L’horloger stéphanois Marc Zimmermann a été distingué par le label “entreprise du patrimoine vivant”. Un titre décerné par l’État pour récompenser des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels jugés comme d'excellence. Seuls 5 horlogers en France ont été primés par ce label.
Dans sa boutique, le bruit des tic-tac s'entremêle aux entrées et sorties de fidèles clients. Au cœur du quartier Saint-Jacques à Saint-Etienne, l’atelier d'horlogerie Zim est une référence d'excellence. Ici, pas de vente, uniquement de la restauration d’horlogerie ancienne.
Depuis 50 ans, Marc Zimmermann voyage dans le temps avec pendules, horloges et montres qui ont traversé les époques. Le maître artisan a reçu des mains de la préfète le label “Entreprise du patrimoine vivant”. Une des récompenses les plus prestigieuses remises par l’État pour saluer le travail d’entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels jugés comme d'excellence. Seuls 5 horlogers en France ont été primés par ce label.
“C'est un voyage dans le temps constamment”
“À chaque fois qu’on prend une pendule qui a 1,2 voire 3 siècles, on se remet à la place de l'horloger qui l’a fabriquée. À quoi a-t-il pensé, pourquoi a-t-il fait cette pièce de telle ou telle forme ? C’est un voyage dans le temps constamment”, détaille Marc Zimmermann.
Le meilleur moment pour ce passionné ? Quand le produit final vit à nouveau alors même qu’il était en sommeil depuis des années. “J’ai vu plusieurs fois des clients pleurer parce que ça leur rappelait leur jeunesse de réentendre le carillon sonner. Il y a un côté sentimental qui est touchant”, se souvient-il.
Et n'allez pas dire à ce passionné que vous avez l’heure sur votre téléphone. “Ce sont deux choses complètement différentes ! Vous avez l’amour d’une mécanique ancienne, le plaisir de ces sonneries et de ces timbres de qualité qui amènent des harmonies très agréables et le besoin tous les jours d’être à l'heure.”
Un plaisir partagé par sa clientèle. Émile Juge, 91 ans, est un fidèle depuis le début. “J’ai connu cette horlogerie il y a 50 ans (...) C’est très agréable, on regarde des choses anciennes qu’on ne voit plus dans les commerces traditionnels. Ça rappelle de vieux souvenirs”, partage un brin nostalgique ce Stéphanois.
Minutie et patience
Ce jour-là, loupe emprisonnée dans les paupières, Marc Zimmermann s’attaque à une horloge qui n’a pas été révisée depuis plus de 40 ans. “Pour une pendule, personne n’y pense. Tant que ça marche, tous les clients disent “ah, mais elle a toujours marché”. Oui, on est en vie jusqu’à ce qu’on soit mort”, rigole-t-il. Idéalement, il faudrait faire réviser sa pendule tous les 15 à 20 ans et environ tous les 10 ans pour une montre.
Un engrenage de l'horloge examinée ne fonctionne plus. Il faut démonter et refaire le pivotement de la roue. Comptez entre 80 et 100 heures. “La petite pièce qui fait tic tac qui s’appelle le balancier pivote sur un petit pivot. Ce petit pivot fait 9 centièmes de millimètres. Vos cheveux font huit centièmes”, compare le maître horloger.
Des débuts sans un sou et une ténacité de fer
Marc Zimmermann arrive à Saint-Etienne à seulement 19 ans. Sans rien et sans connaître personne. “Il a fallu s'habituer, travailler, pleurer sur l'établi pour arriver à réparer des choses que je ne connaissais pas bien au départ”, se souvient-il avec émotion.
Depuis, il a façonné sa renommée et sa clientèle dépasse les frontières. L’horloger est même contraint de refuser des commandes car elles sont trop nombreuses. “Je refuse du travail tous les jours pour tout ce qui est montres anciennes et modernes. Pour les horloges et pendules anciennes, on a des délais de presque un an”, détaille-t-il.
Un savoir-faire à l’avenir assuré
Derrière le comptoir de la boutique, un apprenti. Léo s'attèle minutieusement à une horloge. Une chance puisqu'au sein de son école, seules les montres sont au programme. “Ça surprend les gens quand je dis que je suis horloger parce qu’on a un peu le stéréotype de la personne âgée qui travaille sur des pendules et qui vit en hermite dans son atelier. Mais c’est un métier qui, je pense, est important”, assure le jeune homme de 18 ans.
Début 2024, Marc Zimmermann laissera sa place à la plus jeune génération. Son employé depuis 15 ans, Aloïs Bourrin, prendra les commandes de cette institution stéphanoise. “Avec ou sans Marc, ce sera la même. Je continuerai de faire la qualité de travail qu’on a toujours fait ici”, promet-il.