Elle habite Saint-Etienne depuis 2010. Nariman, née de parents Palestiniens en Syrie, avait obtenu la nationalité française en 2015 après son mariage avec un franco-syrien. Aujourd'hui la jeune femme se retrouve dans une situation kafkaïenne.
Nariman Abdo vit en france depuis 2010. Elle réside à Saint-Etienne, une ville qu'elle n'a jamais quittée depuis son arrivée en France. "Ça fait plus de 11 ans que je suis là. Je suis bien installée, propriétaire de mon appartement, intégrée par mon travail, j'enseigne la langue arabe à Saint-Etienne," explique la jeune femme. Aujourd'hui, elle se retrouve plongée en "Absurdie" à cause d'un problème administratif.
Retour à la case carte de séjour
La jeune trentenaire, d'origine palestinienne, est née à Damas en 1977. Mais la Syrie ne reconnaît pas son existence. En décembre 2009, elle a cependant épousé un franco-syrien. L'union a été validée par l'Ambassade de France. Arrivée à Saint-Etienne en 2010, c'est quatre ans plus tard qu'elle entame une démarche auprès de l'administration pour obtenir la nationalité française. C'est chose faite l'année suivante. Mais la joie sera de courte durée. En 2016, le Ministère public revient sur sa décision. Selon un jugement rendu en 2018, Nariman Abdo n'aurait pas dû obtenir la nationalité française. Le tribunal annule donc sa demande de nationalité. Française durant six ans, la jeune femme se sent aujourd'hui "coincée" et même "apatride".
Je n'ai pas de passeport. Je ne peux pas voyager. Je dois rester en France. Je ne peux pas voir ma famille.
Le temps passe et en 2021, l'administration lui demande de restituer ses documents d'identité. La jeune femme a dû se résoudre à restituer volontairement sa CNI (pourtant délivrée en 2019) et sa déclaration d'acquisition de la nationalité française. Elle a dû aussi se résoudre à reprendre son titre de séjour obtenu en 2014. Cette carte de séjour est valable pour une durée de 10 ans. Une situation très dure à vivre pour la jeune enseignante.
J'attends de retrouver mes papiers français pour que je puisse continuer ma vie, comme avant, quand j'étais française.
Des démarches trop précoces
Nariman Abdo aurait fait ses démarches trop tôt, 4 ans et 7 mois après son mariage. Sa demande a été déposée en juillet 2014 au lieu de décembre de la même année. Elle a déposé sa demande cinq mois trop tôt. Selon la loi, elle aurait dû en fait attendre 5 années écoulées. Trop impatiente, la jeune femme ignorait cette règle et s'en mord les doigts : "j'aurais dû attendre pour faire ma demande mais je me sentais Française à part entière". Par ailleurs, il apparait qu'elle a fait un séjour de 2 mois en Syrie pour une raison médicale. La condition de séjour ininterrompu sur le sol français n'est pas respectée. Aujourd'hui, avec l'aide de Patrick, un ami et voisin, elle a intenté un recours devant le Ministre de l'Intérieur. Ce dernier est scandalisé.
"L'Etat est sourd. Ce sont les personnes qui ont instruit le dossier qui auraient dû lui dire : attendez cinq ans pour faire votre demande. Ça n'a pas été fait et aujourd'hui on lui reprend ses papiers et je trouve ça tout à fait inacceptable. J'attends tout simplement qu'ils reconnaissent l'erreur qu'ils ont commise, ou du moins le devoir de conseil qu'ils ont négligé et qu'on lui restitue son papier et sa dignité," déclare-t-il.
La Direction générale des Etrangers en France explique "qu'il s'agît d'une erreur dans l'instruction du dossier et que la déclaration n'aurait pas dû être enregistrée initialement". La loi française prévoit que l'enregistrement d'une demande de nationalité peut être contesté dans un délai de deux ans si les conditions légales ne sont pas satisfaites.