Novembre est le mois traditionnel de prévention des cancers masculins. Cette année, une bande d'amis retraités passionnés de vélo, se sont lancé le défi de relier Paris à Aix-en-Provence à deux-roues. Leur objectif : lever le tabou sur cette maladie, qui fait des milliers de morts chaque année.
Casques vissés sur la tête, vestes bien fermées, itinéraire programmé, moustaches recoiffées, c'est une bande de cinq bien décidée à mouiller le maillot. Les deux Thierry, Alain, Jean-Yves, Patrick, tous à la retraite, se sont lancé le défi de rallier Paris à Aix-en-Provence en sept jours sur leurs vélos, pour sensibiliser le grand public sur le cancer de la prostate.
9 200 morts
" C'est un sujet tabou, les hommes ne parlent pas ", souligne Patrick Van Den Bossche, 76 ans, à l'initiative du projet. " Les urologues me le disent, souvent, c'est la femme qui emmène son mari à la première consultation. Il faut porter ce message : les gars, arrêtez de vous taire et allez voir des spécialistes. "
Une maladie qui reste tabou, alors que le cancer touche le plus les hommes et qui a fait 9 200 morts en 2021 en France. La bande d’amis espère donc sensibiliser un maximum de personnes en traversant la France à coups de pédales et récolter de l'argent pour le fonds de dotation Les Bacchantes, dédié aux cancers masculins.
Les cyclistes qu'on croise le dimanche matin, ce sont souvent des hommes de plus de 50 ans, donc les plus concernés, mais personne ne parle de sa prostate dans le peloton, .
Patrick Van Den Bossche, cycliste
Une cause sérieuse, soutenue avec humour. Pour l'occasion, tous abordent la moustache, pour le "movember" (contraction de "moustache" et "november", novembre en anglais), un mois de promotion de la santé masculine.
Des cyclistes moustachus qui ont rencontré le plus gros défi de leur itinéraire à Saint-Etienne. Ils ont dû grimper le Col de la République, qui relie la ville verte au nord de l'Ardèche. Une altitude de 1 154 mètres, avec un dénivelé positif de 565 mètres, le défi est de taille pour les retraités qui roulent sur des vélos à pignon fixe, donc avec une seule vitesse. " Là-haut, on va avoir un ressenti zéro", prévient Patrick Van Den Bossche, en accrochant son casque, avant de donner son premier coup de pédale.
À vélo, six mois après son cancer de la prostate
Pas de quoi décourager les cyclistes qui s'élancent joyeux vers ce lieu réputé dans le monde du vélo. Il a été le premier col de plus de 1 000 mètres franchis par le Tour de France, c'était le 5 juillet 1903.
Plus d'un siècle après, Thierry Saint-Léger est le premier de son équipe à atteindre le sommet. Une ascension qu'il réalise six mois seulement après avoir été opéré pour un cancer de la prostate. " C'est une montée mythique, c'est dur, mais ça va ", assure le cycliste âgé de 67 ans.
" J'ai été opéré de la prostate, on m'a fait un gros rabotage, il faut subir les conséquences au niveau psychologique, du couple, du sexe, des incontinences, de l'érection, témoigne-t-il. Il faut en parler, ne pas avoir peur, c'est une maladie qui vient avec la vieillesse."
" Les accompagner par solidarité "
Le dernier a terminé l'ascension sous les applaudissements du groupe, c'est Bernard, 81 ans, venu spécialement d'Annecy pour accompagner le groupe, le temps de l'ascension de Col de la république. " Je voulais les accompagner par solidarité, il y a beaucoup d'hommes victimes, moi-même, j'ai été opéré de façon bénigne et non pas maligne ", explique simplement l'octogénaire en reprenant son souffle.
Pour la bande des cinq moustachus, partis le 10 novembre de Paris, l'aventure se termine ce dimanche 17 novembre, à Aix-en-Provence, après avoir traversé les villes de Jargeau, Nevers, Saint-Etienne, Valence et Avignon.