J'ai testé pour vous : acheter des colis perdus dans une boutique éphémère pour Noël

À l'approche des festivités de Noël, des boutiques éphémères de vente de colis perdus essaiment dans les galeries commerciales ou les sorties des hypermarchés. Un concept expérimenté à Reims (Marne), ce jeudi 19 décembre 2024.

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C'est comme un ticket à gratter, mais dans un colis. À Reims (Marne), c'est la cinquième fois que la galerie commerciale d'Erlon accueille "Perdu ou pas", une boutique éphémère proposant la vente de colis jamais livrés. 

Ce jeudi 19 décembre 2024, nombreuses étaient les personnes à s'y presser en quête d'un objet plus coûteux que le prix d'achat du colis. Celui-ci est de trois euros les cent grammes (soit 30 euros le kilo), l'achat d'un kilo de colis donnant droit à un ticket tombola.

Pour expliquer le concept, la télévision de France 3 Champagne-Ardenne s'y était essayée (dans les Ardennes). Cette fois-ci, c'est au tour de notre site Internet.

Je contourne un petit sapin de Noël très étincelant et retrouve Clément Lepinay au comptoir. Il n'en est plus à son coup d'essai et connaît son sujet. L'idée lui est venue en apercevant "un stand" du même acabit ailleurs. Il vient d'Île-de-France, mais "se déplace un peu partout" : il n'est pas en territoire inconnu à Reims, où l'affaire marche bien. "Je me suis dit que ce serait pas mal de faire la même chose. On s'est renseigné, on a monté la société, on a acheté de la marchandise, et on a commencé des petits stands dans des galeries. Ça a continué..."

Colis perdus et tickets de tombola

Autour de nous, plusieurs personnes conseillent les clientes et clients, essayant de les pousser à essayer le concept. L'une d'elle pèse soigneusement les colis sur une balance électronique lors de l'achat. L'individu qui achète voit la masse affichée, et le prix correspondant directement. Il y a une grosse urne transparente à côté, qui contient de nombreux tickets de tombola.

 

"On fera un tirage au sort à la fin du mois. Pour un kilo d'achat, on donne un ticket de tombola. Il y a la possibilité d'être tiré au sort pour remporter plus de 50 lots : deux petites voitures d'enfant, télévision, enceinte connectée, Switch, peluches Disney, des appareils-photos et un téléphone, une tablette..."

Les lots à gagner, coûteux, ont été achetés : ils ne viennent pas des colis égarés. "C'est pour donner envie d'acheter... et faire des gagnants, tout simplement." Pour ce faire, il faudra faire acte de présence le samedi 28 décembre, à 14h00 précises.

Emplacement stratégique

Pour faire connaître son existence, il a fallu faire preuve de communication. Les réseaux sociaux ont été bien pratiques. Ainsi que la page Facebook de la galerie commerciale (voir ci-dessous).

"Perdu ou pas" a été proposé à la direction de la galerie. La location de la cellule commerciale revient entre 1 500 et 2 000 euros pour le mois.

"On est mieux placé cette fois", ajoute Clément Lepinay. La galerie n'est pas la plus fréquentée du centre-ville et de nombreuses cellules commerciales restent vides (mais pas celle qui accueillait les expositions de Lego).

Mais il est vrai que certaines enseignes attirent du monde qui passe devant les montagnes de colis. En témoignent les 200 tickets de tombola dans l'urne (un ticket pour un kilo acheté). "Il y a eu bien plus de monde : tout le monde n'achète pas un kilo." (voir emplacement du magasin sur la carte ci-dessous)

C'est une aubaine : "c'est autorisé car ce n'est pas illégal, il n'y a pas d'interdiction. Une loi est passée en 2022 pour interdire la destruction des colis perdus", prend soin de préciser le gérant. "À partir de là, il y a eu l'idée de les racheter au poids, en grande quantité, puis de les revendre en petite quantité."

"Les frais de livraison des colis sont si chers que les sociétés de logistique gardent les colis. Et comme elles n'en ont rien à faire..." Les voilà revendus, puisqu'ils ne peuvent plus être détruits.

Surprise, comme au Loto

Si la question est souvent posée, la réponse reste toujours la même : impossible de savoir à l'avance ce qu'il y a là-dedans. "Il peut y avoir de tout à l'intérieur. On a eu des gens qui ont [trouvé] des montres connectées, des smartphones, des vêtements de marque."

"Même sans avoir eu ça, des gens reviennent nous voir pour nous dire que ce qu'ils ont trouvé est cool. Il y a aussi eu des choses originales : des jouets pour adultes, des trucs comme ça... Faut pas l'offrir à mamie." 

Il y a aussi eu des jouets pour adultes... Faut pas l'offrir à mamie.

