Depuis le 3 mai 2021, le déconfinement est enclenché. Finies les restrictions de déplacement en journée, mais qu'en est-il des flâneries du week-end au milieu du bric-à-brac d'un marché aux puces ? Est-il possible de chiner dans une brocante ou d'organiser un vide-grenier ? #On VousRépond.
Peut-on organiser une brocante en respectant les gestes barrières, nous demande Guy, un habitant d'Auvergne-Rhône-Alpes. Et qu'en est-il de l'accès aux marchés aux puces depuis le 3 mai 2021, première date marquant le début du déconfinement ? La crise sanitaire Covid semble vouloir s'apaiser, les indicateurs de l'épidémie sont à la baisse partout en France. Mais attention, des mesures de restriction restent en vigueur, et ont de fortes chances de vous empêcher d'aller chiner.
Une brocante ? Un vide-grenier ?
La réponse à la question posée par Guy est relativement simple : organiser une brocante n'est toujours pas possible. Et pour le comprendre, il faut reprendre le calendrier en quatre étapes du déconfinement, initié par le président de la République. Depuis le 3 mai, seules les restrictions de déplacement en journée ont été levées. Vous pouvez sortir à plus de dix kilomètres de chez vous, changer de département et de région. En revanche, c'est le statu-quo en ce qui concerne les activités commerciales. Et surtout, les rassemblements en intérieur comme à l'extérieur.
Organiser une brocante ou un vide-grenier n'est donc pas envisageable avant, au moins, le 19 mai, date retenue pour une deuxième étape du déconfinement. Bon nombre de préfectures ont d'ailleurs "actualisé" leurs arrêtés et notes d'information aux administrés depuis qu'Emmanuel Macron a dévoilé son calendrier. Brocantes et vide-greniers restent interdits, notamment par crainte d'y voir des rassemblements de plus de six personnes (limite qui sera portée à dix le 19 mai). Il n'est donc absolument pas garanti que "les ventes au déballage" soient autorisées avant le mois de juin. Cela dépendra de la situation sanitaire dans chaque département.
Tenir ensemble. Pour nous retrouver. pic.twitter.com/AQms1lcqRY
— Élysée (@Elysee) April 29, 2021
Ceux qui se demandent s'ils peuvent aller vider le grenier et la maison d'un proche qui déménage ou qui est décédé, pas de problème. Tant que vous vous déplacez en journée, que vous ne constituez pas de groupe de plus de six personnes et que vous respectez le couvre-feu.
Flâner aux marchés aux puces ?
Chiner est dans l'air du temps. "Depuis le début de la crise Covid, les gens se sont recentrés sur leur chez-soi et ont envie de le redécorer, de lui apporter une touche vintage. Et c'est toutes générations confondues". C'est le gérant du deuxième marché aux puces de France (après celui de Saint-Ouen en région parisienne) qui dresse ce constat.
Installées aux portes de Lyon depuis 25 ans, les Puces du Canal comptabilisent 200 boutiques pérennes, et plusieurs centaines de places situées à l’extérieur, permettent d’y accueillir jusqu’à 600 marchands itinérants. Le marché est resté ouvert au début du troisième confinement. Stephan Blanchet, le gérant, explique que le lieu étant considéré comme un marché extérieur mixte, son ouverture était alors couverte par décret. Sauf qu'à la mi-avril les chiffres de l'épidémie Covid dans le département du Rhône, ont contraint la municipalité de Villeurbanne à en ordonner la fermeture.
Alors, à quand la possibilité de chiner en toute liberté aux Puces du Canal ou au marché de Saint-Ouen ? Là encore, ce qui est sûr, c'est que ce ne sera pas avant le 19 mai, deuxième étape programmée du déconfinement. Mais Stephan Blanchet dit travailler à la réouverture avec un protocole sanitaire, en concertation avec la mairie et la préfecture.
On veut tous respecter les règles sanitaires, mais tout le monde a aussi besoin de travailler. Un dimanche de belle affluence, on peut compter un millier de marchands. Ils ont besoin de bosser, beaucoup ne rentrent dans aucune case pour des aides.
Une réouverture le 19 mai 2021 ? C'est ce qu'espère Stephan Blanchet, tout en reconnaissant que les mentions inscrites au calendrier du déconfinement peuvent paraître contradictoires. Entre la réouverture de tous les commerces et une limite des rassemblements fixée à dix personnes, où sera la priorité ? Et si le marché aux puces doit attendre début juin ? "On sera contraint d'écouter, mais ce sera rude", confie le gérant. "Parce que les 1.000 marchands ont besoin de ça pour vivre et que l'on a plein de projets dans les cartons". En attendant, une opération "vide ta chambre" et vide-dressing est déjà programmée pour le 23 mai. "Je suis assez optimiste" sur le fait de pouvoir honorer ce rendez-vous, nous a confié le patron des Puces du Canal.
Et les bouquinistes ?
"Quand peut-on espérer pouvoir déballer en tant que bouquiniste sur les marchés en plein air dans la Drôme alors que toutes les librairies, maisons de la presse, rayon livres dans les supermarchés sont ouverts au public ?" (Crisdieu, Auvergne-Rhône-Alpes)
Nous nous sommes longuement penchés sur cette question. Surtout que les informations affichées publiquement sur le site internet de la préfecture de la Drôme semblent contradictoires. Ainsi, le "commerce de détail de livres" figure dans la liste des activités autorisées, selon une note de l'administration départementale. Mais dans une fiche de synthèse datant du 1er avril, il y a surtout cette mention : "les marchés ouverts ou couverts sur l’ensemble des communes du département sont limités aux seuls commerces alimentaires ou proposant la vente de plantes, fleurs, graines, engrais, semences et plants d’espèces fruitières ou légumières". Même si Crisdieu trouve cela totalement incohérent, pour l'heure il ne peut donc pas déballer ses bouquins sur le marché dans la Drôme. Il faut attendre l'éventuel assouplissement des règles sanitaires du 19 mai, correspondant à la réouverture annoncée de tous les commerces.
Mais attention, le syndicat de la librairie française nous l'a confirmé, les autorisations de reprise d'activité peuvent différer d'un département à l'autre. La preuve ? L'association Culturelle des Bouquinistes de Paris, elle, a obtenu gain de cause. "Nous avons argué du fait que les librairies étaient inscrites parmi les commerces essentiels et personne n'a contesté ce principe", explique Jérôme Callais.
En semaine, cela tient de la figuration. Et le week-end, du coup de poker.
Si une promenade de plus de trois kilomètres parmi les livres anciens ou contemporains est restée possible durant ce troisième confinement à Paris, Jérôme Callais ne crie pas pour autant victoire. La clientèle des bouquinistes est essentiellement "de passage", constituée notamment de touristes, aujourd'hui coincés dans leur pays du fait de la crise Covid. Des touristes étrangers qui, selon le calendrier de l'Élysée, pourront revenir en France à compter du 9 juin sous la condition d'un "pass sanitaire".