Depuis janvier, tous les puits dans le secteur de la communauté de communes du Pilat Rhodanien sont testés une fois par mois. L'objectif : mesurer la présence de PFAS, ces perfluorés rejetés par des industriels dans le Rhône et dont certains sont classés cancérogènes.

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"La question pour nous, c'est le traitement de l'ensemble de nos puits, on parle de millions d'euros à ce niveau-là". Celui qui parle c'est Serge Rault, président de la communauté de communes du Pilat Rhodanien et maire de Saint-Pierre de Boeuf (Loire).

Des communes situées en bordure du Rhône et où l'ensemble des 8 puits de captage d'eau potable dans la nappe alluviale sont contaminés au PFAS. Un nom barbare pour des composés perfluorés qui, depuis ces décennies, ont été rejetés dans le fleuve par des industriels de la "vallée de la chimie" lyonnaise.

Or, nombre de ces PFAS, presque indestructibles et donc souvent appelés "polluants éternels" sont classés comme cancérogènes.

Des taux faibles dans la majorité des cas

Si la plupart sont concernés à des "niveaux faibles", deux d'entre eux, un à Saint-Pierre-de-Boeuf, un autre à Chavannay, sont déconnectés du réseau pour cause de contamination trop importante. Le dernier, réalisé récemment pour un investissement de l'ordre de 400 000 euros pour "sécuriser l'approvisionnement en eau" des communes alentour ne sera tout simplement pas mis en service.

La faute à des taux de PFAS non conformes découverts depuis le lancement de la procédure de construction. L'occasion pour monsieur le maire de rappeler qu'avant 2022/2023, les tests sur la qualité de l'eau n'incluaient pas les PFAS". Et de constater qu'en la matière, la France a été plus réactive que l'Union européenne.

Un suivi mensuel de la pollution

Dans la communauté de communes du Pilat Rhodanien, le suivi des polluants est désormais mensuel depuis janvier, à raison d'un demi-litre par puit. Des prélèvements réalisés à l'initiative des collectivités dans les zones concernées car en l'état, la recherche systématique des PFAS dans l'eau destinée à la consommation humaine n'aura lieu qu'à partir du 1er janvier 2026.

À l’origine, quand le scandale des PFAS a éclaté, des mesures ont été mises en place par l'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes dès 2022. D'autres ont suivi depuis et ont débouché sur la publication de ces résultats au 1er octobre 2024 :

  • 5 situations de non-conformités : à Peyraud et Cruas (puit privé) en Ardèche ; à Ternay, Vourles, et Corbas (puit privé) dans le Rhône.
  • 6 situations de non-conformité ont été résolues par la mise en place de station de traitement au charbon actif à Valence dans la Drôme, à Rumilly en Haute-Savoie, à Jonage dans le Rhône. Ailleurs, c'est l'optimisation des mélanges d'eau qui a permis de réduire les taux de pollution : Millery-Mornant, aéroport Saint Exypéry (Rhône) à Vichy et à Saint-Victor (Allier).
  • 5 situations font l’objet d’un suivi particulier (situations dites « à confirmer ») : Mauves (Ardèche) ; Péage de Roussillon, Anthon et Marcilloles (Isère) ; Saint Pierre de Boeuf (Loire) ; Chambéry (Savoie).

"On ne peut pas ne rien faire"

La conséquence directe, c'est que la collectivité cherche des solutions pour répondre à cette situation. Car si, pour l'heure, les seuils sont dans l'ensemble en dessous des normes en vigueur, l'édile explique qu'il faut agir.

On part du principe que les seuils admissibles vont baisser à l'avenir, et de toute façon, quand on sait qu'il y a une pollution, on ne peut pas ne rien faire.

Serge Rault, maire de Saint-Pierre de Boeuf et président de la communauté de communes du Pilat Rhodanien

Au printemps 2025, une étude technique va être réalisée en lien avec l'Agence régionale de santé, pour quantifier le problème très précisément et envisager des solutions de dépollution. En ligne de mire : l'hypothèse de la mise en réseau de l'ensemble des puits et leur connexion avec un dispositif de traitement via des filtres à charbon.

Une solution onéreuse : "on parle millions d'euros à ce niveau-là" déplore Serge Rault. Mais qui va payer ? Il confie que "dans le contexte, les aides de l'Etat, de la région et du département ne vont pas aller en augmentant" (...) forcément il y aura cette partie pour l'usager ".

Il n'y aura pas le choix, s'il faut mettre plus, on devra mettre plus parce que le territoire sans cette eau-là ne peut pas exister.

Serge Rault

La mauvaise nouvelle pour les habitants de la zone, c'est donc que le prix de l'eau va très certainement augmenter. Actuellement, au pied du Pilat, le mètre cube d'eau potable (provenant à 30% des sources et 70% des puits de captage) est facturé environ 2,70 euros dans la communauté de communes.

Pollueur-payeur ?

Pour l'élu la vraie question, c'est "est-ce que les responsables vont financer aussi ?" et d'avouer "on attend pas mal des décisions de justice sur les actions en cours".

Une référence aux multiples plaintes qui ont été déposées par les collectivités de la région en aval de la "vallée de la chimie", dont les communes du Pilat Rhodanien. Avec l'espoir de faire appliquer le principe du "pollueur-payeur".

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