Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, s'est exprimé mercredi 7 décembre au sujet des affaires révélées par le journal Médiapart. L'élu dénonce un "acharnement politique", pointe Laurent Wauquiez. Le conseil de la Métropole ce 8 décembre s'annonce une nouvelle fois agité, toujours entre démission et résistance.
Le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, (ex-LR) reconnaît avoir évoqué devant son ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues, la vidéo où ce dernier se fait masser par un homme dans un hôtel à Paris en 2015. Dans un dernier entretien accordé exclusivement à l'AFP et au Progrès ce 7 décembre 2022, l'élu assure l'avoir fait seulement pour "le mettre mal à l'aise".
Accusé d'être le commanditaire de cette sextape, pour exercer un présumé chantage sur son ancien premier adjoint, il se dit "terriblement blessé" et victime d'un "acharnement" politique, derrière lequel il voit la main de Laurent Wauquiez.
"Déclaration de guerre"
C'est dans une conversation en novembre 2017, que Gaël Perdriau aurait évoqué cette sextape. Il aurait reproché vivement à son premier adjoint de l'époque d'avoir "échangé longuement" avec Laurent Wauquiez, président Les Républicains (LR) de la région Auvergne Rhône-Alpes, à l'occasion du récent congrès des maires.
Une conversation qui n'aurait pas plu au maire stéphanois. Selon lui en 2017, "on est dans une période d'extrême tension entre la région et la ville de Saint-Etienne". La cause ? Selon l'élu, sa position en faveur de Bruno Le Maire, pour les primaires de LR, en 2016, aurait été perçue par Laurent Wauquiez, comme "une déclaration de guerre".
"Avec Laurent Wauquiez, c'est pas compliqué, si vous ne faites pas allégeance vous devenez une cible et je ne suis pas le seul à le dire"
Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne
"Pour le mettre mal à l'aise"
"Alors, quand mon premier adjoint, en qui j'ai fait une totale confiance, manigance dans mon dos avec Laurent Wauquiez, évidemment je vois rouge, explique Gaël Perdriau. D'autant plus que ses explications sur ces rencontres secrètes sont particulièrement évasives".
Il assure que c'est la seule fois où il a évoqué cette vidéo avec Gilles Artigues. "Je cherche effectivement, le ton montant, à le blesser. Cette vidéo dont j'ai entendu parler, c'est pour moi l'occasion de l'évoquer pour le mettre mal à l'aise." Et réfute toute les accusations de chantage. "Je n'ai jamais fait de chantage à Gilles Artigues. Pour obtenir quoi ? A ce jour, d'ailleurs je n'en connais toujours pas le mobile, il n'a jamais été avancé dans l'accusation."
Rappel des faits
C'est dans un article du 12 septembre 2022, que Mediapart a publié l'enregistrement de cet échange. On entend, en termes très crus, Gaël Perdriau et son ex-directeur de cabinet menacer son adjoint.
Fin août, les confessions à Médiapart d'un ancien proche de la mairie affirmant avoir tourné une vidéo à caractère intime pour faire chanter Gilles Artigues ont donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire pour, notamment, chantage aggravé. L'ancien premier adjoint accuse directement le maire, qui lui s'est toujours dit innocent. "Je ne suis ni le commanditaire, ni l'organisateur, ni un utilisateur de cette vidéo. Je n'ai jamais eu ni vu ce document. "
"Une logique politique"
L'élu dénonce même un acharnement politique, auquel le président de la Région ne serait pas étranger. "Je subis un acharnement avec des intérêts politiques partagés. Mon avocat a transmis au juge un témoignage très clair qui démontre que la publication des articles de Mediapart s'inscrit dans une logique politique beaucoup plus ancienne impliquant Gilles Artigues et des personnes extrêmement proches de Laurent Wauquiez."
Un second article publié dans Médiapart (l'élu stéphanois avait fait interdire sa publication par la justice dans un premier temps) révèle que Gaël Perdriau aurait lancé la rumeur que Laurent Wauquiez était un pédocriminel.
Gaël Perdriau affronte ce jeudi après-midi un nouveau conseil métropolitain à 14h30. Un conseil, qui s'annonce houleux : plusieurs élus l'ont appelé à démissionner ou à clarifier la situation.
Avec l'AFP
