Finie la pousse des sapins de Noël dans les Monts du Pilat ? Avec le changement climatique, l'eau manque, et la végétation d'altitude souffre aussi dans la Loire. Il y a 10 ans, un agriculteur bio a fait le pari de troquer le résineux pour de la salade. Démonstration d'une adaptation réussie.
C'est le genre d'histoire qui laisserait à penser que l'on vous raconte des salades. C'est l'histoire d'un agriculteur bio, dont les terres familiales sont cultivées depuis 500 ans, dans les Monts du Pilat.
Jean Fournel nous emmène d'abord à Saint-Régis-du-Coin, petit village de moyenne montagne de la Loire. Un écrin de forêts de résineux, où il semble pourtant de moins en moins bon faire pousser des sapins.
Arpentant sa parcelle située à 1200m d'altitude et orientée au sud, l'agriculteur dresse un constat douloureux :
Il y a quelques arbres qui ont survécu au troisième repiquage, mais ceux-là sont morts. Ce sont des arbres qui sont morts de soif. La base se porte bien, mais la pointe sèche. Après un ou deux ans de pousse, on voit que sur toute la parcelle, il n'y a quasiment aucun arbre qui est bien conformé.
Dire que ça sent le sapin pour les traditionnelles ventes du résineux pour Noël, cela ne devrait pas choquer l'agriculteur. Des hivers qui n'en sont plus vraiment et qui exposent les plants à la pression toujours plus forte des insectes et des champignons... De l'eau qui arrive par orages violents, qui ruisselle et n'arrose pas assez les sols... Le climat change, et ce qui était propice à la pousse il y a quelques années, ne l'est plus. Même au sein d'un parc naturel régional.
Mais plutôt que de se laisser abattre par ces changements climatiques, Jean Fournel a misé sur le fait d'en tirer parti. Il y a 10 ans, il se lance aussi dans le maraîchage. Une folie aux yeux de certains.
Direction, le plateau de Marlhes, et cette autre parcelle de Jean Fournel située à 920 mètres d'altitude. Salades et légumes bio y poussent à merveille. Effet du réchauffement climatique : cette année encore, la nature y a trois semaines d'avance, constate le maraîcher.
On sème de plus en plus tôt. Après ce qui peut être compliqué c'est qu'il peut aussi venir un coup de gel tardif. Mais là, il va faire beau avec un ciel dégagé, on va avoir une journée à 25° alors qu'il faisait -2° au matin. Il y a des endroits sur la planète où il n'y a pas 25° d'amplitude des températures sur l'année, nous, on les a sur une même journée, et très souvent.
Ces nouvelles conditions climatiques permettent à cet agriculteur montagnard de cultiver plus longtemps sur l'année. Jean Fournel produit ainsi des salades jusqu'au mois d'août. Le maraicher peut également vendre plus tôt sa production aux magasins bio du secteur.
Face au changement, il a su s'adapter. Et le temps semble bien lui donner raison.