De jeunes russes et ukrainiens étudient actuellement à l'école nationale d'ingénieur de Saint-Etienne. L'invasion russe de l'Ukraine perturbe véritablement leur année d'étude. Psychologiquement et financièrement, leur détresse est réelle.
Maksim, Olga et une dizaine d'autres étudiants partagent les mêmes repas, les mêmes enseignements, les mêmes salles de cours et depuis plusieurs jours le même désarroi.
Bien qu'ils vivent à plusieurs milliers de kilomètres des zones de combat, ces étudiants russes et ukrainiens sont frappés de plein fouet par la guerre menée par Vladimir Poutine.
Maksim Anikushin est étudiant en 4ème année, il relate avec gravité comment il a vécu la situation en Ukraine. "Les premiers jours, c’était l’horreur. Je ne croyais pas qu’une telle chose était possible, j’étais absolument choqué. Ça me rend triste."
Parmi la douzaine d’étudiants russes et ukrainiens du campus. Maksim est le seul à accepter de parler. Le reste de ses camarades n'est pas à l'aise à l'idée de prendre la parole. Ils craignent des représailles.
Un financement incertain
Maksim rêve de devenir ingénieur en France mais il n’est pas sûre de pouvoir poursuivre ses études. "Je dois vérifier que je possède assez d’argent pour continuer de vivre en France. En prenant en compte que le rouble maintenant, perd de sa valeur."
Pour accompagner ces étudiants, l’association des jeunes ambassadeurs propose une aide financière.
Christian Beaune est le président de cette association, il s'entretient régulièrement avec eux. Entre les lignes, il décèle leur malaise.
"Ils ne le disent pas mais en les questionnant on s’aperçoit qu’effectivement ils sont en détresse financière. Ils savent qu’ils vont pouvoir tenir ce mois-ci, mais il n’y a plus de fonds qui vont arriver d’Ukraine ou de Russie, donc là nous on intervient."
Trois à quatre étudiants ont été repéré par l'association et seront aider prochainement. C’est le cas d'Olga. Partie chercher son petit frère et sa mère en Ukraine, elle est en lien avec l’association quotidiennement et elle va avoir besoin de trésorerie pour regagner la France.
Un accompagnement psychologique
"L’accompagnement de ses étudiants, c’est avant tout une épaule et une oreille, un travail d’équipe de l’ensemble de l’établissement", précise Christian Beaune.
François-Marie Larrouturou, le directeur de l'ENISE confirme, "Les accompagner ça veux dire surtout les recevoir, les écouter, laisser verser une larme. Il est indispensable de savoir exactement où sont les parents, est-ce qu’ils ont des nouvelles ? poursuit-il. Et puis, petit à petit, leur demander, est-ce qu’ils ont dormi ? Est-ce qu’ils ont de quoi manger, est-ce qu’il vont faire du sport...parce qu’il faut vivre, et c’est toute la difficulté car ils sont enfouis sous leurs difficultés" conclue-t-il compatissant.
Grâce à l’association des jeunes ambassadeurs, les étudiants étrangers sont accompagnés par des parrains, toute l’année et pas seulement, en cas de coup dur. Ce samedi, ils envisagent de se retrouver autour d’un repas, afin d'aider la parole à se libérer.