Lyon-Turin : "Le processus de construction est désormais irréversible", le percement du tunnel de base a débuté en Italie

La construction du plus long tunnel ferroviaire bitube au monde a commencé sur ses deux fronts : il y a un an en Savoie et depuis lundi également en Italie, à Chiomonte. L'occasion d'une inauguration pour réaffirmer un cap fixé à 2032 pour la mise en service et présenter comme définitive la victoire des partisans sur les "No Tav" italiens.

Sous la voûte du père de tous les chantiers italiens du futur TGV Lyon-Turin - dont 7 kilomètres ont été percés depuis 2012 -, l'inauguration n'aura duré qu'une petite heure ce lundi 18 décembre. Mais ses participants n'ont pas masqué leur enthousiasme.

"Journée historique", "Nous construisons un morceau d'Europe", "C'est un processus irréversible" : ministre, président de région ou maître d'œuvre de la construction de l'ouvrage... Tous y sont allés de leur superlatif pour marteler un message unique : la voie est désormais dégagée pour que le cours, passablement tortueux, de la construction de l'ouvrage clef du futur TGV Lyon-Turin ne soit plus entravé jusqu'en 2032, date de sa mise en service.

2 kilomètres avant le grand tunnel franco-italien

Mais avant d'en arriver là, c'est une trentaine de kilomètres de travaux d’excavation qui sont prévus au bout de la galerie existante. D'abord, 2 nouveaux kilomètres seront percés en direction de Susa (Piémont) au bout desquels commencera ensuite le percement des deux tubes de 12,5 kilomètres chacun - parties italiennes du grand tunnel de base de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) jusqu'à Susa. Le chantier a déjà commencé il y a plus d'un an côté français.

À grand chantier - plus d'un milliard d'euros -, tunneliers très spéciaux. Ce sont des machines conçues sur mesure pour cet ouvrage que certains des 700 opérateurs du nouveau chantier devront utiliser. De type hybride, ces tunneliers sont capables de changer de mode d’avancement en fonction du type de terrain qu’ils doivent affronter.

J’adresse au nouveau groupement tous mes vœux de réussite pour un travail qui, j’en suis sûr, entrera dans l’histoire de l’Europe : l’achèvement du plus long tunnel ferroviaire du monde.

Maurizio Bufalini, directeur général de Telt (Tunnel Euralpin Lyon-Turin)

Sur la scène installée ce lundi devant un parterre d'officiels italiens, d'entrepreneurs et d'employés, le nouveau directeur général du maître d'ouvrage s'est fait volontiers lyrique. Maurizio Bufalini était surtout venu donner les clefs du grand chantier au groupement d'entreprises Itinera, Ghella et Spie Batignolles, chargé de la réalisation de la partie italienne du tunnel de base.

Victoire des "Si Tav" ?

Fidèle à ses habitudes, Matteo Salvini, le ministre italien des Infrastructures, s'est fait beaucoup plus politique. "Quand la majorité silencieuse arrête de l'être pour se faire entendre, c'est plutôt bien pour les décideurs que nous sommes", s'est-il épanché devant les micros de nos confrères italiens.

Une façon de souligner que, malgré les attaques maintes fois répétées au cours des années contre le seul chantier de construction du Lyon-Turin en terre italienne, l'ouvrage avance. Si l'opposition historique des "No Tav" (Non au TGV) demeure affirmée, ses rangs se sont clairsemé. Et surtout, le projet bénéficie du soutien de partisans ("Si Tav") qui, depuis 2018, date de leur première grande manifestation à Turin, n'hésitent plus à donner de la voix. 

"À force de dire non, les 'No Tav' ont fatigué tout le monde, a estimé Matteo Salvini. Si aujourd'hui nous célébrons une journée historique, c'est parce qu'après des années de patience, on a réussi à faire démarrer un chantier qui unira le Piémont à la France, l'Italie à l'Europe. Ce qui signifie moins polluer, des retombées de plusieurs milliards d'euros au bénéfice du Piémont et de l'Italie, des emplois... Cela marque également la victoire du 'oui.'"

Un "oui" plus que partagé par le président de la région Piémont, Alberto Cirio, lui aussi membre de la majorité de la présidente du Conseil italien Georgia Meloni. "L'ouverture de ce chantier est là pour témoigner que le processus de construction du Lyon-Turin est désormais irréversible", a-t-il assuré.

Bien qu'absent à cette manifestation, Clément Beaune, le ministre français des Transports, n'est pas allé aussi loin dans ses certitudes. Mais dans son message, il exprime sa grande "satisfaction". "Tous les appels d'offres d'ingénierie civile nécessaires au creusement des deux tubes du tunnel sont désormais opérationnels. Cette nouvelle ligne ferroviaire reste l'unique solution possible pour transférer le trafic marchandise de la route au rail", a-t-il déclaré.

Des opposants peu nombreux et tenus à distance

Autant de propos qui n'ont pas été entendus par le petit groupe d'opposants à la construction. Rassemblée devant les grillages d'enceinte du grand chantier et fermement encadrée par les forces de l'ordre, une cinquantaine de "No Tav" est venue protester contre la visite du ministre. Une discrétion inhabituelle, mais pas vraiment étonnante au regard de l'imposant service d'ordre mobilisé pour l'occasion.

Pour l'heure, sur les 11 chantiers du Lyon-Turin en cours entre la France et l'Italie, ce sont 35 kilomètres de galeries - sur les 162 prévus - qui ont été percées. Quatre chantiers sont en cours pour la construction du tunnel de base, trois en France et un en Italie. Ils emploient actuellement 2 500 personnes. Un chiffre qui pourra monter jusqu'à 4 000 lors du pic des travaux. Le coût de l'ouvrage s'élève à 8,6 milliards d'euros, selon les annonces de 2012.

Si, pour les parties nationales de la ligne, le tracé et les accès sont connus côté Italie, ils restent en suspens pour les 140 kilomètres de la partie française. Plusieurs fois annoncée et repoussée, la décision du gouvernement continue de se faire attendre.

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