"Une torture morale terrible" : chantage à la vidéo intime à la mairie de Saint-Etienne, Gilles Artigues s'exprime pour la première fois

Après l'éclatement de l'affaire, Gilles Artigues, victime présumée d'un chantage à la vidéo intime, s'était tenu loin des journalistes. Il a accepté de parler, ainsi que sa famille, à Médiapart et à France 2. Voici les premiers éléments diffusés par les deux médias.

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Depuis la fin août 2022, l'affaire du chantage à la sextape, révélé par Médiapart, rythme la vie politique de Saint-Etienne. Lundi 12 juin, le média d'investigation a publié une vidéo-enquête sur son site (vidéo payante), contenant le témoignage de l'ancien premier adjoint Gilles Artigues, victime présumée du chantage, qui ne s'était jusque-là pas exprimé publiquement.  

Le 15 juin prochain, France 2 va également diffuser un reportage sur l'affaire dans "Envoyé spécial". "Cette affaire a brisé ma vie, elle a interrompu mon parcours politique brutalement, témoigne Gilles Artigues dans un premier extrait diffusé. On me menaçait de diffuser des images tournées à mon insu. C'est un chantage, c'est du harcèlement et c'est de la torture, une torture terrible." 

"J'imagine que Samy Kéfi-Jérôme a préparé les choses"

Médiapart a publié plusieurs extraits de sa vidéo sur Twitter. Sur l'un des extraits, on voit Gilles Artigues être interviewé, avec à ses côtés son épouse et derrière eux des photos de famille. Il revient sur la vidéo à l'origine de l'affaire. Une vidéo qui aurait été tournée dans un hôtel parisien en 2014, où il aurait été filmé à son insu en compagnie d'un escort.

L'homme politique raconte qu'il était alors sur Paris "pour la mairie", avec Samy Kéfi-Jérôme, alors adjoint à l'éducation, tous deux résidaient dans le même hôtel.  "J'imagine que Samy Kéfi-Jérôme a préparé les choses, installé la caméra pour le piège. Et puis environ une heure après, il m'a appelé pour me dire "Venez me récupérer." [...] Lorsque j'arrive dans la chambre, il y a une personne."  Sur l'extrait de vidéo diffusé par Médiapart, un homme au visage flouté, est assis sur le même lit que Gilles Artigues.

"Il [Samy Kéfi-Jérôme] me dit "Entrez, j'ai retrouvé un ami que je connais à Paris depuis longtemps" et donc j'ai commencé à converser avec lui. Et là, on m'a fait boire."

Gilles Artigues

"J'aurais pu tout perdre." 

Médipart, affirme avoir récupéré la vidéo de 31 minutes tournée dans cette chambre d'hôtel. Une vidéo ainsi résumée dans le reportage : "Pendant tout ce temps, Samy Kéfi-Jérôme est présent, d'abord pour s'occuper de la musique et servir du champagne à ses invités. Ensuite pour installer une serviette sur le lit avant de s'éclipser dans la salle de bain attenante, comme il l'a reconnu en garde à vue."

La suite de l'interview diffusée, revient sur le moment où l'existence de la vidéo aurait été dévoilée à Gilles Artigues, par Samy Kéfi-Jérôme. "Et là, j'avoue avoir été totalement estomaqué. J'ai dit à Samy : "Mais qu'est-ce que c'est que ça ?" C'est là qu'il me dit : "Oui, je vous ai filmé et maintenant, on vous tient en laisse." Dans un autre extrait, l'élu confie : "J'aurai pu tout perdre, perdre ma famille, perdre mes amis, perdre mon travail et perdre aussi la vie.".

Une famille qui affiche son unité en publique. Le 30 mai dernier, les enfants de Gilles Artigues étaient venus au Conseil municipal de Saint-Etienne, où l'adjoint était absent, excusé pour raison médicale. 

" C'est Gaël Perdriau et Pierre Gauttieri qui nous en on fait la commande"

Médiapart a publié un autre extrait de son reportage, revenant sur une supposée rémunération de la vidéo qui aurait servi au chantage. Selon le média, 40 000 euros d'argent public auraient été versés par la mairie à deux associations stéphanoises, dont "France Lettonie Loire Auvergne, "avant d'être redistribuée aux deux opérateurs du piège : Gilles Rossary-Lenglet, qui en a reversé une partie à Samy Kéfi-Jérôme." Gilles Rossary-Lenglet était alors le compagnon de Samy Kéfi-Jérôme. 

Qui alors est à l'origine de ce chantage ? "Ça n'est pas nous, de notre propre chef, Samy Kéfi-Jérôme et moi, qui avons décidé de piéger Gilles Artigues, assure Gilles Rossary-Lenglet, interviewé par Médiapart. C'est Gaël Perdriau et Pierre Gauttieri qui nous en on fait la commande. Samy a montré la vidéo, ça a été un grand moment d'hilarité, où Pierre a même demandé à certaines personnes de son cabinet de venir voir, ils pleuraient de rire. Ils se la repassaient en boucle"

Une implication que rejette Gaël Perdriau, depuis l'éclatement de l'affaire.  Après avoir dans un premier temps affirmé qu'il n'était pas au courant de l'existence de cette vidéo, sa réponse est dorénavant plus vague quand la question lui est posée au micro de France 3  "Je ne rentrerai pas dans ce genre de détails, je parle au juge."

Pierre Gauttieri, ancien directeur de cabinet de Gaël Perdriau, a quitté ses fonctions dès septembre 2022, limogé par le maire.

Les quatre hommes mêlés à cette histoire de chantage, Gaël Perdriau, Pierre Gauttieri, Samy Kéfi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet, ont été mis en examen début avril 2023

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