PHOTOS. La "Fête des lumières" de Turin démarre : découvrez les plus belles illuminations de la capitale du Piémont

C'est le 25 octobre à 18 heures qu'a été donné le coup d'envoi de la 27e édition des Luci d'Artista de Turin. La manifestation qui, à ses débuts, éclairait les fêtes de fin d'année grâce à une poignée d'œuvres lumineuses, inonde désormais la capitale du Piémont de lumières d'artistes qui font rayonner l'art contemporain.

"En permettant à Turin de se raconter à travers l'art contemporain, les Luci d’Artista ont donné un nouveau visage à la ville". À l'heure où, pour la 27e année consécutive, le ciel de la capitale du Piémont se transforme en une gigantesque œuvre d'art lumineuse et collective, Rosanna Purchia, l'adjointe au maire chargée de la culture, peut mesurer le chemin parcouru.

Un musée de lumières à ciel ouvert

"Turin a eu le privilège d'avoir le premier musée d'art moderne d'Italie [La Galeria d'Arte Moderna e Contemporanea, créée en 1863, NDLR]. Mais ce sont les Luci d'Artista qui ont révélé de façon éclatante cette vocation et alimenté, au fil des décennies, son âme culturelle", se félicite l'élue.

Qu'il semble loin le Noël 1997 lorsque, las de payer seuls les illuminations, les commerçants turinois demandèrent à la ville de participer aux frais. D'où l'idée de l'adjoint au maire de l'époque de commander à des artistes des œuvres de lumière, réutilisables d'année en année.

En toute logique, c'est donc un "Presepe" (une crèche) qui restera dans l'histoire comme la première œuvre commandée spécialement pour les Luci d'Artista. "Qui ne s'appelleront ainsi qu'à partir de 2001", écrit Roby sur son blog, un Turinois qui, appareil photo en main, n'a manqué aucune des éditions de cette fête des lumières à la turinoise.

Dès 1998, le succès public rencontré par l'installation lumineuse réalisée par le scénographe génois Emanuele Luzzati pousse la mairie à reconduire l'opération. En lui donnant de l'ampleur. Cette fois, c'est à 14 artistes qu'est confiée la mission d'illuminer, avec leurs messages artistiques, 20 kilomètres de rues et places : 50 kilomètres de "tissu urbain" au total.

Au fil des années, bien d'autres artistes italiens (Mario Metz, Enrico de Paris, Nicola De Maria, etc.) et étrangers (Rebecca Horn, Daniel Buren, etc.) rejoindront le ballet des lumières de Noël dans le ciel turinois, donnant à la ville un éclat sans pareil. Et aux habitants un émerveillement à chaque tombée de la nuit.

Des lumières vagabondes

"Ce sont des lumières vagabondes", explique Roby. "Elles aiment changer de rue, de place chaque année. Quelques-unes sont plus sédentaires comme 'I Piccoli spiriti blu' [Les petits esprits bleus, NDLR] de Rebecca Horn, toujours installée sur la colline du Monte des Cappucini qui domine Turin, ou 'Amare le Differenze' [Aimer les différences, NDLR] de Michelangelo Pistoletto qui, chaque année, illumine le marché de Porta Palazzo. Mais quand elles reviennent, la ville devient un grand musée à ciel ouvert."

Un retour qui fait de nombreux heureux, désormais. Venus de l'Italie et de plus en plus du monde entier, les Luci d'Artista ont contribué à faire de la capitale du Piémont une destination de prisée pour les fêtes de fin d'année. 

Le Noël 2024 ne devrait pas faire exception. Et le début 2025 non plus, marqué à Turin par l'accueil des FISU World University Games Winter, les Jeux olympiques universitaires. L'une des deux nouvelles lumières présentées cette année, "VR Man" de l'artiste grec Andreas Angelidakis, a d'ailleurs été réalisée pour cette occasion et avec le soutien du comité d'organisation.

"Un géant fait de lumière a atterri à Turin", explique la fiche explicative de l'œuvre. "Une cariatide moderne ? Un minotaure ?" Une référence, à coup sûr, aux Jeux olympiques de la Grèce antique.

"Rien d'étonnant à cette collaboration avec le monde sportif", explique-t-on à la direction de la manifestation. "Luci d’Artista a démontré sa vocation à instaurer des rapports toujours plus importants avec les grandes institutions culturelles ou les grands événements qui marquent la vie turinoise. Cette nouvelle œuvre artistique entre donc cette année dans notre grande collection de lumières, et sera reproposée au public à l'avenir". 

Des lumières turinoises jusqu'à Lyon

C'est justement parce que les lumières de la manifestation doivent arriver partout que le programme baptisé Accademia della luce (Académie de la lumière) va, à partir de cette édition, augmenter son rayon d'action.

Un programme qui, depuis 2018, grâce à des actions éducatives pour le grand public, fait entrer l'art de la lumière dans la plupart des institutions culturelles de la ville. Avec ses œuvres lumineuses comme cheval de Troie pour investir l'univers de l'art contemporain, Luci d'Artista propose désormais, jusqu'au solstice d'été de juin 2025, toute une série de rencontres avec des artistes, conférences, visites guidées aux quatre coins de la cité.

Des collaborations à 360 degrés avec tous les acteurs de la culture qui ne pouvait manquer d'intéresser côté français. A fortiori avec la ville des frères Lumière. 

En septembre dernier, lors d'une conférence de presse commune à Turin, Rosanna Purchia et Audrey Hénocque, les adjointes à la culture aux maires de Turin et de Lyon, ont annoncé la création d'une nouvelle œuvre lumineuse qui sera exposée en alternance à Turin pour le Luci d'Artista, et à Lyon dans le cadre de la Fête des Lumières. Un coup de projecteur qui illumine une collaboration comprenant également de nombreuses autres actions en commun dans le domaine de la musique et de la danse.