À Roanne dans la Loire, un homme a tabassé un adolescent qu'il suspecte d'avoir agressé sexuellement sa fille. "En France, on ne se fait pas justice soi-même", a condamné le procureur.
C'est un fait-divers largement commenté sur les plateaux télé des chaînes d'information, mais aussi sur les réseaux sociaux. À Roanne, le père d'une jeune fille a roué de coups, avec l'aide de trois amis, un adolescent qu'il suspecte d'avoir agressé sexuellement sa fille. Dans les sondages en ligne publiés par certains médias, chacun donne son avis sur cette "vengeance".
Mais le procureur de Roanne, Abdelkrim Grini, a tapé du poing sur la table mercredi 26 octobre pour rappeler un fait essentiel au micro de Franceinfo: "En France, on ne se fait pas justice soi-même. La loi du talion n'a rien à faire dans notre pays. C'est la justice qui doit sanctionner", a ajouté le procureur de la République.
L'adolescent suspecté d'agression sexuelle a été interpellé
Dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 octobre, une mère s'était retrouvée nez à nez avec un jeune homme sortant de la chambre de sa fille qui venait de subir des attouchements. La nuit suivante, le père, aidé de trois amis, a retrouvé le suspect et l'a roué de "coups de pied", de "coups de poing" et l'a "fouetté à l'aide d'un câble électrique alors qu'il gisait au sol", précise le procureur. "Il avait le corps lacéré. Les médecins lui ont délivré 10 jours d'ITT."
"L'État de droit, c'est de laisser la justice faire son travail, martèle Abdelkrim Grini. En l'espèce, la justice a même très bien travaillé puisque ce jeune homme de 16 ans a rapidement été interpellé puis présenté à un magistrat instructeur qui l'a mis en examen et placé en détention provisoire".
"Je peux comprendre la colère du père"
"Je peux comprendre la colère du père, reconnaît tout de même le procureur de la République. Mais je ne peux pas admettre qu'on se comporte de cette manière, fut-ce avec l'agresseur de sa fille".
En parallèle de l'information judiciaire ouverte pour agressions sexuelles aggravées sur mineur de moins de 15 ans, le parquet de Roanne a ouvert une enquête visant le père de l'enfant pour "violences aggravées ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours" et aggravée par la "réunion" et l'"usage d'une arme". Le père de famille et ses trois amis seront donc bientôt entendus par la police sur ces faits. Quant à l'adolescent, il nie avoir agressé sexuellement la fillette.