Un père de famille a roué de coups, avec des amis, un mineur isolé qu'il suspecte d'avoir agressé sexuellement sa fillette de six ans. L'adolescent, un Guinéen qui vit dans un foyer pour mineurs isolés, nie les faits et a porté plainte mercredi.
C'est une affaire qui rencontre un vaste écho médiatique pour plusieurs raisons : une fillette de six ans a été agressée sexuellement à son domicile à Roanne selon ses parents dans la nuit du 20 au 21 octobre et le père a voulu se faire justice lui-même le lendemain avec trois amis en rouant de coups un mineur isolé suspecté d'être l'agresseur de la fillette.
"Je comprends qu'un père ou une mère de famille soit extrêmement choqué quand sa fille de 6 ans est attouchée sexuellement, mais en même temps, je veux dire que c'est aussi une défaite collective de voir que les gens veulent se faire justice eux-mêmes", a notamment déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur les ondes de France Inter ce jeudi 27 octobre.
L'adolescent, qui a été placé en détention provisoire sur décision du juge des libertés et de la détention, a été mis en examen pour agressions sexuelles aggravées sur mineur de moins de 15 ans, dans le cadre de l'information judiciaire qui a été ouverte par le parquet de Roanne. Le père de famille et ses trois amis ont été placés en garde à vue dans le cadre de l'agression du mineur isolé. Ils sont auditionnés par la police ce jeudi 27 octobre.
Le père de la fillette dit avoir reconnu le suspect grâce à une photo
C'est dans la nuit du 20 au 21 octobre que la mère de famille dit avoir surpris l'adolescent âgé de 16 ans dans la chambre de sa fille qui aurait subi des attouchements de sa part.
Intercepté la nuit suivant l’agression, à proximité du domicile de la famille, l’adolescent originaire de Guinée a reçu de multiples coups de pied et de poings sur tout le corps, ainsi qu’au visage, de la part du père de famille qui était accompagné par trois amis. Gisant au sol, l'adolescent a ensuite été fouetté avec un câble électrique.
Selon le procureur de la République de Roanne, le père de famille et ses amis ont intercepté le mineur isolé qui se baladait dans le quartier vers 2 heures du matin, la nuit suivante l'agression de la fillette. "Ils vont l’intercepter, le maîtriser, le prendre en photo. Le père de famille va ensuite montrer la photo à sa compagne qui le reconnaît formellement", a expliqué le procureur Abdelkrim Grini.
Selon le procureur, l'adolescent serait peut-être mort sans l'intervention de la police. "La justice, ce n’est pas la vengeance. Cela dépasse l’entendement", a t-il dénoncé.
Le mineur isolé nie et les faits et a déposé plainte
Mis en examen et placé en détention provisoire dans une prison de la région lyonnaise, l'adolescent suspecté de l'agression sur la fillette nie totalement les faits, comme l’explique son avocate, Me Camille Thinon au journal Le Parisien. "Il faisait nuit. Mon client dit qu’il n’a jamais été dans cette maison, qu’il était au mauvais endroit, au mauvais moment". Le mineur isolé a porté plainte mercredi contre ses agresseurs.
Le père de famille, et ses trois amis présents au moment du tabassage de l'adolescent, ont été placés en garde à vue. Ils sont auditionnés ce jeudi 27 octobre par la police. Ils doivent répondre de violences aggravées en réunion avec usage d'une arme. Au micro de la chaîne BFM TV, le père de famille, a dit assumer les faits et "ne rien regretter" de l'agression de l'adolescent.
L'avocat de l'un des amis du père de famille présent lors du tabassage du mineur isolé nous a confié ce qu'avait vu son client. "Quand ils ont su que c'était une agression sexuelle caractérisée et qu'ils ont vu l'agresseur qui rôdait à nouveau dans le quartier le lendemain, ils ont agit en état de légitime autodéfense", nous dit maître Metaxas, l'avocat de l'un des amis du père. Son client est un voisin qui dit ne pas avoir participé au tabassage du mineur âgé de 16 ans, mais il reconnaît les faits de violence. Placé en garde à vue, il sera auditionné lui aussi dans la journée.