Jean Castex a douché tous les espoirs du secteur culturel en déclarant que "les règles doivent être les mêmes pour tous". Déjà très impactés depuis le début du déconfinement, les acteurs culturels de Lyon (Rhône) et Saint-Etienne (Loire) tentent de s'adapter en faisant bonne figure.
Avant de devenir ministre, Eric Dupont-Moretti déclarait: "Il faut en avaler des couleuvres pour faire de la politique". En ce vendredi, sa collègue Roselyne Bachelot en sait quelquechose. Le Premier ministre Jean Castex a douché ses espoirs d'un assouplissement du couvre-feu pour le monde culturel. Ce midi, il a affirmé que "les règles doivent être les mêmes pour tous". A Lyon (Rhône) et Saint-Etienne (Loire), les acteurs culturels ont désormais la tête dans leurs agendas.
Avancer décaler ou annuler?
C'est la question que doit se poser un programmateur de salle. Que ce soit au cinéma, pour un concert ou une pièce de théâtre. "Les séances en soirée sont celles qui fonctionnent le plus, notamment le week-end", fait remarquer Vincent Vialla du cinéma Le Majestic à Saint-Etienne. Il doit supprimer la dernière séance. "Nous allons subir de plein fouet la fermeture du soir, sachant que nous ne sommes pas dans une dynamique exceptionnelle. La fréquentation est en baisse" ajoute-t-il."Tenir bon, coûte que coûte"
L'équipe de la salle de concert de l'Epicerie Moderne à Feyzin "va tenir coûte que coûte". "Nous espérions ne plus être atteints après avoir travaillé pour ouvrir à la rentrée" nous fait savoir une responsable des relations presse. Fermeture du bar, abaissement de la jauge de 750 à 300 spectateurs pour les plus gros concerts et un nouveau travail de programmation ont déjà été faits. "Nous avons l'habitude de travailler avec des artistes étrangers et on a mis ça de côté. On privilégie le local en organisant des co-plateaux avec un plan de résidence d'artistes en amont pour faire travailler les groupes ensemble." Mais le public reste méfiant et attend le dernier moment pour réserver ses places. En novembre, c'est le gros de la programmation du trimestre qui est prévu. "Nous allons déplacer les concerts au samedi après-midi ou les avancer de 20h à 19h. Dans ce cas, il n'y aura pas de première partie". Et tant pis pour les artistes qui débutent ou veulent essayer leurs nouvelles compositions.Du côté des cafés-théâtres, la question de la provenance des spectateurs se pose. "Nous allons avancer nos spectacles de 20h30 à 19h, en espérant qu'avec un spectacle d'1h20, les spectateurs auront le temps de rentrer. Beaucoup viennent de l'extérieur de Lyon, par exemple de Villefranche" note l'un des membres de l'équipe du café-théâtre Le Complexe à la Croix-Rousse. Dans cette salle aussi, le bar a dû fermer. "On navigue à vue, on reste comme ça jusqu'à la semaine prochaine."
Les optimistes
Même si leur milieu est fortement malmené par l'épidémie, quelques acteurs restent optimistes. "C'est l'occasion de montrer notre capacité d'innovation, d'adaptation et d'imaginaire" s'enthousiasme Maurice Galland, directeur du Théâtre libre à Saint-Etienne qui décalera aussi les trois coups. "Le Théâtre libre poursuit sa programmation et nous jouerons à 19h et parfois même les dimanches pour les spectateurs les plus éloignés."
Même tranquillité pour le directeur du Radiant Bellevue à Caluire-et-Cuire (Rhône) qui se sent soutenu. "Il faut être honnête, le gouvernement répond vraiment présent pour le spectacle vivant. Nous avons beaucoup d'aides et de choses qui se mettent en place. Il étudie les choses avec beaucoup d'attention tout en étant rapide et efficace." Voilà au moins une voix dissonante dans ce monde en crise, même si la programmation de la salle sera chamboulée. "Tous les spectacles de plus de 2h seront annulés et nous décalerons tout ce qui peut l'être. Et nous annulerons si les artistes ne le peuvent pas" précise Victor Bosch.
Optimiste ou pas, le secteur de la culture s'active, sans réelle perspective d'avenir.