La femme de 81 ans a été relaxée au bénéfice du doute, de l'accusation de proxénétisme aggravé. Le procureur avait requis une peine de huit mois de prison avec sursis et une amende de 3 000 euros.
Une Montbrisonnaise (Loire) de 81 ans a été relaxée de l'accusation de proxénétisme aggravé. Elle est la propriétaire d'un logement qu'elle a loué à plusieurs prostituées, via la plateforme AirBnb, entre décembre 2019 et mai 2021. Le parquet avait requis huit mois de prison avec sursis et une amende de 3000 euros.
La question qui a dominé toute l'audience était de savoir si la vieille dame a préféré fermer les yeux sur les activités de prostitution de ses locataires, ou bien les a-t-elle réellement ignorées ? De son côté, elle affirme n'avoir jamais vu de clients attendre en bas de l'immeuble. Elle explique aussi n'avoir jamais douté des motifs que les jeunes femmes lui apportaient pour revenir dans cet appartement de Montbrison. L'octogénaire accepte par la suite d'être payée en espèces et ne déclare rien au fisc "pour l'argent", admet-elle du bout des lèvres à l'audience. "Pourvu qu'on me donne des sous je me fous du reste".
Alertés il y a plusieurs mois par le voisinage, la gendarmerie avait ouvert une enquête. Au cours de leurs investigations, ils ont pu identifier une cinquantaine de clients. Convoqués au tribunal, ils ont été reçus par le délégué du procureur. Ce dernier leur a rappelé les motifs économiques, psychologiques, familiaux et culturels qui tissent la trame de la prostitution. Ils risquent une amende de 1 500 euros.
"On se trompe de cible"
A l'audience, l'image que renvoie cette ancienne commerçante n'est pas celle d'une proxénète. Elle apparaît frêle et perdue "je me suis fait avoir, c'était un peu d'argent pour donner à mes enfants."
L'avocat de la vieille dame, Maître Romain Maymon avait demandé la relaxe. Pour lui, on s'est trompé de cible "ce qui me choque, c'est qu'on poursuive cette dame de 80 ans, alors que sur des sites en ligne, on peut payer pour avoir des clients et se prostituer. Ce sont ces gens qui permettent la prostitution, et pas les pauvres gens, qui sont les hôtes involontaires de ces dames, qui sont les vrais auteurs."