Depuis 2 ans, une association basée dans la Loire numérise les films des particuliers pour en garder une trace. Bien souvent, les projecteurs ont rendu l'âme, rendant le visionnage impossible. Ce transfert permet de les voir de nouveau. Et de les archiver.
L'association ligérienne Ofnibus a pour mission de faire entrer dans la postérité nos films de famille, de paroisse, ou d'entreprise... en les numérisant. Depuis 2021, ses membres, des passionnés, sillonnent les communes pour offrir gratuitement leurs services. De la bobine de 8 millimètres à la VHS en passant par la Super 8, tous les supports d'antan sont acceptés.
Des souvenirs communs
En cette fin du mois de mai, l'association a posé son atelier itinérant à Bourg-Argental dans la Loire.
Colette Bouveron est ravie de revoir de vieux films tournés par son père et un ami de la famille dans les années 1950 et 1960. Elle est venue avec une belle collection. "Ça rappelle des bons souvenirs comme la course de kart, la foire à la chèvre, des choses qui n'existent plus et qui n'existeront plus".
Juste à côté d'elle, Jeff se replonge 30 ans en arrière en visionnant ses anciennes casettes Hi8. "C'est la vidéo d'un spectacle de 1995 avec une bande d'enfants qu'on a donnés dans plusieurs villages. J'aimerais bien savoir ce que les jeunes qui ont participé au projet en gardent aujourd'hui" dit-il, un brin de nostalgie dans la voix.
Pierre Bouchut, le technicien en charge de la numérisation de Ofnibus, manipule avec délicatesse les bobines qui lui sont confiées avant de les déplier sur le projecteur. Il a même une trousse à outils d'époque pour ressouder les bandes entre elles et assurer la continuité du visionnage.
"À l'époque, on filmait avec des bobinots de 15 mètres et vu que devant moi, j'ai une bobine qui fait 120 mètres, il y a au moins une dizaine de soudures, plus si la personne a fait son propre montage. J'espère qu'elles ne vont pas toutes casser sinon ma journée va être longue", dit-il en riant.
À l'issue des trois jours de résidence, une sélection de 35 min de ces films, commentée par un comédien, est projetée au cinéma. Anne-Marie, commerçante à la retraite, a suivi la séance avec beaucoup de plaisir. "C'est formidable de voir le passé. J'ai reconnu un tas de personnes qui ne sont malheureusement plus là aujourd'hui. C'est très émouvant."
Une préservation des images
En échange de la numérisation gratuite, l'association itinérante transmet une copie à la médiathèque de Saint-Etienne et aux archives de la Loire. Beaucoup d'acteurs numérisent en France les vieux films, mais, pas de manière homogène sur l'ensemble du territoire.
Ofnibus se rend dans les lieux un peu oubliés pour rendre compte de l'urgence de sauvegarder ces images. "Notre idée, c'est de rééquilibrer le travail sur la mémoire filmique au sein des territoires" explique Stéphanie Ange, coordinatrice de l'association.
Autre message que ces passionnées souhaitent passer : pour vraiment conserver sur le long terme cette mémoire de nos territoires, rien ne vaut le dépôt physique. Une bobine de pellicule a une espérance de vie de 700 à 800 ans contre quelques dizaines d'années pour une copie numérique.