A quelques jours du second tour des élections législatives, les électeurs du Roannais devront choisir entre la députée sortante, Nathalie Sarles (Ensemble) et le candidat LR Antoine Vermorel-Marques. Regardez le débat d'entre deux tours de la 5e circonscription de la Loire, sur France 3.
Dans la 5e circonscription de la Loire, un duel aura lieu entre Nathalie Sarles, députée sortante Ensemble !-Renaissance et Antoine Vermorel-Marques, candidat LR. Ils sont présents sur le plateau de France 3 Rhône-Alpes pour débattre à quelques jours du second tour des élections législatives.
Le débat est présenté par Claire Exbrayat, journaliste de France 3 Loire et Eric Garrivier, journaliste de la Tribune-Le Progrès. Ce qu'il faut retenir de ce face-à-face entre les deux candidats.
Echos de campagne :
Les résultats du premier tour qui placent Nathalie Sarles en ballottage défavorable. Le candidat Les Républicains Antoine Vermorel-Marques bénéficie d’une confortable avance d'un millier de voix.
Mais comment expliquer le recul de la candidate de la majorité présidentielle par rapport aux élections de 2017 ? Un recul de 5000 voix. La parlementaire sortante ne se démonte pas. « 2017 nous étions un mouvement jeune, un mouvement qui apportait des idées nouvelles, un renouvellement. Donc il y a eu un engouement pour le mouvement d’Emmanuel Macron. 2022 nous avions un bilan à défendre, c’est beaucoup plus difficile. Et de nouvelles forces se sont organisées sur le pays. Effectivement nous avons perdu de nombreuses voix,» admet Nathalie Sarles. «Sur le territoire roannais, la droite a fait une campagne très active avec un soutien de députés locaux très agressifs », ajoute-t-elle en référence à une campagne très tendue. La députée sortante a notamment été attaquée sur sa visibilité sur le terrain et son action dans l’hémicycle.
Pour Nathalie Sarles, il faut « balayer ces incidents qui sont aussi responsables de l’abstention ». Son adversaire Antoine Vermorel-Marques acquiesce : « c’est un constat que je partage. Je considère qu’on doit avoir un débat de méthode et un débat d’idées. C’est ma ligne de conduite depuis le début. A aucun moment je ne me suis permis d’insulter ou de critiquer Nathalie Sarles ».
Le candidat LR, parti très tôt en campagne, explique sa première place par son action sur le terrain. L’élu local a arpenté le territoire en se rendant dans les 91 communes de la circonscription, « j’ai tenu 51 réunions publiques », a-t-il expliqué. Une présence sur le terrain pour faire passer un message et une image : celle d’un député « libre et actif », d’un député « proche de tous ». « C’est qui explique l’engouement mais qui est relatif, ce n’est que le premier tour », ajoute-t-il en faisant profil bas.
Lutter contre l'abstention
Pour Nathalie Sarles, « l’enjeu de ce second tour est de remobiliser les abstentionnistes ». Elle entend être présente sur le terrain. « Il faut expliquer sans cesse et sans cesse ». La députée sortante explique vouloir « aller chercher ces personnes que l’on a identifiées et qui ne sont pas allées voter ». Nathalie Sarles évoque son réservoir de voix qui se situe à gauche : « en 2017, les voix de gauche s’étaient beaucoup portées sur le vote macroniste, alors qu’en 2022, la gauche modérée qui ne souhaitait ni voter pour la Nupes, ni pour moi, a beaucoup boudé les urnes. Là nous avons un réservoir de voix important. Il y a moyen de remobiliser l'électorat », assure la députée sortante.
Antoine Vermorel-Marques s’inscrit en faux et dénonce la «logique électoraliste» et le manque de sincérité de son adversaire : « on n’est pas dans un marché électoral ! Je viens d’un milieu rural où l’abstention est très forte où le dégoût de la politique est énorme. Les gens n’attendent pas de nous qu’on les identifie ou qu’on les cherche mais au contraire qu’on aille les convaincre (…) ils attendent des élus qui soient proches d’eux pas des élus qui essaient de les identifier dans un débat d’entre deux tours. Au contraire qu’ils soient là dans une démarche de sincérité avec eux ».
