Si la décision politique concernant l'A 45 n'est pas encore arrêtée, le préfet de région Stéphane Bouillon teste actuellement des alternatives auprès des élus de la Loire et des décideurs. "Un travail pédagogique" qui ressemble fort à un ballon d'essai en cas d'abandon définitif du projet.
La décision est sans cesse repoussée et l'Etat réfléchit toujours, officiellement du moins, au projet d'une nouvelle autoroute entre Lyon et St Etienne. On attend encore "la loi de programmation des infrastructures" qui doit établir formellement les priorités des 10 ans à venir. Mais en coulisses, le préfet de région active ses réseaux avec méthode pour sonder le terrain . Comme s'il était mandaté pour préparer les esprits à une prochaine annonce politique.
Stéphane Bouillon avance auprès des élus des alternatives qui sont autant d'hypothèses plausibles au cas où le projet d'A 45 serait définitivement abandonné. Tout en se gardant bien de tenir pour acquis un arrêt du projet. "Il s'agit d'un travail pédagogique", nous précise-t-on à la préfecture de région.
"Un travail pédagogique"
Les conclusions du rapport Duron ont d'ores et déjà enterré le dossier : "Le Conseil d’orientation des infrastructures estime que le projet A45 continue de soulever de nombreuses interrogations dont celle de son arrivée sur l’agglomération lyonnaise où il risque d’aggraver la congestion déjà importante existante.
Il souligne que "l’amélioration des conditions de déplacements ne pourra pas se concrétiser dans de bonnes conditions sans un accord minimum entre les principaux acteurs des territoires concernés sur la ou les solutions à mettre en œuvre, accord qui manifestement n’existe pas aujourd’hui avec le projet A45 tel qu’il est." Les alternatives soumises à la ministre des transports envisagent plutôt "un débat public multimodal sur l''aménagement du noeud ferroviaire et des options de contournement routier de la métropole lyonnaise".
"Une solution acceptable par tous"
Le scénario privilégié par la préfecture de région correspond donc à celui du rapport Duron, pour qui "une solution acceptable par tous passerait par la combinaison de multiples solutions alternatives":
- Réaménagement de l'autoroute existante A47 et des itinéraires de délestage
- Amélioration de la liaison ferroviaire TER Lyon /St Etienne
- Construction d'un nouveau pont autoroutier à Givors
Ce deuxième pont sur le Rhône permettrait de dédoubler en amont la partie du trafic autoroutier qui transite entre l'A7 et l'A47. De telle sorte que les poids lourds qui circulent en vallée du Rhône ne ralentiraient plus la circulation sur cette bretelle accidentogène et déjà très engorgée.
Le scenario envisagé par le préfet Bouillon tournerait autour de 300 à 400 millions d' euros. Il prévoirait donc l'amélioration du réseau secondaire existant autour de Ternay. Il supposerait aussi la rénovation de la ligne ferroviaire Lyon /St Etienne pour 70 à 90 millions d 'euros. "Un investissement total de 400 millions d'euros, qui pourrait être mis en oeuvre d'ici 2025" et qui coïncide là encore avec les conclusions du rapport Duron. Autant dire qu'il apparaît dès aujourd'hui comme la piste la plus sérieuse avant un arbitrage politique ultime qui signerait la mort de l'A45.