Une vente aux enchères "exceptionnelle" se déroule près de Genève ce dimanche. Plus de vingt voitures ayant appartenu au vice-président équato-guinéen Teodorin Obiang sont mises en vente après avoir été saisies par la justice suisse.
Vingt-cinq bolides d'une valeur totale d'au moins 18,5 millions de francs suisses (plus de 17 millions d'euros) sont mis aux enchères dimanche 29 septembre en Suisse. Une grosse somme qui va être récoltée après une saisie opérée par la justice de Genève dans le cadre d'une enquête pour blanchiment d'argent visant le fils du président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang.
"C'est une vente exceptionnelle, commente Philip Kantor, directeur du département Automobiles Europe de la maison britannique Bonhams, qui organise les enchères. C'est une collection privée de supercars, avec des kilométrages extrêmement limités, parfois de livraison." La vente se déroule dans un club de golf proche de Genève.
Dans le détail, sept Ferrari, trois Lamborghini, cinq Bentley, une Maserati et une McLaren sont parmi les véhicules mis aux enchères. Les lots les plus chers sont deux hypercars dévoilées au salon de l'automobile de Genève en 2013 : une Lamborghini Veneno Roadster blanc cassé, évaluée entre 4,8 et 5,7 millions d'euros, et une Ferrari jaune hybride, estimée entre 2,4 et 2,6 millions d'euros.
Qu'ils soient rouges, blancs ou jaunes, tous ces bolides ont en commun d'avoir appartenu au vice-président de la Guinée équatoriale. Dans ce petit pays pétrolier, où sévit l'une des plus graves corruptions au monde selon Transparency International, une grande partie de la population vit encore dans la pauvreté.
Au profit d'un programme à caractère social
Ces voitures ont également en commun d'avoir été confisquées par la justice genevoise après l'ouverture en 2016 d'une procédure pénale à l'encontre de Teodorin Obiang, et de deux autres personnes, pour "blanchiment d'argent et gestion déloyale des intérêts publics".
La procédure a finalement été classé en février, la justice genevoise et les autorités équato-guinéennes s'étant mis d'accord pour que les voitures soient vendues et que le produit de la vente soit affecté à un programme à caractère social en Guinée équatoriale. Le pays a aussi accepté de verser à Genève 1,3 million de francs suisses, soit 1,4 million d'euros, pour couvrir notamment les frais de procédure.
Cet Etat d'Afrique centrale est dirigé depuis 40 ans par le président Teodoro Obiang Nguema, 77 ans. Selon les observateurs de la vie politique équato-guinéenne, Teodorin Obiang, connu pour ses extravagances et son train de vie somptueux, est voué à succéder à son père.
Il a été condamné en 2017 à Paris à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d'euros d'amende pour s'être frauduleusement bâti en France un patrimoine considérable (hôtel particulier parisien, voitures de course et de luxe, costumes de marque par dizaines, jets privés...) dans l'affaire dite des "biens mal acquis", jugement dont il a fait appel.
Mécontentements sur les estimations
Toutes ses voitures sont proposées sans "prix de réserve", c'est-à-dire sans enchère minimum, ce qui n'a pas été du goût du constructeur suédois Koenigsegg. Selon lui, la Koenigsegg One bleu et noir carbone, estimée entre 1,7 et 2,1 millions d'euros, et dont il n'existe que six exemplaires vaut "deux fois plus que l'estimation maximale". La Guinée équatoriale a également fait part de son mécontentement, et tenté ces derniers jours de faire suspendre la vente aux enchères. Ce à quoi la justice genevoise s'est opposée.
"De l'avis d'experts, il nous paraissait que le prix de la vente serait plus élevé lors de ventes privées avec des collectionneurs et des professionnels de la branche qui recherchent ce type" de véhicules, a expliqué l'avocat de la Guinée équatoriale, Shahram Dini. Pour Philip Kantor qui organise les enchères "c'est le marché qui doit décider combien vaut un véhicule".