Devant cette attaque Nathalie Sarles défend son action et croise le fer : « En tant que députée sortante j’ai passé 5 ans sur le terrain, vous m’avez vu sur toutes les communes de votre canton. Ce travail de terrain je l’ai fait pendant 5 années. Je ne veux pas entendre dire que j’ai été une élue hors sol !»
Les trois principaux thèmes du débat :
- Comment répondre à l'urgence écologique ?
Nathalie Sarles a été commissaire au développement durable et membre du Comité National de l’Eau. Sur ce thème, elle soutient qu’il faut un combat « acharné » contre les émissions de gaz à effet de serre. Dans le viseur de la candidate : le transport et le logement évoquant les primes lancées durant le premier quinquennat Macron. Attaquant son adversaire, la députée sortante ajoute : « le groupe Les Républicains que vous représentez M.Vermorel n’a pas voté la majorité des textes concernant l’écologie. J’ai un sérieux doute sur votre capacité à vous mobiliser sur ces sujets, alors que c'est l'enjeu primordial de demain ».
Antoine Vermorel réplique et admet : « Je sais que dans ma famille politique l'écologie n'a pas été toujours très bien portée mais je ne suis pas le représentant ici des députés élus entre 2017 et 2022. je suis un candidat nouveau avec des idées nouvelles». Ses principales propositions sur le thème : « une France Zéro carbone » qui investit dans le nucléaire. Il propose aussi la rénovation des bâtiments, des entreprises et des particuliers, sans conditions de ressources. Pour son adversaire, au contraire , « il faut cibler les personnes les plus vulnérables ». Il retorque : « Ma Prime Renov est un bon dispositif mais il est conditionné aux ressources. Il est soumis à l'échec ! » .
- Pouvoir d'achat et déplacement : comment aider ceux qui dépendent de leur voiture ?
Evoquant le bilan du quinquennat écoulé, Nathalie Sarles rappelle les mesures prises pour soutenir le pouvoir d’achat en matière de transport mais aussi d’énergie (électricité, gaz et fioul domestique). La candidate se dit aujourd’hui « persuadée » qu’il faut mettre en place des primes sectorielles en fonction des métiers et des ressources. La candidate pense notamment aux soignants, aux auxiliaires de vie et aux artisans…. « Le programme à venir, ce sont les aides sectorielles », annonce la députée sortante.
De son côté, Antoine Vermorel-Marques est opposé à ce dispositif d'aides sectorielles, dénonçant les effets de seuil. « Je pense qu’il y a des personnes qui sont en dehors de ces aides. Comme les retraités modestes obligés de prendre leur voiture pour faire leurs courses ».
Concernant la taxe sur les carburants, le candidat LR la juge « injuste ». La hausse du prix du carburant à la pompe est selon lui « une hausse d’impôts déguisée». Nathalie Sarles dénonce des propos démagogiques. « A quoi servent les taxes ? A financer le fonctionnement de l’Etat ! Quand on dit haro sur les taxes, c’est de la démagogie ! L'Etat a besoin des impôts pour pouvoir mener une politique sociale, une politique sur les équipements. Il faut arrêter de dire quelles servent à l'Etat à s’en mettre plein les poches », tempête la députée sortante.
Sur le sujet du pouvoir d'achat, la candidate de la majorité présidentielle met en avant le poids des élus d'opposition : « vous n'aurez aucun levier ! Les amendements que vous allez peut-être déposer seront-ils acceptés par la majorité ? (..) Quand on a un élu de la majorité, on a une voix beaucoup plus percutante que quand on est un élu de l'opposition ! » annonce-t-elle. « Vous avez une drôle de conception de la démocratie», réplique son adversaire.
Sur la question des transports, la candidate évoque la programmation des territoires sur la transition écologique. Elle évoque l'idée d'une tarification sociale plus avantageuse pour les habitants de l'agglomération de Roanne.
Pour le candidat LR, l'urgence c'est le ferroviaire, « le transport propre par excellence». Antoine Vermorel-Marques déplore l'abandon de la ligne TGV qui passe par Roanne. Il déplore aussi l'état de la ligne TER Clermont – Lyon via Roanne.
- Santé en souffrance : comment attirer des soignants ?
