Au Chambon-Feugerolles, dans la Loire, un infirmier libéral de 33 ans se fait agresser sauvagement sur un parking au petit matin du 31 décembre, en pleine tournée de soins auprès des malades. Il témoigne "pour cela n'arrive pas à quelqu'un d'autre."
"Si c'était si simple... Oui, je m'arrêterais. Mais bon, on ne peut pas laisser tout comme ça" explique Mathieu F., infirmier libéral installé au Chambon-Feugerolles, dans la Loire, qui, malgré le choc psychologique, pense déjà à reprendre son travail. "Ca m'a demandé beaucoup de sacrifices de m'installer ici. Depuis cinq ans, je travaille énormément. J'ai seulement trois semaines de congés par an, et je fais 60 heures par semaine. Ma vie de famille est bien réduite. Non… je ne peux pas tout laisser comme ça, avec tous les sacrifices que ça m'a demandé, juste parce que deux cons m'ont agressé une fois", estime ce jeune père de deux enfants.
Au lendemain de cette agression, Mathieu est couvert d'ecchymoses, et souffre d'un mal de tête. "J'ai le visage très marqué, et un peu mal aux hanches. Heureusement, rien de trop grave", commente-t-il d'une voix éprouvée.
Ca m'a demandé beaucoup de sacrifices de m'installer ici. Depuis cinq ans, je travaille énormément. J'ai seulement trois semaines de congés par an, et je fais 60 heures par semaine
Alors qu'il vient d'entrer dans son véhicule, il n'a pas le temps de mettre la clé dans le démarreur. Deux inconnus, manifestement jeunes, l'agressent et veulent lui prendre la voiture. "Ils maintenaient la porte ouverte. Il voulaient rentrer chez eux, je présume...je ne sais pas…". La porte ouverte empêche de démarrer ce modèle équipé d'une boite automatique. "Je ne pouvais rien faire, ni avancer, ni reculer."
Alors il décide de tenter de fuir à pied vers l'immeuble. Sans succès. Tout est sécurisé et verrouillé. Les deux agresseurs le rejoignent et lui assènent de nombreux coups de pieds sur le corps et même la tête. Des menaces très précises sont proférées. Mathieu se dit alors qu'il ne va pas s'en sortir vivant.
A un moment cependant, l'infirmier parvient à s'enfuir et fonce à nouveau vers son véhicule où il s'enferme. Mais les deux agresseurs reviennent à la charge. L'un des deux saute sur le capot et donne plusieurs coups dans le pare-brise, qui se brise. Enfin, Mathieu, en mauvais état, démarre et s'enfuit.
Si, en plus, on se fait attaquer, ce sera fini, quoi. Plus personne ne viendra
Cette terrible attaque est inédite dans la vie de soignant déjà expérimenté. "C'est la première fois qu'il m'arrive quelque chose comme ça. Il m'arrive de voir des jeunes zoner, parfois. Mais ils n'ont jamais été virulents avec moi. Il reste un petit peu de respect, j'imagine…" commente-t-il. "Il y a quand-même le caducée sur le pare-brise. On va dans ces endroits-là tous les jours. Au bout d'un moment, les gens voient à qui est la voiture, avec le macaron dessus, quand-même. Ils savent qui on est."
Juste après l'agression, Mathieu a roulé tant bien que mal vers l'hôpital de Firminy. Il s'en sortira avec trois jours d'arrêt. Très investi, il a même pensé, entre-temps, à transmettre sa "tournée" à une collègue.
Il a déposé plainte au commissariat de Firminy. Une enquête est ouverte. Il ne compte pas s'en contenter : "Je vais tenter de joindre le maire, aussi. Il ne faut pas que cela arrive à quelqu'un d'autre. Qu'on soit un peu mieux protégés. Ce que je veux, c'est que ça ne se reproduise plus. On a déjà du mal à trouver des médecins. Personne ne veut venir sur la Chambon. Si, en plus, on se fait attaquer, ce sera fini, quoi. Plus personne ne viendra."