Clément Lepinay, gérant de Perdu ou pas

Bien sûr, "les adresses sont masquées. Les personnes qui devaient les recevoir ont été remboursées." La précision est importante. 

On voit d'ailleurs souvent les étiquettes arrachées, quand elles ne sont pas recouvertes de marqueur noir. Certains colis comportent même des écritures dans des langues étrangères, faisant penser que les destinataires originaux vivaient en Europe centrale ou de l'Est, pas en France. "Ici, les articles viennent de plates-formes de marketplace étrangères, par exemple Temu ou AliExpress. Ce sont aussi parfois des sites de marques : on a déjà eu des produits de marques."

C'est l'heure pour moi de m'essayer à l'exercice. On me conseille de ne pas hésiter à toucher la marchandise, la palper, voire la secouer. Par contre, défense d'ouvrir...

Les boîtes peuvent être prometteuses. "C'est souvent ce qu'il y a de mieux." Celles de chaussures peuvent promettre de la marque comme du tout-venant, même si je ne m'attends guère à des Louboutin. 

Des gens amusés, d'autres circonspects

Ma voisine et moi farfouillons dans la grande pile centrale, là où certains cadeaux sont enrubannés de papier-cadeau chatoyant. Elle s'appelle Kemmel et c'est sa première fois. "J'ai peur de tomber sur quelque chose d'inutile..." Elle hésite. Et secoue une boîte. "Tiens, des chaussures ?" Elle n'a pas l'air convaincue, mais paraît quand même s'amuser.

Finalement, elle s'en va faire peser son acquisition et la payer (21,60 euros). Et déballe sous nos yeux (ébahis)... un long blouson, avec un aspect un peu cuir. Elle semble très satisfaite et file.

Derrière elle, voilà qu'un certain Mathieu me hèle : il me pose plein de questions sur le fonctionnement de cette boutique de colis perdus. Il s'avère finalement qu'il a cru que je faisais partie des employés. "Dîtes, il y a du monde. C'est quand même bizarre comme principe." Il finit par s'en aller sans rien avoir acheté. 

C'est aussi le cas d'une petite famille. L'adolescent du groupe essaye de convaincre ses parents, mais la mère, inflexible, lui répond vertement "qu'il faut qu'il arrête ses conneries", pour la citer avec justesse. La magie de Noël ne ruisselle pas sur tout le monde, il faut croire.

Pendant ce temps, Clément Lepinay, toujours au comptoir, s'explique avec animation auprès d'un client. "Non, je ne peux pas vous dire ce que c'est dedans. Il ne faut pas l'acheter en espérant y trouver quelque chose en particulier. C'est exactement comme un ticket à gratter : vous ne savez pas à l'avance combien vous allez gagner, non ?" Un argument qui fait mouche : d'autres clientes et clients font leur entrée dans la petite boutique.

Place à l'ouverture

De mon côté, j'hésite. Je m'approche d'une autre table, couverte de colis blancs rectangulaires. Trouver des chaussures y est assuré, alors le tarif spécial est de 20 euros le kilo au lieu de 30... Mais je n'ai que faire de chaussures, et je jette finalement mon dévolu sur deux boîtes qui font un bruit particulièrement satisfaisant quand on les secoue : s'agirait-il de Lego ou de Playmobil, une grande passion ?

Je règle mes deux acquisitions pour 50 euros, et j'ai droit à mon ticket de tombola. Puis je retourne à la rédaction à vélo, en tentant de ne pas perdre les colis en route : ce serait bête d'égarer un colis déjà égaré. Une fois sur place, j'ai un peu de peine à ouvrir : c'est rudement bien emballé. Mon collègue, un journaliste reporter d'image (JRI), et éminent photographe, insiste pour immortaliser l'instant, et me donne un coup de main.

Après un déballage homérique, voilà que je me retrouve avec une petite pelleteuse radio-commandée (c'est bien un jouet, mais pas celui auquel je m'attendais). Un mot en allemand y est joint : il semblerait que l'appareil était renvoyé pour erreur de commande, et que celle-ci avait coûté 65 euros : ce serait donc largement rentabilisé.

Et ensuite, voici non pas une, mais deux débroussailleuses de jardin. Maintenant, reste à trouver le jardin. Leur découverte aura fait sensation (à retrouver dans la vidéo ci-dessous, à noter que le deuxième colis ne fait pas quatre kilos, c'est une erreur).

durée de la vidéo : 00h03mn39s
Déballage de deux colis égarés à Reims. ©Xavier Claeys, France Télévision

Malgré la concurrence du marché de Noël de Reims, à quelques dizaines de mètres, la boutique éphémère a prévu une centaine de kilos de colis égarés pour ses quatre semaines d'activité (du lundi 2 au samedi 28 décembre). Si l'affluence se poursuit, il n'y en aura peut-être pas pour tout le monde.

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