Selon le candidat LR, il manque 25 000 soignants à l'hôpital public. C'est un constat «catastrophique» : «15 000 Roannais n'ont pas de médecin traitant généraliste». Il dénonce notamment des années d'inaction et un numerus clausus trop fermé. Que faire ? Pour Antoine Vermorel, « il faut réfléchir à la répartition des médecins». Orienter les jeunes médecins vers les déserts médicaux : «qu'on puisse leur dire vous devez un service de 4 ou 5 ans dans une zone rurale ou en désert médical».
Nathalie Sarles reprend la parole. Face au manque d'intérêt, «il faut plus incitations à des jeunes médecins pour venir s'implanter sur nos territoires», explique la députée sortante. Pour améliorer l'accès aux soins, elle propose la généralisation de téléconsultation «dans certains domaines». Elle propose aussi de «faire venir plus de stagiaires sur territoire» ou d'ouvrir la possibilité de prescriptions «sous couvert de médecins» vers les paramédicaux, sages-femmes, infirmiers ou encore kinésithérapeutes.
Pour Antoine Vermorel-Marques, « la santé ne doit pas être une question d’argent».
Un duel serré en perspective
En 2017, Nathalie Sarles avait bénéficié de la vague Macron et d'une division à gauche. Elle avait emporté la circonscription de Roanne. Une surprise alors que cette 4e circonscription ligérienne était détenue depuis 1993 par la droite. En 2017, Nathalie Sarles s'était imposée au second tour face à la candidate LR Clothilde Robin (24,78%) avec près de dix points d'avance au premier tour. Au deuxième tour des législatives de 2017, la marcheuse s'était imposée avec 53,13% des voix, contre 46,87% pour son adversaire de droite.
En 2022, c'est une nouvelle fois un duel majorité présidentielle - Les Républicains qui va se jouer au second tour. Mais cette fois-ci, la députée sortante macroniste est en ballottage défavorable. Elle a même perdu un peu plus de 5000 voix par rapport au premier tour de 2017.
Dimanche 12 juin, Nathalie Sarles a recueilli 23,41% des suffrages exprimés contre 25,77% pour son adversaire Antoine Vermorel-Marques qui mène une campagne extrêmement active sur le terrain. Ce sont 1189 bulletins qui séparent les deux candidats. Où sont les réserves de voix de la parlementaire sortante ? Le duel s'annonce serré.
La majorité présidentielle va-t-elle réussir à conserver cette circonscription arrachée à la droite en 2017 ? La Droite républicaine va-t-elle parvenir à reconquérir son ancien fief ? Dans cette circonscription, l'abstention a atteint 49,46% au premier tour des législatives. En bref, 54 802 habitants inscrits sur les listes électorales ne sont pas allés voter. La députée sortante peut résister à l’offensive LR à condition de convaincre les abstentionnistes et des électeurs qui ont donné leurs bulletins à des candidats de gauche au premier tour.
Qui sont les candidats ?
• Antoine Vermorel-Marques, à 28 ans, le candidat LR a occupé la fonction de conseiller presse du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale. Il est conseiller départemental du canton de Renaison. ll est également à ce jour, second adjoint au maire de Renaison.
• Nathalie Sarles, 60 ans. la députée sortante de la majorité présidentielle brigue un 2e mandat. L’élue, infirmière de profession, a fait ses premiers pas en politique lors des élections municipales de 2008 à Villerest sur une liste citoyenne (divers gauche). Elle a été première adjointe du maire Paul Court et vice-présidente à l’agglomération. De 2014 à 2017, elle était conseillère municipale d’opposition à Villerest. Nathalie Sarles a également été commissaire au développement durable et membre du comité national de l’eau.
Portrait de la 5e circonscription
La 5e circonscription de la Loire, au nord du département, s'étend sur 91 communes. Elle va de Saint-Just-en-Chevalet à Belmont-de-la-Loire en passant par Roanne et Charlieu. Elle compte 142 322 habitants selon le dernier recensement de l’INSEE. Dans cette circonscription rurale, près de 30 % des habitants sont des retraités. Plus de 83 % des résidents utilisent un véhicule pour aller travailler. D’ailleurs, plus d’un actif sur deux est un ouvrier ou un employé. 60% des habitants de cette circonscription font partie de la classe moyenne.