre réunion organisée à a Bourse du travail en 2023, cette fois sur le conflit israëlo-palestinien, de laquelle la conseillère municipale Nicole Yardeni avait été expulsée.
"C'est surtout au maire d'aborder le sujet, espère François Briançon. Car la vérité ne semble pas être celle que l'on nous avait présenté dans un premier temps. Le maire a-t-il été abusé par son conseiller ? Ce n'est en tous cas pas très sérieux..."
Sur ce sujet polémique, le membre de la majorité Sacha Briand assure qu'il n'a "aucune raison de remettre en cause les paroles de Samir Hajije", même s'il concède avoir "suivi l'affaire de loin".
Le conseil municipale de la Ville de Toulouse débutera à 9h30 jeudi 28 novembre. 144 délibérations sont inscrites à l'ordre du jour. Il peut être suivi en direct vidéo, via le site de Toulouse Métropole.