L'historien ligérien Jean-Paul Nomade s'est intéressé au sort des poilus des cantons ruraux du Roannais, pour mettre en lumière un drame méconnu : des soldats rentraient fous des combats...
Outre les morts et les blessés, la première Guerre Mondiale a également fait des victimes de traumatismes. L'historien ligérien Jean-Paul Nomade s'est intéressé au sort des Poilus des cantons ruraux du Roannais. Trois années de recherches sur ces poilus, guidé par des documents d'époque.
L'historien a travaillé sur une des conséquences encore méconnue de ce conflit sanglant : le sort des poilus devenus fous au combat, à cause du bruit, du sang et des terribles conditions de survie dans les tranchées. De retour à la vie civile, ces anciens combattants souffraient de graves séquelles psychologiques, de troubles et d'angoisse... on disait à l'époque que ces anciens poilus souffraient d'"obusite". On les soignait parfois à l'électricité.
Mais la plupart de ces "aliénés" étaient souvent abandonnés à leur sort. Nombreux d'entre eux mouraient dans l'oubli. Un tabou dans de nombreuses familles. Ces soldats traumatisés n'ont jamais été réhabilités. Aucun chiffre précis n'existe à leur sujet. Mais des historiens ont recensé plusieurs milliers de cas d'internement de poilus dans des asiles entre 1914 et fin 1918.
A lire : La Grande Guerre en Roannais - de Jean-Paul Nomade
Pour approfondir la question ...
L'historienne lyonnaise Marie Derrien a rédigé en 2015 une thèse soutenue à l'université Lyon 2 sur le sujet des Poilus traumatisés par les combats et la vie dans les tranchées. Parmi ses sources, des documents retrouvés à l'hôpital du Vinatier, à Lyon. C'est là que ces aliénés de la grande guerre étaient pris en charge.Sa est thèse intitulée "La tête en capilotade", les soldats de la Grande Guerre internés dans les hôpitaux psychiatriques français. Elle est en accès libre sur internet.