Lors d'une manifestation à Lyon, 3 personnes faisaient une chute de 5 mètres 60 dans une fosse à cause d'une grille d'aération mal scellée. Dix ans plus tard, les victimes, dont l'une est en fauteuil roulant, n'ont encore touché aucune indemnisation.
Cela fait 10 ans qu’elles réclament une indemnisation. En 2011 ans, trois salariés de la clinique mutualiste de la Loire participent à une manifestation à Lyon. Lors de la dispersion de la manif par des CRS, elles chutent de plus de 5 mètres à cause d'une grille d'aération mal scellée. L'une d'entre elles va rester paralysée. Qui est responsable? Et surtout qui doit payer? Toujours pas de réponse de la justice dix ans après. Elles racontent leur exaspération.
"L’accident, je ne m’en souviens pas" raconte Valérie Bouquet, accidentée lors d’une manifestation à Lyon il y a 10 ans. "Je ne me souviens que d’une chose, c’est dans le car qui nous amenait à la manif. Je me vois en train de discuter, de chanter, d’arriver à Lyon, d’être allée déjeuner et voilà". La vie de Valérie a basculé le 6 octobre 2011.
Ce jour-là, cette employée de la clinique mutualiste de St-Etienne part manifester à Lyon avec ses collègues. Des gaz lacrymogènes sont tirés, il y a un mouvement de foule. Une grille mal scellée s'effondre. Valérie et deux autres manifestantes tombent dans une fosse. Une chute de plus de 5 mètres. Valérie est aujourd’hui clouée dans un fauteuil roulant, "on s'est amusé à compter les agrafes sur mon corps, il y en avait plus de 50" s’amuse-t-elle.
Suite à sa chute, qui aurait pu être mortelle, Valérie est restée 2 mois et demi de coma et a subi de nombreuses interventions chirurgicales.
Dix ans de procédure et toujours dans l’attente
"J'ai de plus en plus de problèmes financiers notamment pour faire mes courses" explique Valérie qui précise que malgré la présence de ses auxiliaires de vie, c’est une galère au quotidien, "mes auxiliaires ne sont pas avec moi 24h/24."
La justice a bouclé l'an dernier le dossier d'instruction de cet accident. Mais le procès au pénal n'est pas encore fixé.
Quant aux indemnisations, les 3 victimes n'ont rien touché, dans ce dossier où il est difficile de désigner le responsable. "Pourquoi il est difficile de désigner le responsable ? Simplement parce qu’il y a énormément de contestation de part et d’autre" précise l’avocate de Valérie, maître Karine Thiébault. "La ville de Lyon s’estime non débitrice d’une obligation d’entretien et moins encore d’une obligation d’indemnisation. Et puis les parties privées, et particulièrement la société du groupe Eiffage qui aurait manipulé ces grilles et surtout stationné des éléments très lourds qui auraient contribué à les fragiliser, estime que sa responsabilité n’est pas engagée."
Condamnée il y a quelques mois par le tribunal administratif pour défaut de voirie, la ville de Lyon a fait appel. Les victimes, elles, voudraient rapidement passer à autre chose. "Moi je m’en fiche que ce soit la ville de Lyon ou quelqu’un d’autre", s’exclame Catherine Grizard, une autre victime « pourvu qu’on reconnaisse une vraie responsabilité. Et ce que je voudrais, c’est un dédommagement financier pour que je puisse, dans mon état, partir à la retraite à peu près sereine."
Pour le syndicat CGT, qui défend les 3 victimes de cette affaire, c'est en tout cas un exemple dramatique des lenteurs et du manque de personnel de la justice dans notre pays.