Jeudi 24 juin 2021, deux cousins comparaissent devant la Cour d'assises de la Loire après la mort de leur aïeul qu'ils avaient roué de coups. L'affaire remonte à 2016 : la soirée dégénère alors que les deux hommes entendent obtenir une demande pardon du grand-père incestueux de 92 ans.
Cinq ans de réclusion criminelle dont deux ferme. Le verdict est tombé dans la soirée du 24 juin 2021 à Saint-Etienne. Deux cousins étaient jugés par la Cour d'assises de la Loire pour des coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner. En avril 2016, ils tabassent leur aïeul de 92 ans qui décèdera dix jours plus tard. Ils voulaient que le vieil homme de la famille leur demande pardon pour des faits d'inceste. Des faits prescrits.
"Une histoire lourde à porter"
Un soir d'avril 2016, les deux cousins décident de se rendre chez le grand-père qu'ils accusent d'inceste. Ils ont bu de l'alcool, et la situation dégénère. "Ces garçons n'étaient pas arrivés là pour se venger ou en découdre. Ils avaient envie simplement d'entendre un mot dans la bouche de ce grand-père, c'était le mot pardon. On sait que les faits d'inceste sont particulièrement graves par le silence qu'ils impliquent dans une famille. Et ce silence-là est tout à fait mortifère. Et c'est dans ces conditions qu'il ne souhaitaient qu'un seul mot, le mot pardon", explique l'une des avocates de la Défense.
En 2015, soit un an avant le drame, le papi a été condamné pour attouchement sexuel sur l'une de ses petites-filles. Il écope d'un an de prison avec sursis alors que d'autres plaintes ont été déposées par d'autres membres de la famille. L'aïeul est accusé de faits multiples d'agressions sexuelles et de viols par ses propres enfants, puis ses petits-enfants. Mais les faits sont prescrits.
Ce qui s'est passé, c'est le résultat de toute cette histoire lourde à porter, qui fait que les deux hommes, lorsqu'ils se sont rendus au domicile du grand-père n'ont pas pu maitriser leur chagrin et leur souffrance. Ce qui fait qu'ils ont porté des coups.
Ce jeudi 24 juin 2021 devant la Cour d'assises, la Défense n'a pas contesté la culpabilité des deux accusés. En revanche, Me Christine Cauet espérait que les jurés décident "entre guillemets de gracier" les deux accusés, de ne pas les renvoyer en prison. Que la Cour considère "qu'il y a des circonstances telles qu'à ce moment-là, qu'à cet instant précis, dans un enchainement inextricable, ils n'ont pas pu faire autrement". Donner des coups.
La prescription au coeur du débat
Que ce serait-il passé si le grand-père avait été jugé pour tous les faits dont il était accusé ? Pour la Défense, il n'y a peu de place au doute. En effet, la loi a évoluée, la prescription glissante a été adoptée le 26 avril 2021. Désormais, "dès lors qu'un fait est pénalement poursuivable, ça peut rouvrir la prescription qui était éteinte pour des faits antérieurs", explique Me Sophie Rudent, avocate de Christophe D. Et d'ajouter : "oui, cela aurait pu changer les choses et permettre de rendre justice sur tous les faits qui étaient passés."
Cinq ans de réclusion dont trois avec sursis ont été requis à l'encontre des deux cousins. Une peine qui pourrait être aménagée afin de permettre aux deux accusés de poursuivre leur travail thérapeutique. Des réquisitions que les jurés de la Cour d'assises de la Loire ont suivies.