L'ancien Premier adjoint de Saint-Etienne, victime d'un chantage à la sextape, a obtenu lundi soir, 27 janvier, la prise en charge de ses frais d'avocats par la collectivité, dont le maire divers droite Gaël Perdriau est mis en examen dans ce scandale.
Lundi soir, 27 janvier, le conseil municipal de Saint-Etienne examinait la demande de Gilles Artigues. Ce dernier souhaitant bénéficier de la protection fonctionnelle liée à son statut d'élu. L'adjoint centriste qui a déposé plainte pour chantage dans cette affaire de scandale à la vidéo intime, demande une prise en charge de ses frais d'avocat par la collectivité. Une demande prévue par la loi.
Protection fonctionnelle "accordée de droit"
Gilles Artigues, qui reste troisième adjoint même s'il ne siège plus dans les instances municipales, a demandé par écrit la "protection fonctionnelle" de la ville de Saint-Etienne. Le conseil municipal s'est déroulé en son absence. La demande, traitée en fin de soirée, a été marquée par une autre absence : celle de Gaël Perdriau.
"Compte tenu du fait que je suis concerné par sa plainte, je vais quitter la salle"... À la surprise générale, le maire a laissé son exécutif gérer la demande de Gilles Artigues. Il ne l'a pas lui-même proclamée. Le maire a quitté la réunion, en indiquant avoir donné pouvoir dans ce dossier à son actuel Premier adjoint Jean-Pierre Berger. Ce dernier a rappelé qu'en application de la loi du 21 mars 2024 renforçant la sécurité et la protection des maires et des élus locaux, cette demande était "accordée de droit" à Gilles Artigues qui s'est constitué partie civile.
Remous
L'opposition s'attendait à débattre avec le maire. "Cette affaire nauséabonde coûte très cher aux Stéphanois, que ce soit financièrement, moralement ou économiquement", a commenté Nicole Peycelon, qui préside le groupe d'élus "Saint-Etienne Avant Tout" (LR). Ces derniers sont passés dans l'opposition à la suite du scandale de la sextape.
Cette affaire "a jeté la honte sur notre ville et ses habitants (...) on en a marre. Les Stéphanois ont honte", a ajouté Olivier Longeon, chef de files des écologistes. Jean-Pierre Berger leur a reproché de "faire fi de la présomption d'innocence", tout en se disant "surpris" par la demande de Gilles Artigues qui, selon lui, continue de percevoir des indemnités sans assister aux conseils ni aux réunions.
Cette demande de protection fonctionnelle n'a pas besoin d'être votée par le conseil municipal. Mais les adjoints de Gaël Perdriau laissent entendre qu'ils pourraient revenir sur cette demande, en votant une délibération pour l'annuler comme la loi l'autorise.
L'opposition est, de son côté, décidée à défendre le droit de Gilles Artigues d'obtenir cette protection. "Ce statut de victime est complètement refusé à Monsieur Artigues par les amis de Monsieur Perdriau. C'est leur façon de faire, d'être dans le déni jusqu'au bout : pas de victime, pas d'accusé. C'est encore une fois Gilles Artigues qui est la victime de ces manœuvres", a estimé Isabelle Dumestre, conseillère municipale PS.
"Pas de commentaires"
Plus tôt dans la journée, questionné sur cette demande de protection fonctionnelle de Gilles Artigues, le maire de Saint-Etienne est resté très évasif. Il s'est refusé à tout commentaire.
"Que la ville de Saint-Etienne paye les frais d'avocat de Monsieur Artigues, je n'ai pas de commentaires à faire sur cette demande", a déclaré Gaël Perdriau. Ce n'a pas réclamé de protection fonctionnelle dans cette affaire alors qu'il l'a fait pour d'autres plaintes.
Procès repoussé
Dans le cadre de l'affaire révélée par Mediapart fin août 2022, Gaël Perdriau est triplement mis en examen, notamment pour "chantage" et "participation à une association de malfaiteurs". Exclu du parti Les Républicains, l'édile a toujours clamé son innocence et indiqué qu'il ne démissionnerait pas de la mairie.
Concernant les suites en justice de cette saga politico-judiciaire qui agite Saint-Etienne depuis plus de deux ans, le maire s'est exprimé lundi en fin de matinée.
J'attends le procès avec beaucoup d'impatience. (...) Je suis extrêmement serein.
Gaël PerdriauMaire de Saint-Etienne
Mais le procès n'est toujours pas d'actualité. Le juge d'instruction lyonnais en charge du dossier avait rendu en octobre un avis de fin d'information. Mais une nouvelle demande d'acte a eu lieu récemment, repoussant de plusieurs mois la fin de l'instruction, selon plusieurs sources judiciaires. "Je le regrette (...). Plus vite cette échéance arrivera, plus vite les choses seront connues et dites sur la place publique, mieux, je me sentirai", a déclaré l'édile.
Sept autres personnes sont mises en examen dans le cadre de cette affaire de chantage à la vidéo intime. Dans cette vidéo, on voit Gilles Artigues se faire masser par un escort-boy. Elle a été tournée dans une chambre d'hôtel parisien en janvier 2015.