Les clubs de football amateurs sont à l'arrêt forcé depuis près de trois semaines. Une situation qui pourrait plonger certains d'entre eux dans une grande difficulté. En leur nom, l'AS Saint-Priest, tire la sonnette d'alarme et espère débloquer un fonds de solidarité auprès de la FFF.
"Il n'y a pas que le monde professionnel qui va souffrir de cette crise sanitaire. Nous sommes la base et on va perdre de l'argent et peut-être devoir déposer le bilan."
C'est le cri du coeur de Patrick Gonzalez. Le président du club de l'AS Saint-Priest s'avoue très inquiet quant à l'avenir des structures de football amateur. Son club est à l'arrêt forcé depuis déjà 3 semaines, et lface à une période de confinement partie pour durer, il a souhaité mobiliser autour de lui, et même au-delà.Dans un courriel adressé aux dirigeants de clubs professionnels et amateurs, il voulait prendre la température chez les autres, attirer l'attention sur la situation fragile de certains clubs, et rassembler afin d'obtenir de la puissante Fédération française de football (FFF), un fonds de solidarité, une aide financière pour protéger les petits clubs d'un possible dépôt de bilan.
Fédérer les clubs pour la même cause
L'appel de Patrick Gonzalez lancé le 26 mars dernier, a été entendu.
Il a reçu plus d'un millier de réponses. De la part de clubs amateurs. Aucune venant des pros. "C'est bien dommage..." déplore t-il. Mais sa démarche avance.
Je ne veux pas tirer la couverture à moi-même. Je veux fédérer, du plus petit club au plus grand, afin de sauver tout le monde, nous défendre. La Fédé' doit nous aider, sinon nous risquons de perdre des partenaires, des sponsors
Patrick Gonzalez entouré de son staff et de ses joueurs / © Sulyvan Manfroi
Une situation parfois fragile pour les clubs amateurs, gérés par une poignée de salariés (l'AS Saint-Priest en compte une vingtaine), mais aussi des bénévoles, qui leur consacre du temps et même de l'argent.
A Saint-Priest, le club totalise 650 adhérents. Et même son budget de 1,05 million d'euros ne permettra pas d'amortir l'impact d'une longue crise. "Je me demande comment on va réussir à boucler le budget de la saison prochaine", ajoute-t-il pessimiste.
"La Fédé' doit aider!"
Face aux difficultés qui se profilent, la seule solution, semble être la subvention. Sous la forme d'un fonds de solidarité comme le suppose le dirigeant mounard.
Certaines fédérations sportives en France comme en Europe ont déjà annoncé l'annulation des championnats ou, plus largement, une saison blanche. Ce qui n'est pas encore le cas de la FFF. Patrick Gonzalez évoque là un problème de prise de décisions. Pour être enfin fixés.La Fédération est riche. Elle supervise près de 15000 clubs en France. On a vu la Fédération française de Rugby injecter 35 millions d'euros pour ses clubs amateurs. L'aide est importante, et pourtant, leur Fédé' est moins riche que la nôtre. La Fédé' espagnole elle, a débloqué 500 millions d'euros pour venir en aide à ses clubs pros...
9 matches restent à être joués pour le club ligérien. Autant de rencontres qui peuvent faire la diffrence dans la poursuite et le classement de son championnat, suspendu jusqu'à début mai. "C'est à la Fédé' de statuer" selon Gonzalez.
Un problème de répartition ?
Le président de l'AS Saint-Priest le dit clairement : "Des jeunes viennent à signer dans des clubs pros, c'est beau, mais les clubs amateurs, formateurs, ne touchent rien, c'est inadmissible ! lance-t-il, amère.
Selon lui, la redistribution ne se ferait que dans les structures professionnelles. Pourtant, donner davantages aux clubs amateurs permetrait de mieux vivre, "et d'avoir une meilleure cohésion entre les clubs", selon Patrick Gonzalez.
Le président de la FFF, Noël Le Graët, avait annoncé le 13 mars dernier, la suspension de toute compétition dépendant de la fédération. Laissant planer le doute d'une possible saison blanche pour les clubs.
Quelles prochaines annonces ? Quelles aides ? Quels montants ? Des questions en suspens pour Patrick Gonzalez, qui entend adresser au president de la FFF, un premier courrier, d'ici à la fin de la semaine.