Au pied du Massif du Sancy, sur la commune de Picherande (63), une famille s'affaire depuis 6 ans à bâtir pierre après pierre un château d'inspiration médiévale. Trois générations sont à l'oeuvre sur ce projet hors normes.
Sur la route de montagne prés de Picherande (63), un chantier interpelle l'automobiliste au loin. Une grue, des murs de pierre ... En s'approchant (mais pas trop ... c'est une propriété privée), pas de doute : un château est en construction sur le piton rocheux.
Cela fait six ans que Paul Chazal s'est lancé dans cette entreprise hors normes. Du haut de ses 78 ans, il vit nuit et jour sur le chantier depuis le début des travaux. Jean-Paul, le fils de Paul, aide son père sur le chantier : "quand on a fait le permis de construire, on n'avait pas de plans. On n'avait pas d'écrit. On a terrassé, et avec l'architecte, on a découvert qu'il y avait une partie de donjon, une partie de grande salle à manger et une partie de salle d'armes. On n'a pas d'autres traces, ni documents, ni dessins … En 1810, quand Napoléon a commencé de faire les plans cadastraux, c'était déjà déclaré comme une ruine."
Une tour de guet et un donjon de 13 mètres
Aujourd'hui, la tour de guet est en place, adossée à un donjon haut de 13 mètres. Les meurtrières donnent déjà à la bâtisse son aspect médiéval. Les créneaux, ça sera pour le mois prochain, si la météo le veut bien. Perché sur son rocher, le chantier est ouvert aux quatre vents. Mais quand le temps se gâte, les hommes battent rarement en retraite."Rien ne m'arrête !" s'exclame Paul Chazal. "Il faut le faire, alors on le fait. Quand on a fait les dalles, on a travaillé toute la nuit, et il faisait froid ! Des copains sont venus nous aider, et ils demandaient "on arrête ?" Mais on n'a pas arrêté."
Ce chantier, c'est une école du devoir où le goût de l'effort s'apprend dès le plus jeune âge. Paul, 13 ans, est le fils de Jean-Paul et petit-fils de Paul. A 6 ans, il conduisait déjà la pelle-mécanique. Le calcul est simple : il a déjà 7 ans de métier derrière lui. "Je fais tout, comme un couteau suisse ! On fait du béton, les blocs, la manutention avec la grue, la chargeuse, la pelle !" Et quand on lui demande si il réalise le travail sur lequel il s'est engagé, il répond que oui et surtout qu'il est heureux de participer à l'entreprise.
La fin des travaux prévue dans 4 ans
Dans le pays, le projet est parfois vu avec circonspection ... "Peut-être bien qu'on est un peu fous …" concède Jean-Paul. "Il y a des moments, on se demande … même moi, je me demande parfois si je suis pas fou !"La famille Chazal s'est donné 4 ans pour achever le travail et faire taire les sceptiques. Rendez-vous donc en 2019, à l'heure où les premiers visiteurs devraient investir les futures chambres d'hôtes du château.